Final Fantasy XII est l'un des opus les plus dénigrés de la célèbre série, et il est pourtant le plus ambitieux. Certes, cela lui a coûté un développement calamiteux, Yasumi Matsuno ayant été limogé en pleine production... la trame scénaristique s'en ressent, puisque l'histoire est assez inachevée, mais pas mauvaise pour autant. Les dialogues sont même parmi les meilleurs vus dans un jeu-vidéo Japonais, la classe chevaleresque selon Matsuno (merci la traduction impériale de Alexander O.Smith). Et au moins, on n'est pas interrompus par une cutscene insoutenable toutes les deux minutes.
Car Final Fantasy XII, c'est l'opus qui remet le jeu au centre de tout. La liberté est immense, les activités annexes nombreuses, et la richesse du gameplay est incontestable en dépit de ses déséquilibres (corrigés par la version Internationale) comme l'inutilité des invocations et la pénibilité du système de licences. Mais la majorité des défauts sont à imputer à la lâcheté de Square-Enix, qui n'a par exemple pas laissé Matsuno imposer Basch en personnage principal, et l'a contraint à créer l'insipide Vaan et à le propulser sur le devant de la scène.
Graphiquement, le jeu est un chef d'œuvre esthétique et technique, la PS2 est poussée dans ses derniers retranchements et permet de restituer un véritable monde ouvert pour la première fois dans la série (et peut-être la dernière ?). Ivalice est variée dans ses décors, mais aussi très typée : le voyage est incroyablement dépaysant. Que dire aussi des compositions de Sakimoto, là aussi tellement inhabituelles pour un FF, et qui contribuent à donner au jeu son cachet si unique. Et puis le retour du thème du FF original, c'est la classe. Comme si malgré cette volonté constante de se distinguer, Final Fantasy XII était l'héritier véritable des vrais FF, le porteur de l'esprit de la saga.
Final Fantasy XII est donc un monument de Square-Enix, et une production qui lorgne du côté des RPG occidentaux. Il s'agit aussi d'un véritable pied de nez au tout cinématique dans les productions rôlesques nippones. Mais surtout, c'est le Final Fantasy du décalage, de l'originalité, de l'exotisme. Oubliez le lieu commun complètement à côté de la plaque qui veut que Final Fantasy XII soit un bon jeu, mais un mauvais Final Fantasy. Critiqué à son époque, il est aujourd'hui la principale raison pour laquelle Final Fantasy XIII est (justement) décrié. Final Fantasy XII est l'anti Final Fantasy XIII, dans le sens où, s'il finit par se soumettre à certains impératifs commerciaux, il ne cesse jamais de lutter contre eux. Le résultat est un jeu d'ores et déjà entré au panthéon de la saga.
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