PEUR ET FAIM

Introduction :

Fear & Hunger est un RPG/Survival/Dungeon Crawler et Rogue-like indépendant d'horreur qui prend place dans un univers médiéval de style européen.

J'y ai joué il y a quelques années maintenant et j'avais déjà envie d'en parler à l'époque. M'étant replongée dedans récemment, j'ai voulu concrétiser tout ça.

Le jeu nous plonge dans le donjon de Fear & Hunger, un endroit sombre, vil et hostile où les humains qui y pénètrent y laissent leur santé mentale et physique pour s'y perdre et errer éternellement dans ces lieux.

Petit disclaimer : le jeu n'est pas pour tout le monde. Il est très explicite sur tous les plans, sexe et gore notamment. Quelle que soit la chose horrifique que vous pouvez imaginer, elle sera très probablement présente dans le jeu.

Il existe néanmoins un mod de censure (c'est dire) si vous êtes uniquement sensibles à certains éléments visuels, mais ça ne changera rien à l'ambiance globale du jeu.

Gameplay :

Vous avez le choix entre quatre protagonistes, le mercenaire, le prêtre, la chevalière et le barbare.

Chaque personnage a bien entendu ses propres caractéristiques : le mercenaire sera le plus astucieux pour naviguer dans le donjon (prenez-le, vraiment), le prêtre apprendra des magies très utiles, la chevalière commence la partie avec l'équipement le plus avantageux tandis que le barbare aura les compétences les plus puissantes et adaptées au combat.

Quel que soit votre choix, les autres protagonistes seront présents au sein du donjon, puisque chacun a ses propres raisons d'être ici.

Très vite, vous allez comprendre comment le jeu fonctionne.

Le jeu est dur et un peu frustrant au début. C'est un rogue-like après tout, mais s'ajoute à ça un système de jeu très punitif avec beaucoup d’événements basés sur la chance.

J'exagère un peu car, finalement, l'aspect punitif du jeu est typiquement : vous faites des erreurs, vous apprenez et recommencez avec de meilleures connaissances.

Quant au hasard, il n'est pas aussi décisif et injuste qu'il en a l'air à première vue. Il y a notamment un système de pile ou face (50/50) qui décide parfois de votre sort ou de l'acquisition d'objets rares. L'expérience peut devenir presque facile, tout comme elle peut devenir un enfer et vous faire suer à grosses gouttes à chaque pile ou face.

Vous aurez une jauge de faim et de mentale (qui vous servira aussi de mana) à gérer tout au long de l'aventure, cet aspect reste assez peu contraignant et anecdotique, dans les faits, vous aurez toujours quelque chose à grignoter.

Et figurez-vous que vous pourrez sauvegarder ! (à vos risques et périls...)

Les combats se font au tour par tour classique, la particularité étant le système de démembrement des ennemis et du joueur. Chaque coup a son importance et peut vous être fatal, même avec les ennemis les plus basiques.

La navigation est également très classique. L'absence des déplacements en diagonale est franchement dommage, notamment quand il s'agit de vouloir fuir les ennemis sur la carte, la tâche pourra parfois être pénible et ça rend l'exploration plus rigide.

Cependant, il ne faut pas baisser les bras dès les premières minutes. Le but étant de s'adapter aux lieux et vous reviendrez toujours plus fort d'une partie perdue.

Le jeu a malheureusement toujours quelques bugs qui peuvent se montrer plus ou moins gênants. Un bug bloquant alors que vous êtes à 2h sur une partie, ça peut faire crier.

Aussi, le gameplay se rapproche parfois d'un die and retry, ce qui n'est pas forcément une qualité au vu de la difficulté initiale.

Univers :

L'univers et le lore sont riches, très riches, voire trop riches. Vous serez surpris de la quantité d’éléments que vous allez louper même après des heures de jeu et plusieurs fins débloquées. D'où l'intérêt de recommencer plusieurs fois. La narration se montre assez cryptique, ce qui peut rappeler Dark Soul.

Chaque créature et personnage a sa propre histoire. Je conseille le wiki du jeu si vous voulez en savoir plus sur chaque élément, car comme dit plus haut, il est facile de passer à côté lors de l'aventure.

Il est très difficile de décrire l'univers de Fear & Hunger tant il fourmille de détails, d'autant que c'est très intéressant à découvrir en jeu donc je ne vais pas trop en dire.

Cependant, je peux mettre en avant un des aspects principaux, à savoir le rapport aux dieux dans le jeu. Contrairement à notre monde où les Hommes se sont résolus à être inférieur à Dieu/aux dieux, dans Fear & Hunger, ils tentent tous de les égaler, voire les surpasser, tout le monde souhaite devenir un dieu et tout le monde peut s'en donner les moyens dans ce monde. Mais qu'est-ce que ça signifie d'être un dieu ? Et quels sacrifices faut-il faire ? La différence entre le bien et le mal est très confuse.

L'exploration est l'intérêt principal du jeu. L'histoire est une sorte de puzzle que vous allez appréhender au fur et à mesure de votre progression, sachant que pour rappel, chaque personnage à son propre petit scénario.

Il y a évidemment de nombreuses inspirations autour du jeu, ça peut être des œuvres comme Silent Hill et Berserk ou encore des cultures comme la Mésopotamie.

Et la peur dans tout ça ? Elle est bien présente, et même efficace malgré les limitations de son format. Chaque lancement de combat va vous stresser. Vous n'aurez pas toujours envie de découvrir les nouveaux ennemis d'une zone comme dans un jeu plus classique. Parfois vous aurez juste envie de tout éviter par peur de prendre des risques, mais aussi peureux que vous soyez, le jeu vous apprend à ̶p̶o̶r̶t̶e̶r̶ ̶v̶o̶s̶ ̶c̶ prendre ces risques et vous en serez (parfois) satisfaits !

Les bruitages qui se confondent avec la bande-son et les dessins jouent également un rôle majeur dans l'expérience de la peur ici. L'aspect de certaines créatures et décors est bluffant.

Des qualités similaires à un Silent Hill sont également présentes pour souligner la détresse ressentie dans le jeu, comme par exemple : votre vulnérabilité, la lisibilité des lieux ou la découverte de l'inconnu de manière générale.

En bref, tout y est oppressant et vous vous sentirez tout petit.

Conclusion :

Le jeu est crasseux, violent, choquant, profondément nihiliste et immoral. Tout y est complètement gratuit. Le créateur a fait tout son possible pour rendre l'expérience la plus difficile à vivre possible et c'est réussi.

Ces éléments sont complètement assumés et décomplexés, ils entrent même dans le mauvais goût ou dans la fascination morbide.

Mais je ne peux clairement pas retirer la patte très marquante du créateur, surtout concernant les illustrations et la bande-son qui est glaçante. L’œuvre a une véritable identité.

J'ai voulu en dire le moins possible tout en faisant comprendre quel type d'expérience attendre du jeu. J'espère que ça rendra certaines personnes curieuses, car c'est une expérience qui vaut vraiment le coup si vous êtes amateur d'horreur et c'est clairement fait avec amour et passion pour le genre.

Pour un jeu fait sous RPG Maker et par un monsieur TOUT SEUL, je suis forcée d'admirer le bonhomme.

Une suite est officiellement sortie il y a moins d'un an. Fear & Hunger : Termina, qui se passe dans un contexte plus récent d'après-guerre. J'ai pu jouer quelques heures et ça semble déjà être une suite très réussie (l'ajout des déplacements en diagonale est formidable), plus poussée et complémentaire à son prédécesseur.

Je pense même que ce dernier pourrait s'adresser à un plus grand nombre puisque les aspects horrifiques et morbides sont mieux dosés et l’œuvre semble globalement plus mature. De plus, il n'est pas nécessaire d'avoir fait le premier jeu pour se plonger dans Termina (bien que préférable au vu du lore). Alors foncez !