Ernesto: A Quick RPG
7.1
Ernesto: A Quick RPG

Jeu de Daniel Benmergui (2013Navigateur)

Critique publiée sur ArtZone Chronicles.


En parallèle au développement de Storyteller, récompensé à l'Independent Games Festival en 2012, Daniel Benmergui lance celui d'Ernesto, un RPG qui s'annonce comme un puzzle game assez simple et labyrinthique. En préambule de cette production promise, nous avons la chance de pouvoir essayer gratuitement (http://www.kongregate.com/fr/games/danielben/ernesto-a-quick-rpg) ce qui semble être la version quick de ce jeu, dans lequel on retrouvera sans doute des sensations similaires.


C'est après avoir essayé Today I Die et remonté le temps sur les jeux précédents de l'auteur que je me suis lancé dans celui-ci, qui promettait d'être aussi court que les autres, mais dont le titre laissait entrevoir un autre potentiel. Le RPG allait-il s'axer sur une certaine poésie et une narration simple et directe comme dans les précédents ? Ou le gameplay allait-il prendre le pas sur l'atmosphère développée depuis Today I Die ? Ou carrément, allait-on se retrouver devant quelque chose de très différent, à une visée plus ambitieuse. Le titre laissait promettre que non, et en effet dès les premiers visuels on est face à l'univers que développe depuis quelques jeux Daniel Benmergui : du pixel en veux-tu en voilà, gentiment rétro et qui apportait parfois une esthétique particulière. Ici rien de tel, si ce n'est que cela rappelle de doux souvenirs, le choix de tels visuels pour du dungeon crawling gratuit s'est généralisé depuis quelques années et n'est donc plus très original.


Comme souvent dans les jeux de l'auteur, nulle indication n'est présente pour donner le but du jeu, mais elle n'est pas nécessaire, tant cela est intuitif. On commence en promenant le curseur sur ce qui semble une carte d'un donjon très typé médiéval-fantastique. Autant l'avouer, on ne lit que peu ce qui est inscrit sur les items. On comprend qu'il faut aller d'un porte à l'autre, et que l'on progresse de case en case. Et sur quatre étages qui seront autant de compositions aléatoires (seul le dernier ne l'est pas), on se déplace de case en case, éliminant des monstres, regagnant de la vie, se soignant du poison, obtenant quelques armes spéciales... Du très classique dans le genre, avec les petits pièges qui vont bien, qui peuvent être révélés ou désactivés mais qui utilisent aussi le mécanisme ludique du "stop ou encore" stimulant la prise de risque. L'élimination apporte des points d'expérience qui seront bien utiles lors de l'accès aux niveaux supérieurs : sortir vivant de chaque étage est insuffisant, il faut se stuffer et gagner du level pour optimiser ses chances de victoire.


Si l'aspect poétique ou narratif de certains des jeux de Daniel Benmergui est ici absent, on découvre une nouvelle sensation dans son univers, l'addiction. Ernesto se classe dans la grande lignée des die and retry, et on enchaîne les parties avec frénésie, jusqu'à arriver au bout du jeu... La partie réussie se finit effectivement en dix minutes maximum, mais on a plus tendance à relancer la chose que dans les autres jeux de l'auteur, conséquence d'un gameplay qui prend le pas sur l'atmosphère et l'univers. Un peu comme dans un démineur, on peut cogiter un peu en cherchant la voie parfaite pour optimiser à fond chacun des niveaux (sachant qu'il y aura parfois du hasard qu'on ne pourra contrôler du fait de la disposition des cases), ou y aller à l'arrache en espérant ne pas faire trop de bourdes. En général, c'est un mélange des deux, on ne veut pas trop passer du temps à tout analyser, mais en même temps les échecs pour des âneries de base agacent donc on réfléchit un minimum.


Ernesto : A Quick RPG est donc un jeu gratuit que l'on ne peut que recommander, et cela pour des raisons différentes que pour les autres jeux de Daniel Benmergui. Là où ses autres jeux valaient le coup pour une forme de narration un peu poétique, c'est ici le pur mécanisme que l'on conseille, on commence et on ne s'arrête plus. Reste à souhaiter que la pureté de ce système ne soit pas embourbée dans le jeu final, qui promet de rester dans la même veine. On espère aussi que Benmergui parviendra à apporter un peu de sa poésie dans ce système pour marier à la perfection gameplay et narration, et ainsi arriver à poser une pierre dans sa ludographie.


(*) : https://www.youtube.com/watch?v=CTt1vk9nM9c

Flavinours
7
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le 30 nov. 2015

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Flavien M

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