Un investissement justifié ?
Dans certains jeux, il y a toujours ce moment charnière durant lequel on décide de braver l'adversité et de s'investir, peut-être au-delà du raisonnable ou de l'envie, ou bien de laisser tomber, de lâcher l'affaire, quitte à le regretter plus tard. S'agissant de Final Fantasy XIV - A Realm Reborn, c'est le moment que j'ai choisi pour écrire cette critique, qui sera finalement autant un avis sur le jeu qu'une interrogation sur la philosophie d'un genre que je découvre : le MMO-RPG.
Car oui, bien que je sois un joueur depuis le début des années 1990, FFXIV est bien le premier MMO-RPG auquel je m'adonne, n'ayant quasiment jamais eu l'occasion de jouer sur PC. C'est donc en novice et en profane du genre que je me suis lancé dans l'aventure, ayant par contre une solide expérience des Final Fantasy Offline.
Au moment où j'écris ces lignes, j'y joue depuis plus d'un mois et ai développé plusieurs classes de personnages, dont une - ma principale - au niveau 20. Alors pourquoi ce moment charnière ?
Car j'envisage aujourd'hui de mettre fin à mon aventure dans le Monde d'Eorzea !
L'aventure est à ce point ratée et désagréable ? Non, au contraire. Je ne saurais pas vraiment l'expliquer, mais j'ai retrouvé dans FFXIV cette marque "Final Fantasy" à laquelle je suis si attachée : un monde pour lequel je développe une certaine sensibilité, ces musiques douces et amicales qui accompagnent notre exploration et qui se transforment en thèmes connus et reconnus lors des confrontations avec les ennemis (et bien sur la fanfare de victoire), les Chocobos, ces lieux pas trop mal agencés et porteurs de légendes malgré leur apparente désuétude, ... Tout est là.
Mais finalement, je crois que c'est l'essence même du MMO-RPG qui m'interpelle et me déstabilise. Car finalement, pourquoi joue-t-on aux jeux vidéos ? Personnellement, c'est pour vivre des aventures riches portées par des scénarios denses dans des lieux porteurs d'exotismes et auxquels se rattachent une mythologie. Et finalement, je suis partiellement servi par FFXIV : l'univers cohérent est bien là. Mais j'ai beaucoup de mal à être porté par l'aventure.
Certes, il y a bien la motivation de faire progresser son personnage. Mais franchement, se taper 20 000 combats sans liens évidents entre eux et se taper tout un tas de missions comme aller chercher des cultures sur le champs du fermier du coin, ça me déconcerte un peu ... En fait, le MMO-RPG me donne l'impression, dans sa structuration, d'avoir inversé par rapport aux RPG classiques, la notion de quête principale et de quêtes secondaires : on passe son temps à accomplir des missions Fedex ou d'extermination dans le seul but de faire progresser son personnage sans trame principale évidente.
Et pourtant, FFXIV n'est pas dénuée d'histoire centrale, intelligemment articulée autour du fléau qui a mis fin à l'univers de la première itération de FFXIV : le 7ème Fléau. Mais cette trame - en tout cas au moment de l'écriture de ce texte - reste présente de façon très discrète ... trop discrète.
Au surplus, j'ai du mal à apprécier l'interactivité entre joueurs présents au sein du Monde. Certes, il y a bien ces missions spécialement conçues pour des équipes plus ou moins grandes, avec un outil de mission capable de vous constituer automatiquement des compagnies. Mais le jeu nous laisse peu l'occasion d'apprécier les choix "humains" de nos partenaires, en comparaison des compagnons machines d'un RPG plus traditionnels.
Si je devais l'analyser avec ma grille de RPG traditionnel, Final Fantasy XIV - A Realm Reborn reste un jeu globalement de bonne qualité, à l'univers plaisant et vaste, fournissant tout un tas de clins d’œil sympathiques et bienvenus au joueur habitué de la franchise, mais très articulé autour de missions diversement motivantes, à l'interface artificiellement complexe, et au contenu finalement désuet ...
Je pense que les habitués du MMO-RPG s'esclafferont à la lecture de ces lignes, mais en fait, je m'attendais et aurait plus apprécié un jeu structuré comme Final Fantasy XII, qui empruntait abondement aux codes du MMO sans pour autant en être un. Et mon illusion a été de penser pouvoir retrouver cet amour fou que j'avais ressenti pour Rabanastre et Ivalice.
J'ai passé une grande partie de cette critique à vous transmettre mes doutes sur ce jeu, mais je voudrais finir par une conclusion positive. FFXIV reste selon moi un bon jeu : pas mal réalisé, accessible même pour ceux qui n'ont pas l'habitude du genre, très calibré, en constante évolution. Je trouve néanmoins qu'il ne parvient pas tout à fait à motiver le joueur à poursuivre l'aventure et à accepter de payer 10€ par mois pour transporter des fruits à travers Eorzea.
