J’avoue que j’aurais toujours du mal à comprendre les pleurs envers Final Fantasy XII. Au-delà bien entendu des « fans » aigris qui annoncent la mort de la série à chaque épisode depuis des lustres. Qui d’ailleurs se contredisent tout le temps, car élevant, des années après, le Final Fantasy tant décrié au rang de chef d’œuvre (ce qui commence à se faire avec Final Fantasy XII, et qui se fera un jour avec Final Fantasy XIII – j’assume ces mots y compris pour ce tant décrié FFXIII). Je dois confesser que Final Fantasy XII fut mon premier FF, et mon troisième RPG japonais (après Kingdom Hearts 1 et 2, sans compter les Pokémon, un peu à part). Et la tradition qui veut qu’on préfère le premier FF qu’on a connu se vérifie pour moi, même si j’aurais aimé contredire ce fait. J’aime Final Fantasy XII, et il est le jeu (hors Pokémon encore une fois qui est hors concours) sur lequel j’ai passé le plus de temps.
Et si j’y ai passé du temps, c’est qu’il possède de grandes qualités. La première qui viendra sera son univers. Dieu, que j’aime Ivalice ! Que j’aime toute la recherche artistique, historique et culturelle démente fait sur cet univers, si complet, si riche, qu’on se noie dedans avec plaisir. J’aimerais vivre en Ivalice, j’adorerais prendre domicile à Rabanastre, et faire escale à Bhujerba. Chaque lieu possède son histoire, ils ne sont pas là par hasard. Les architectures ont un style particulier qui découle de cette histoire, et les mythes sont légions. Le moindre détail est sujet à réflexion, ne serait-ce que cette sublime idée de localisation occidentale, en donnant aux personnages de différentes nationalités dans le jeu des accents anglais différents. J’adore ! Je ne peux pas trouver de mots pour décrire à quel point Ivalice m’a fasciné.
Surtout qu’on nous laisse le loisir d’explorer à notre guise cet univers, une véritable liberté, et non celle feinte des Final Fantasy de l’âge d’or. Oh, le scénario prend parfois le dessus, mais on peut s’éloigner de ce dernier quasiment à tout moment, et se perdre dans des quêtes annexes, ou justes en explorant pour le plaisir. Pas de couloir, non, juste des aires de jeu denses, ou des donjons labyrinthiques et longs. Forcément, quand on est habitué au dirigisme des précédents Final Fantasy, ça surprend, et on perd parfois le fil.
Car non, le scénario n’est pas inexistant ou vide. Les deux reproches qu’on pourra lui faire, ce seront sont manque de rythme – découlant naturellement de la liberté laissée au joueur – et bien entendu le fait qu’il n’est pas fini, pour les raisons qu’on connait. Car en dehors de ça, que lui reprocher ? Ca ressemble à Star Wars ? Désolé mon coco, mais Star Wars n’a pas tout inventé, et si oui on y trouve certaines ressemblances (qu’on retrouve dans nombre de récits), le gros du jeu ne va pas dans la même direction que la saga cinématographique. On parle ici d’enjeux politiques, d’une Guerre à grande échelle, avec des motivations aussi diverses que justes. Pas de manichéisme. Il n’y a pas vraiment de mal dans ce Final Fantasy, juste des volontés et des visions différentes, parfois menant au même point, mais pas de la même manière. Notre groupe de héros d’ailleurs est volontairement plus en retrait par rapport à d’autres groupes de la série, ils ne sont que des pièces parmi d’autres sur le grand échiquier d’Ivalice. Certes, des pièces qui se révèleront maîtresses, mais seulement des pièces. A ce niveau, je dois avouer que l’antagoniste principal du jeu est assez fascinant, charismatique même, au sens réel du terme. C’est vrai qu’il est plus discret que ce dont on pourrait attendre d’un antagoniste de Final Fantasy, mais le qualifier de raté serait ne pas avoir compris le jeu. Et puis la mise en scène est impécable, ne tombant jamais dans la surenchère, trouvant toujours le ton juste, avec de fantastiques dialogues. Bon, je vais quand même concéder Vaan et Pénélo, qui s’ils ne m’ont pas dérangés, n’apportent rien au jeu, et ne devaient pas s’y trouver à l’origine. Saluons néanmoins la sublime localisation occidentale qu’a reçu le jeu, dans les voix anglaises toujours dans le ton, et dans les textes français parfaitement traduits.
Le jeu d’ailleurs, si j’ai noté la liberté, comment faire l’impasse sur tout le système intelligent monté par FFXII ? Ca s’apparente à du MMO Offline, avec des monstres qui se baladent sur la carte, et aucune transition entre exploration et combat. En dehors de ça, le système est purement et simplement hérité des anciens épisodes avec une barre ATB, à une différence près, qui fait de FF XII ce qu’il est. Les Gambits. L’arme de personnalisation d’IA ultime, qui certes automatisent le jeu, mais offrent une expérience absolument unique. Les tacticiens prendront grand plaisir, par ces commandes, à créer les meilleures tactiques possibles. Et pour les grincheux, ils peuvent être désactivé, et à vous les joies du système à l’ancienne. Modulable et intelligent, le système de FFXII est un succès. La grille des permis est aussi une idée intéressante, même si on déplore le fait qu’elle soit la même pour tous les personnages.
Ce système de combat, il faudra le maîtriser dans tous les cas. FFXII est un peu plus dur que les autres FF, mais reste largement abordable pour le grand public. Mais le défi ne sera pas là. FF XII regorge d’annexes, et de boss cachés. Voilà où se trouve le défi. Ces boss-là sont ceux qui donneront du mal aux joueurs. C’est boss-là obligent à maîtriser les gambits sur le bout des doigts. Surtout les derniers, dont seuls les acharnés (et j’en fais partie), iront à bout. Oméga Mark XII tout d’abord, car puissant et rapide. Puis Yiazmat, et ses 50 millions de points de vie, le test d’endurance par excellence, frustrant et jouissif à la fois. Les annexes tiennent une place très importante.
Et puis il y a enfin l’enrobage. C’est aliasé comme pas possible. Mais bon sang, que c’est beau ! FF XII est et restera l’un des plus beaux jeux de la PS2 (le plus beau pour moi). Et en prime, la bande son de Sakimoto qui l’accompagne est excellente. Pourquoi pleurer Uematsu ? J’adore Uematsu. Mais le style de Sakimoto est intimement lié à Ivalice, et le fait vivre. On retiendra le magistral Theme of the Empire, morceau surpuissant.
J’aime profondément FFXII. Il fait partie de mes jeux préférés, ceux que j’ai envie de défendre jusqu’au bout, dont j’accepte le fait qu’on ne puisse pas les aimer, mais dont je refuse surtout qu’on les qualifie de mauvais jeux. J’aime aussi les autres FF, tous autant qu’ils sont. Mais FF XII reste particulier pour moi. Ivalice reste mon univers vidéoludique préféré. Et j’aurais adoré voir ce qu’aurait donné ce mastodonte si Yasumi Matsuno avait pût aller au bout de son œuvre. Il y a des défauts, c’est vrai. Mais ils ne pèsent pas bien lourd face à la montagne de qualités qu’accumule le jeu. C’est un monument qui peut faire peur, qui peut déplaire. Mais il reste un monument.