Billet d'humeur sur ma déception avant une véritable critique

Bon, je ne suis pas encore motivé à écrire une vraie critique pour étayer en détails et de manière organisée mon avis sur ce jeu.
Mais j'ai quand même envie de publier un petit truc résumant ma déception et mon incompréhension face au succès de ce jeu. Juste pour me soulager, avant d'écrire une vraie critique.

Car oui, je suis désespéré de constater le succès du jeu.... Je ne me retrouve définitivement plus très souvent dans notre société, notamment face aux oeuvres d'arts narratives. Un fossé s'est crée entre la masse et moi. On y loue une oeuvre qui fait une paradoxale apologie de l'éco-terrorisme parce que les vrais méchants à vrai dire ce sont les multinationales maléfiques et place comme un personnage principal, un idéologue fanatique, qui fait preuve dans tous ses contacts avec la société de violence et d'intimidation, tout cela sans que cela ne semble gêner personne. Certains arguent même que le jeu original était strictement pareil sur ce point. Alors qu'il présentait en réalité davantage le groupe de héros comme un groupe de résistants, qui sabotaient des infrastructures ennemis, comme les résistants de la seconde guerre mondiale. Oui, c'était des attentats mais ce n'était pas du terrorisme. Oui bien entendu, le passage de l'un à l'autre est facile et on pouvait percevoir une pente "potentiellement" glissante dans le premier. Mais le contexte, les dialogues font toutes les nuances et la différence. Ici, c'est clairement l'apologie d'un éco-terrorisme moderne qui est prôné... Pourtant certains arrivent même à y voir une dénonciation parce que les victimes sont montrées sans complaisance. Heu... oui, certes, mais les héros ne sont jamais dénoncés pour autant... La fin semble justifie les moyens aussi terribles et horribles soient ces moyens. Mais il n'y a pas que ça.
Les ajouts scénaristiques sont quasiment tous sans intérêt et viennent nuire à la narration. Visuellement parlant, la prouesse technologique est rapidement entachée par un terrible contraste entre des modélisations très réussies et d'autres beaucoup moins réussies. Là encore, on a une société qui continue à confondre réellement, prouesse technologique et réussite artistique. Comme si des photos étaient forcément plus belles et plus efficaces que des peintures ou même des polygones organisées avec talents et goût. La preuve que non. Ces "ratés" n'auraient pourtant pas tant choqué à vrai dire si le contraste avec les réussites ne créait pas une évidente laideur. Le gameplay est banalement moderne, il va plaire à tous les fans de ce type de gameplay mais pour ceux n'étant pas fans, le prétendu dynamisme intégrer va ressembler à une blague avec tous ces passages où l'on est forcés de marcher à deux à l'heure. Que de ralentissement lorsqu'on se faufile dans des petits passages, ou après des animations de sauts et en introduction et fin de dialogues avec des pnj. Même les temps de chargement semblent s'éterniser et sont donc chiants. Tu veux passer une scène ? C'est possible mais à la place de la scène, tu as un temps de chargement aussi long que la scène. Tu veux abandonner un mini-jeu qui dure deux minutes car au bout de trente secondes, t'as déjà fait deux erreurs qui t'empêchent de gagner donc autant recommencer ? Et bien le temps de chargement pour abandonner le jeu est aussi long quasiment que d'attendre bêtement la fin du mini-jeu. Peut-être est-ce parce que je n'ai pas une ps4 "pro" mais dans tous les cas, ce fut pour moi terriblement chiant.
La linéaristé du level design est atrocement répétitive à cause du manque de dynamisme hors combat et de maps vraiment couloirs. Quant on parle de monde couloir et d'exploration linéaires, je suis rarement gêné normalement. Au contraire, consciencieux, aimant fouillé de manière organiser et préciser toute la map, je suis plutôt rebuté par les open-worlds. En fait le mot "couloir", utiliser pour qualifier certains level-design, est souvent une exagération pour montrer un level design qui laisse peu de libertés pour mieux entrainer le joueur dans une dynamique prévue. Ce n'est pas un mal en soi et j'y suis personnellement même plutôt sensible donc. Mais ici, on passe littéralement les trois quarts de son temps dans des couloirs de deux mètres de large grand max.....
Les musiques, mon dieu.... Je les entends aussi louées. Alors certes une modernisation est à l'oeuvre, en présence des musiques variées. oui... Mais à nouveau, les gens semblent insensibles à l'art, s'ils les préfèrent aux musiques originales.... Malgré les limitations sonores de l'époque, leur efficacité et impact émotionnel n'avaient rien à voir. Dans toute oeuvre d'art digne de ce nom, tous les moyens doivent servir un même enjeu. Dans un jeu vidéo comme celui-ci, le but des musiques est d'améliorer l'exploration, la narration et l'immersion du joueur dans une séquence particulière. L'original l'avait parfaitement compris. Elles étaient donc parfaitement intégrées à chaque passage pour le rendre parfois touchant, parfois inquiétant et d'autre fois oppressant ou stimulant... Là, on ne peut pas s'empêcher d'alterner des musiques, qui n'ont rien à voir avec la séquence en question voire qui sont liées à des passages qui ne prendront réellement sens que dans les futurs opus, qui sortiront dans plusieurs années. Mais non, il faudrait contenter les fans qui veulent déjà retrouver tout final fantasy dans un premier opus ne représentant qu'un dixième du jeu original, donc ils foutent des juke-box un peu partout pour qu'on les entende sans impératifs narratifs ou artistiques. De toute façon, les arrangements en font des musiques sympa à écouter mais ne dégageant aucune réelles émotions. Je ne peux pas croire que Nobuo Uematsu ait activement participé à ce jeu qui dénature totalement son travail. Si c'est le cas, le mec n'a aucune intégrité artistique. Le résultat ne lui ressemble tellement pas....
Et je ne parlerai pas d'un jeu qu'on ne peut pas finir à 100% sans new-game plus, une nouvelle façon d'allonger un jeu qui dans tous les cas ne se suffit pas à lui-même.
Et je ne parlerai pas non plus du modèle économique, nous proposant au prix fort un jeu au scénario inachevé, ce qui ressort beaucoup malgré la tentative de masquer le truc en rajoutant des chapitres ou personnages inutiles.
Je ne peux m'empêcher d'être triste en pensant que beaucoup de prétendus fans du jeu original acclame ce remake. Qu'aimait-il donc dans l'original ? Le gameplay qui n'a pas été repris (le prétendu mode classique pour les amateurs de tour par tour est d'ailleurs une blague, c'est le mode facile mais en foireux) parce que les nouvelles générations le considèrent comme dépassé et obsolète ? La narration qui a été gâchée ainsi que le scénario ? A part s'ils n'avaient apprécié dans ce jeu QUE sa modernité graphique pour l'époque avec son introduction de nombreuses cinématiques, je ne vois vraiment pas comment ils peuvent louer ce remake....
Je finis le jeu et je sens en moi une pointe de tristesse. Non parce que le jeu est si mauvais, même si moralement son propos est régulièrement révoltant. Oui, je le répète. Il met certes en avant les victimes et le tragique destin des victimes collatérales mais sans jamais dénoncer réellement les héros et leur action, prétendu nécessite idéologique semble faire loi... Non, cela me met très mal à l'aise, mais l'expérience ludique n'est pas pour autant catastrophique quand on met un peu de bonne volonté, et qu'on fait taire sa conscience. Non la tristesse vient du fait que décidément, je me sens bien seul dans ce monde face à la quasi-unanimité des gens qui portent aux nues ce jeu et cela me désespère.