Enfin, à ce qu'il parait.
Je vais commencer par y mettre les formes. Je n'ai pas joué à FFVII en 1997... J'y ai joué dans les années 2010', sur le PStore de la Playstation 3 et j'avoue mettre fendu la gueule devant les polygones dégueulasses de Cloud durant au moins 30 bonnes minutes. Merde, quel jeu dépassé...
Et pourtant, pourtant. Au fil du jeu, en me laissant happer par l'histoire, même en connaissant l'issue de la fameuse scène il fallait bien le reconnaître : Oui, la légende FFVII était bien méritée.
C'est un jeu très japonisant, très "weeb" (bien ou mal, c'est selon vous) mais qui a une réelle proposition artistique et des thèmes universels qui ont d'autant plus leur importance aujourd'hui qu'à l'époque (le terrorisme, la sauvagerie du profit, l'écologie).
Tout ça en 1997 alors que le jeu vidéo était considéré, encore, comme du vulgaire divertissement, voir pire.
27 ans après qu'en-est-il de ce remake que les fans ont demandé pendant près de 20ans? (sisi)
Un divertissement vulgaire.
Pas vulgaire au sens usuel (les seins de Tifa sont trop gros après tout, faut les réduire) mais vulgaire au sens d'une pute.
Aie, c'est pire....? Je m'explique
Vulgaire comme une prostituée qui offrirait la "girlfriend experience" à un client affamé. Tout ce dont il a toujours rêvé, avec en prime une plastique de rêve. Le tout sans jamais de mot dur, sans aucun sacrifice de la part de quiconque... sans aucune profondeur non plus... sans aucune réalité d'ailleurs.
FFVII remake est une prostituée quand il prend les souvenirs les plus marquants (mais aussi les plus superficiels) des joueurs et les balance sans intelligence.
Tu as été marqué par les séquences tr0p B4d4ss avec Sephiroth dans le jeu original? On va le mettre partout, en oubliant que la raison pour laquelle il a tant marqué les décennies était sa subtilité. On ne voit jamais vraiment Sephiroth avant le dernier quart du jeu, on ne l'affronte vraiment qu'à la toute fin du jeu, on ne sait pas qui de lui ou Jénova est le réellement L3 M3CH4NT. Prostituer Sephiroth c'est prendre le souvenir le plus marquant (et superficiel) de lui : Safer Sephiroth détruisant le système solaire, et en faire un Dieu de l'espace et du temps.
Mais passons. Cet exemple seul devrait montrer à quel degré d'écriture abyssal (Marvel) on est déjà tombé et beaucoup de gens l'ont déjà signalé.
Non, je vais plutôt me concentrer sur autre chose.
FFVII Rebirth est une prostituée quand il sacrifie son message, son art, au profit d'un road trip de 120h de Fun (si tu en as envie) avec "Tes personnages préférés"!
Je vais pas vous mentir. La partie "road trip" de FFVII fut ma préférée aussi, c'est à dire la sortie de Midgard jusqu'au temple des anciens.
C'est très facile de comprendre les notes incroyables que le jeu se paye. Si on m'avait proposé de passer potentiellement 100h avec Tifa/Aerith/Yuffie/Barret, avec encore plus de possibilités de drague et un gameplay appréciable j'aurais adoré. Je comprends, je comprends.
De ce point de vue, on peut dire que Square Enix a bien retranscrit le côté amusant, loufoque, joyeux de FFVII. Mais, FFVII, justement parce qu'il n'était pas qu'un "vulgaire divertissement" était aussi mature. Pas mature au sens de montrer du sang et d'être violent (le remake ne se permet même pas cela au passage (il ne faudrait pas choquer la Chine)) mais mature dans ses thèmes et le traitement de ceux-ci.
La troupe de Cloud a beau être géniale, le monde qu'ils explorent, celui du jeu d'origine, PUE LA MERDE.
La planète meurt véritablement dans FFVII. Le ciel est terne, la végétation est terne, les villes sont ravagées par le vice et la Shinra (pléonasme) et les quelques oasis de bonheur qu'on y trouve servent, justement, à montrer cela par contraste ironique.
La Costa Del Sol est l'illustration même du tourisme protégé des vicissitudes qui permet son existence
Le Gold Saucer renforce cette dualité en étant construit au dessus d'une ville prison ravagée
Et Cosmo Canyon est une utopie des développeurs afin de montrer comment concilier nature et technologie.
Tout cela, toute cette gravité du jeu d'origine sont les sacrifices absents de la "girlfriend experience" qu'offre FFVII Remake. Parce que voilà... Il ne faudrait pas que les joueurs se sentent mal en jouant... Alors on va leur donner de grandes étendues verdoyantes!
Gogonda? La ville détruite par l'explosion d'un réacteur Mako? On va lui donner une jolie musique, et puis les habitants sont joyeux et la Shinra a même mis un monument par respect pour les victimes - y avait moyen d'illustrer un certain cynisme par ce geste d'ailleurs, mais le jeu n'a pas les couilles pour cela.
Tout comme il n'a pas les couilles de montrer un VRAI suicide par désespoir (Dyne)
Tout comme il n'avait pas les couilles de montrer la violence terroriste, la vraie, pas celle avec des Buster Swords, dans le jeu précédent
Par contre, il a eut les couilles - dans un jeu au scénario déjà confus - de s'abaisser à utiliser le pire de la pop culture récente (les univers parallèles, le multivers, etc) pour "baiter" les streamers et les theorycrafters pendant 7 ou 8 ans (2020-2027). Mais après, que va-t-il rester de ça?
C'est ça la question finale. Que va-t-il rester de tout ça? Est-ce que quelqu'un pense réellement que, dans des décennies futures, les gens joueront à 3x FFVII Remake comme les gens jouent toujours au FFVII d'origine? Est-ce que les jeunes joueurs penseront au "mythe FFVII" et décideront d'y jouer comme moi je l'ai fait?
C'est dommage.
Dommage car aujourd'hui, le jeu vidéo est plus ou moins reconnu comme "ART", mais uniquement, par la presse grand public, si ce dernier accepte de s'aseptiser aux standards américains et à aborder une maturité de façade.
FFVII, le jeu d'origine, n'est pas une "petite production indé". C'est un jeu qui a coûté 45 millions de dollars, mais c'est un jeu avec une vraie proposition artistique car, malgré ce budget, il ne s'est jamais abaissé, jamais compromis au goût du public, alors même que le Japon venait de subir une vraie attaque terroriste.
FFVII remake/rebirth aurait pu montrer que oui, on peut avoir des persos typés mangas, des gros boobs, un monde "fantaisiste" et pourtant aborder des thèmes intelligents avec subtilité, et que faire du "grand spectacle" n'empêche pas d'être "profond".
A la place, il a préféré donner la possibilité de s'amuser pendant 100h en lissant les angles. C'est un jeu qui s'autoréférence (LITTERALEMENT) et qui se noie dans son petit univers (Zack et Cloud vs Sephiroth, une vraie fanfic) comme le ferait un Marvel. Voilà pourquoi c'est du "divertissement vulgaire" au sens défini plus haut.
Je n'ai pas de complexe d'infériorité par rapport au "statut artistique du jeu vidéo", mais je sais que les joueurs en ont... Et Square Enix a prostitué sa chance, LA chance du siècle.
Parce que, honnêtement, si on est pas un boomer nostalgique aux souvenirs flous, ce FFVIIRemake vaut 6/10. Moins deux points pour massacre artistique.