Here come the men in black
J'ai une mince carrière de gamer... oui, "mince", parce que ma môman elle voulait pas que j'aie des consoles de jeux. Alors pour tenter de garder la côte auprès des copains qui parlaient en permanence de cartouches (je soupçonne même certains d'être tombés amoureux de leur super nes), j'essayais tant bien que mal de squatter chez eux le samedi après-midi et de manipuler de folles manettes ergonomiques portant un nombre incroyable de boutons.
L'exception à la règle fut les ordinateurs où, à l'époque, on leur supposait une dimension autrement plus éducative. Haha.
J'ai donc grandi avec un Atari 520 ST. "Oui m'man je travaille sur l'ordi !" m'exclamai-je, depuis ma chambre, en lançant des applications pédagogiques (Rick Dangerous, Speedball) ou parfois des logiciels de bureautique (le fameux tableur Shufflepuck Cafe, l'éditeur de texte Silkworm), voire même l'énigmatique Exterminator.
BREF. Revenons à nos moutons. Dans ma mince carrière de gamer, Exterminator me laisse le souvenir d'un jeu dégueulasse, peut-être l'un des plus crades auquel j'ai joué. Vous incarnez la main d'un dératiseur, et de maison en maison, de pièce en pièce, vous allez débarrasser les HLM de la famille Padbol de toutes les bestioles qui infestent leur quartier pourri. Ainsi vous vous frayerez un chemin sinueux, aplatissant une araignée du poing à la cuisine, écrasant un bourdon dans votre paume dans la chambre, tirant même parfois sur des rats à boulets rouges.
Malgré tout, pas d'effusions de sang, pas de jus d'insectes qui éclabousse, pas de bruit franchement évocateur. Rien de bien méchant, si ce n'est la "musique" qui prend la tête. Seulement voilà, ma jeunesse innocente et craintive m'a fait hésiter à relancer cet ovni du jeu vidéo pendant un certain temps.
Depuis, par défi et pour combattre mes peurs enfantines, j'ai pris l'habitude de stocker moult bouteilles de vin à la cave, sans quoi je n'oserais plus jamais y descendre.