Non seulement il s'agit de mon volet préféré de la saga. Mais Final Fantasy XII représente aussi à mes yeux le J-RPG le plus puissant que j'ai eu à jouer ces dernières années. Le volet le plus ambitieux et l'un des plus grands pas en avant jamais établis dans ce domaine. Marrant comme aujourd'hui les joueurs s'évertuent a vouloir constamment de l'évolution, du renouveau dans le jeu vidéo. Et pourtant l'avenir du RPG a débarqué en 2006 mais pas mal d'entre eux n'étaient pas prêts. Les "fans" au premier rang. Au point d'être déterminés a entamer une fois de plus un moonwalk légendaire vers l'old-school, au système vieillot (mais efficace) du tour par tour et au couloir de la mort.
Taxé de mauvais Final Fantasy et parfois pire, de grand jeu ET mauvais Final Fantasy. sigh
Pourtant le scénario très décrié, je l'ai trouvé beaucoup plus profond et mature que tous les précédents volets même s'il est vrai qu'il souffre d'un bâclage dans sa dernière partie et d'une complexité à toute épreuve, il faut vraiment s'accrocher pour piger quelque chose à l'histoire mais je l'ai trouvé assez au dessus des autres volets au niveau de la profondeur, la classe des dialogues, notamment dans sa capacité à me faire sentir en plein coeur d'une très grande aventure. Pour ce qui est des opus précédents, je les adore tout autant mais chacun d'eux (hormis le 6, voire le 9) deviennent presque toujours une véritable apologie de la niaiserie une fois arrivé à la seconde moitié de l'aventure. Je n'ai rien contre ça, la niaiserie dans de bonnes histoires je prends ça n'importe quand mais j'ai beaucoup plus accroché à l'intrigue politique complexe qui prend le pas sur tous les codes connus qui sont vus et revus à chaque épisode.
Immersion renforcée grâce à l'univers d'Ivalice, mélange d'architecture réaliste/science-fiction avec un petit brin de Fantasy cette fois, c'est un véritable plaisir d'y plonger voire de me perdre dans des maps géantes toujours bercées par la superbe bande son d'Hitoshi Sakimoto.
On dit les personnages en retrait par rapport à ce qui se fait habituellement, mais c'est ce que j'ai apprécié, le fait que toute la bande ne soient réduits à des pions dans un gros échiquier. Pourtant c'est pas le charisme qui manque chez certains, mais le jeu n'oublie jamais de mettre l'univers et son background au premier plan. Tant mieux car ça évite pas mal de passages de "super-héroïsme-kawai-classe-de-la-mort-qui-tue", pas de romance niaise, pas de monologue cliché "c'est-nous-qu'on-est-les-héros-les-meilleurs", pas de méchant androgyne cliché, juste des personnages denses et censés, commettant des actes de bravoure sans jamais être au dessus de la trame. Dont l'alchimie n'atteint pas des sommets, dont la personnalité et leur motivation est toujours très distincte mais pourtant liés a accomplir le même objectif, pour le meilleur et pour le pire.
On trouve que le personnage principal (Vaan) trop androgyne et mou? Puis Penelo chiante et inutile? Pour aller jusqu'au bout de mon point de vue sur les personnages. Hormis le début de l'aventure, le jeu n'impose pas de personnage principal. On est libre de composer l'équipe que l'on souhaite sans que le jeu force a impliquer un personnage "central" en cours de jeu. Jamais. Sauf exception pour certains guests se contentant juste de nous suivre à certains moments quand le scénario le justifie.
Durant les cinématiques, aucun d'entre eux tente de faire du surplace. Chacun dit ce qu'il a a dire, si c'est pas le cas, il fera le figurant au fond sans broncher. (c'est marrant parce qu'en y rejouant, je note qu'il est possible d'entendre lors de quelques cut-scenes des conversations de fond entre certains personnages pendant que les autres parlent au premier plan, petit détail que j'adore). Bon alors oui c'est vrai, il y en a des personnages décevants mais je peux très facilement citer d'autres cas similaires dans des volets mieux reçus par le public, malheureusement étant donné l'adoration extrême, voire sectaire de certains fans, le nombre de commentaires et de dislikes risque d'augmenter constamment et je ne vais pas m'en sortir.
Passons.
Graphiquement, le jeu est magnifique, aliasé comme pas possible mais joli, il l'est. Possédant une durée de vie immense et une jouabilité certes parfois brouillonne au niveau des combats mais d'une richesse rarement égalée notamment avec le système de gambits qui donne une profondeur allant au delà du bête assistanat (sans compter qu'en plus il est facultatif).
Il en va de même pour le background qui force le respect et qui s'applique grandement sur les PNJ et leurs dialogues mais qui se ressent également à travers le level design et même les musiques de chaque monde visité.
J'ai vraiment trippé sur ce jeu, plus que n'importe quel J-RPG.
On le dit inachevé? Alors si ce terme doit être appliqué à ce jeu, j'exige que tous les prochains J-RPG prennent un quart de ce qu'il a, histoire d'enfoncer pas mal de portes qui portent vers la Next-Gen, chose qu'il avait pourtant déjà commencé. Beaucoup plaignent la pauvreté de cette génération, surtout dans ce genre mais qu'ils regardent en arrière, l'avenir tant désiré, on y était bordel. Que leur parole soit la réelle cause d'une "régression" du JV m'est égal. Ils ont leur part de responsabilité avec leur états d'âme constants, presque toujours véhiculés par la nostalgie.
Je m'étais souvent demandé qui était le mec derrière Vagrant Story, Final Fantasy Tactics et Tactics Ogre. Mais avec cette oeuvre, son nom restera gravé en mémoire à tout jamais.
Yasumi Matsuno, ce putain de génie. Final Fantasy XII, un chef d'oeuvre incompris. Une porte vers l'avenir défoncée au bélier de platine mais aussitôt reconstruite faute d'insolence intolérée.