Le cousin un peu attardé de Duke Nukem
De nos jours, les FPS proposent des campagnes solo ultra-scriptées ou, au contraire, des mondes ouverts favorisant les combats tactiques... Mais cela n'a pas toujours été ainsi. Autrefois, des ennemis à l’IA de pois-chiche ne pouvaient compter que sur leur agressivité pour vous réduire en miettes, au détour d'un couloir labyrinthique. Déjà un peu ringard à sa sortie en 1996, Exhumed s'adresse désormais aux rares amateurs d’ALT-strafing et de mythologie égyptienne...
Exhumed, c'est d'abord un scénario de série Z. Ça commence à la fin du XXe siècle avec une attaque extraterrestre sur l'ancienne cité égyptienne de Karnak (à ne pas confondre avec Carnac, petite commune bretonne qui peut n'enorgueillir de quelque 3000 menhirs). Un joli bazar. Du coup, des soldats d'élite sont envoyés sur place faire le ménage mais, manque de pot, leur hélico se crashe. Vous êtes le seul rescapé. Armé de votre fidèle machette, vous voilà prêt à en découdre. Évidemment, tout ceci n'est qu'un prétexte pour catapulter le joueur dans un univers exotique peuplé d'aliens à têtes d'Anubis.
Le souci, c'est qu'Exhumed est sorti après un certain Duke Nukem 3D, qui lui est en tous points supérieur. Lance-flammes d'un côté ? Lance-glace de l'autre. Power-up d'invisibilité ? Hologramme portatif. Danseuses voilées? Strip-teaseuses vénales. Vous voyez le tableau. Sinon, les deux FPS partagent le même moteur graphique (Build engine), à peu près la même voix badass proférant des insultes à tire-larigot et le même maniement rigide au clavier. Les habitués se sentiront à la maison.
Au fond, le gameplay d'Exhumed se montre presque identique à celui de Doom, son ancêtre de 1993. Plutôt vastes et bien construits, les niveaux ne sont finalement qu'une succession d'interrupteurs, de clés et de portes, le tout agrémenté de quelques timides passages secrets. Et de séquences "plates-formes" au-dessus de la lave (dont on se serait bien passé car, non, il n'y a évidemment pas de quicksaves, seulement des checkpoints avec respawns limités). Le fait que les power-ups – invincibilité, respiration aquatique, boost de dégâts... – peuvent se stocker et nécessitent du mana n'apporte finalement pas grand-chose.
Reste l'arsenal. Outre les classiques – pistolet, mitraillette, grenade... –, quelques curiosités ont été implantées : sceptre-serpent, main-éclair et... c'est tout. Au total : sept armes. Elles s'avèrent vraiment complémentaires dans leur utilisation mais bon, ça fait pas lourd. Plus enthousiasmant, le bestiaire se montre assez inventif (à votre avis, à quoi ressemble la déesse Bastet en mode E.T. ?) et particulièrement casse-bonbons, la palme revenant aux guêpes géantes. Attention, l'exposition prolongée au bruit caractéristique de leurs ailes peut rendre schizophrène et paranoïaque. Quelques boss ponctuent l'aventure, sans constituer de véritable challenge. Si la visée assistée simplifie quelque peu la tache au quotidien, elle rend impossible tout tir de précision. Pénible lorsque l'on souhaite dégommer un vase explosif derrière un groupe de momies.
Comparable à une promenade de santé durant les premières heures, Exhumed se corse sacrément dans la seconde moitié de sa campagne, quand les munitions et les "vies" de rechange se font plus rares. Terminez un niveau sans cartouches avec une seule "vie" et le suivant pourrait bien se changer en cauchemar, puisque débutant dans les mêmes conditions. Petite consolation, la possibilité de recommencer n'importe quel niveau terminé, indéfiniment. Si un stage se boucle généralement en 20 ou 30 minutes, certains risquent de vous donner du fil à retordre pendant une ou deux heures... Riche de vingt chapitres, la campagne solo tient donc en haleine. Appréciable, surtout en l'absence de mode multi ou de statistiques de fin de niveau (les secrets ne sont pas comptabilisés, dommage).
Exhumed ne marquera pas l'histoire du FPS. Bourrin mais exigeant, il requiert un certain degré de masochisme pour être apprécié. Les fans de shooters à l'ancienne y verront une alternative potable au sacro-saint Duke Nukem 3D. Anecdote amusante, le jeu est sorti aux States sous le nom de Powerslave, en hommage au disque d'Iron Maiden. Pas sûr que les Britanniques assument la parenté...