INTRODUCTION



A Summer's End - Hong Kong 1986 nous raconte une relation naissante entre Michelle et Sam, deux jeunes femmes que tout semble opposer.
Comme le titre l'indique, l'histoire prend place à Hong Kong dans les années 80, un lieu et une époque reconnue pour son industrie du divertissement grandissante et considérée comme étant son âge d'or, c'est ici que l'œuvre mettra l'accent. Cependant, c'est aussi une époque synonyme de traditionalisme qui représentera le principal antagoniste de nos héroïnes.


À première vue, on pourrait croire que le titre se cherche naïvement un style
AESTHETIC
pour tout enjoliver, c'est un jugement hâtif bien que compréhensible au début.
Seulement, on se rend vite compte de tout le travail de recherche minutieux afin de construire un monde crédible et harmonieux.



LA PRÉSENTATION



Car A Summer's End nous confirme à quel point l'enrobage est important.
Parlons tout d'abord de l'esthétique, rien n'est laissé au hasard entre les habits des personnages, les environnements et ses couleurs.
Le sens de la mode s'étend sur tout le casting, celui-ci reflète la personnalité de chacun tout en restant cohérent avec son époque, on a de nombreuses variétés de sprites pour diverses tenues. De plus, on ne peut pas s'empêcher d'apprécier le choix astucieux du design animés des années 80, l'œuvre insiste sur cette époque dans tous ses aspects.


À propos des environnements, on constate encore une fois des recherches approfondies afin de représenter l'intimité des habitants de Hong Kong, comme l'intérieur de l'appartement de Sam, bourré de détails donnant vie à ce lieu.
Cette esthétique est un comble pour un visual novel quand on a l'habitude de la médiocrité globale du genre concernant les dessins. Le mélange d'animés, d'aesthetic et des années 80 est juste exquis.


Malgré ça, le visuel n'est pas toujours impeccable, je lui reprocherais la sprite de Sam que je trouve inférieure à celle de Michelle ou de ses esquisses. On remarque également un manque de représentation visuelle, c'est-à-dire trop de scènes simplement décrites qui méritaient plutôt d'être montrée. Le jeu reste amateur et fournis déjà de magnifiques images, je suis donc plus indulgente.



LA MUSIQUE



La bande-son mélange plusieurs artistes indépendants et contemporains en variant les genres comme la funk, la rétro synthwave, la vaporwave ou encore l'italo disco avec bien évidemment de l'inspiration des années 80.
Les musiques sont très efficaces et s'incorporent à merveille dans l'univers, créant une atmosphère très singulière et renforçant le sentiment nostalgique de l'œuvre.
L'alliance de la soundtrack aux visuels rend l'expérience magique, si bien qu'on ressent une sorte de transe pendant des scènes plus banales les unes que les autres.


Néanmoins, pour les genres choisis, les morceaux présents prennent peu de risques, à aucun moment on sort de la zone de confort en terme de mélodie et c'est quelque chose que j'aurais grandement récompensé. Aussi, la plupart des musiques sont de courtes boucles, au vu de leur qualité ce n'est pas aussi gênant mais ça pourrait simplement être mieux.
Ici la bande-son reste assez classique dans l'ensemble, son principal point fort étant, comme je l'ai mentionné plus haut, son intégration à l'œuvre elle-même.



LES PERSONNAGES



Nous sommes tout d'abord introduit à notre protagoniste Michelle, jeune secrétaire en entreprise qui vit avec sa mère. Michelle porte un regard très robotique sur la vie dû à l'éducation très traditionaliste et démodée de sa mère. Tantôt détestable, tantôt assimilable, elle est le personnage le plus intéressant au sein de l'œuvre puisque vous vous en doutez bien, un visual novel lesbien avec une telle protagoniste demandera une certaine évolution du personnage.


Tandis que de l'autre côté du spectre, nous avons Sam, une femme moderne comme nous pourrions en voir dans les années 2000, qui croque la vie à pleines dents. Sam tient une boutique de cassettes et se présente comme une personne très volatile pas toujours très responsable. Elle est le personnage le plus touchant.


Les deux femmes font connaissance à la boutique du père de Sam et vont accidentellement passer de plus en plus de temps ensemble à la suite de cette rencontre.
Sam va maladroitement insister en proposant des rendez-vous à Michelle, plutôt réticente de son côté, mais qui finit toujours par accepter. Michelle sort progressivement de sa zone de confort en présence de Sam, ce qui semble lui plaire autant que de lui déplaire, elle devient très confuse quant à son ressenti face à Sam et de son mode de vie plus agité. Elle l'est d'autant plus vis-à-vis de sa mère qui aperçoit un changement de comportement chez sa fille qui la déçoit. Michelle est tiraillée entre sa routine qui lui a toujours suffit, ce moule de la société dans lequel elle rentre parfaitement et la dangereuse liberté qu'elle a goûté en compagnie de Sam.


C'est après un baisé échangé un soir que l'histoire passe un cap, puisque c'est le moment où Michelle va s'interroger et découvrir sa sexualité qui va la chambouler. Michelle remet tout en question, pour elle la vit se résumait aux études, au travail, au mariage, aux enfants et c'est tout ce que sa mère désire pour elle.
On apprend également que les deux femmes ont plus de similitudes que ce qui laissait transparaître au début. Comme la perte d'un parent qui va jouer un grand rôle dans leur développement personnel et maintenant de la découverte de leur sexualité hors normes pour l'époque. Tout ceci rend leur relation davantage touchante.


Malgré la courte durée de l'histoire, leur relation ne semble pas précipitée, leurs rencontres et le développement de leurs sentiments se font naturellement et ça se ressent. Sam et Michelle fonctionnent complètement par ce dicton qui dit que "les opposés s'attirent".
S'il y a un petit reproche à faire, c'est concernant les conflits internes de Michelle dont elle se débarrasse trop rapidement à mon avis.


Je ne vais pas plus m'attarder sur les personnages secondaires, j'ai déjà parlé de la mère de Michelle et évoqué le père de Sam. Il y a aussi un collègue de Michelle qui représente le parti et le gendre idéal, ainsi qu'une vieille amie de Sam qui aura surtout un rôle dans son passé. Toujours est-il que chaque relation est intéressante, surtout celle de Michelle et de sa mère.



CONTEXTE



L'auteur ne se cache pas de mettre en avant les aspects positifs de Hong Kong, d'exposer toute sa beauté sans pour autant ignorer ses défauts et les difficultés que les habitants encontrent. Notamment la place de la femme, bien qu'en parti fantasmée ici en prenant des personnages qui assument plus facilement leurs choix de vie et leur sexualité, elle reste assez explicite. L'œuvre met indirectement en avant l'industrie du textile dominé par les femmes en dessinant une panoplie de tenues qui mettent les personnages en valeur. L'histoire d'Hong Kong se manifeste notamment avec la présence de surnoms anglophones et de l'apprentissage de l'anglais très présent, le désir de voyage en Occident est également régulièrement évoqué.


Les personnages, même les plus vieux-jeu paraissent intemporels, on s'identifie facilement à elles en tant que femme et au sein d'une relation (qu'elle soit hétéro ou homo).



CONCLUSION



A Summer's End - Hong Kong 1986 est de toute évidence une lettre d'amour à Hong Kong, la tentative d'être le plus fidèle possible à ses lieux et cette époque tout en y ajoutant sa propre patte.


Ce titre reste un visual novel assez modeste qui ne vous impressionnera peut-être pas, il n'est en rien transcendant. Néanmoins, il fait les choses bien.
C'est une œuvre qui se ressent avant tout, débordant de charme et de délicatesse.

BlackTeaLady
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le 23 juin 2020

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