Après F.E.A.R. 1 se terminant sur une fin appelant à une suite directe, c’est une extension qui se propose un an plus tard pour en assumer la tâche mais surtout développée par TimeGate Studio et non plus Monolith Production. N’ayant alors que peu de jeux à leur actif, en dehors des méconnus jeux de stratégie en temps réel Kohan, on pouvait légitimement craindre pour l’avenir de la licence horrifique encore jeune. Mais rien est impossible, l’histoire du jeu vidéo ne manque pas de développeurs inexpérimentés dans un domaine réussir du premier coup, voire y briller.
Autant le dire tout de suite, le studio a opté pour l’option facile, mais probablement pour le mieux, de reprendre très fidèlement le game-design du jeu original pour en proposer une version sensiblement différente / améliorée par endroits. On alterne entre des fusillades très classiques, toujours aussi diaboliquement efficaces pour les mêmes raisons, et quelques phases plus bourrinnes avec de gros ennemis et de grosses armes pour y faire face par exemple. On a toujours pas droit à des boss, à des phases de plates-formes ou de réflexion pour réellement s’écarter de la situation de jeu principale, c’est un parti pris qui se répète de façon assez attendue pour une extension et non une suite.
L’arsenal s’est un petit peu enrichi avec les tourelles automatiques à fixer sur une paroi, des phases d’embuscade à tendre s’y prêtent particulièrement bien, le fusil laser ou encore le minigun qui permettent de changer un peu de temps à autre même si le style de jeu n’en est que peu impacté... Une variante des ennemis invisibles frappant au corps-à-corps qui ne se dissimule pas tout à fait de la même manière et invite davantage à être poursuivis, une tenue différente pour des soldats qui nous permettent de mieux les repérer dans le noir ou de les confondre bêtement avec un élément du décor si on se précipice... ce sont tous ces petits éléments-là, sympathiques pour certain(e)s, insuffisants pour d’autres, qui font la différence avec l’aventure principale.
Il manque tout de même un lien ludique avec cette première aventure : nos améliorations. Comme on incarne le même personnage juste après les événements du jeu de base, ça aurait été plus logique de les retrouver à l’identique plutôt que de recommencer à 0. On aurait même pu imaginer une intégration de l’extension telle qu’on continue l’aventure directement à la suite du dernier chapitre du jeu plutôt que de repasser par le menu, et même le bureau. Mais ça c’est qu’un détail, c’est pas bien grave.
Si on a droit à un premier environnement assez original par rapport au jeu original avec cette église, on retrouvera bien vite souterrains et bureaux pour l’essentiel de l’aventure avant que la fin soit des plus réussies avec des emprunts à l’esthétisme de Silent Hill (l’hôpital ensanglanté et sans dessus dessous, les allures de prison du monde alterné...). C’est un peu triste d’attendre la fin pour y avoir droit mais ça a le mérite d’être présent et de se laisser sur une bonne note à ce niveau-là, alors que je m’attendais à rester dans ces souterrains jusqu’au bout.
Sinon, les scripts reposent sur les mêmes effets de mise en scène en essayant d’être plus spectaculaires, ce qui est parfois un peu trop forcé, parfois bien plus efficace avec quelques passages réellement horrifiques et marquants. Sur un aspect plus technique, l’extension reprend vraiment les bases posées par FEAR 1. Il y a quelques différences, comme le moteur physique qui est un peu plus utilisé à des fins ludiques, comme pour ouvrir des caisses de munitions par exemple, mais c’est vraiment très léger et presque négligeables. La seule vraie amélioration c’est le problème de l’écran noir arrivé au checkpoint qui est réglé, c’est toujours bon à prendre.
Pour le scénario, ça sent clairement le manque d’inspiration avec cette envie de faire revenir les mêmes méchants pour une même opposition à la même conclusion. Personnellement, j’aurais aimé que Paxton Fettel soit totalement éjecté de l’intrigue, ayant déjà eu son impact sur le récit et ayant eu une fin bien méritée. Le seul point d’intérêt c’est une fois encore avec Alma qui semble scindée en 2 personnalités qui finissent par se trouver dans une scène assez belle de laquelle on peut interpréter bien des choses. Même si c’est pas très clair, ça a tout de même un minimum capté mon intérêt.
Sans créer la surprise ou avoir un coup de génie, TimeGate Studios parvient à faire honneur au jeu original par cette première extension qui manquera sans doute d’originalité ou d’ambitions pour les plus exigeants mais qui me satisfait suffisamment bien comme ça de par sa qualité d’exécution et la générosité de son contenu. Extraction Point prolonge le plus fidèlement du monde l’expérience de jeu originale et c’est peut-être bien-là tout ce que l’on pouvait attendre, surtout de la part d’un studio inexpérimenté en la matière et étranger au jeu original.