Warning : spoiler
Comme beaucoup l’ont souligné, on ressort de cette histoire avec un sentiment de frustration assez fort. Narrativement très impliquant, avec notamment cette scène d’intro tout à fait exemplaire.
Le sentiment de frustration, largement rapporté par les critiques vient principalement du dénouement. L’histoire prend de fait une tournure assez intrigante, santo campo provoque dans notre esprit tout une panoplie de théories, quelqu’un nous écoute ? On cherche à nous piéger ? À me piéger ? Mais au fait, je ne l’ai jamais vu Delilah ! Est-elle de mèche, si ce n’est pas le cas, pense-t-elle que je suis de mèche ?
Tout cela pour quoi ? Pour être désamorcé par une explication complètement terre-à-terre, presque banale (bien que dramatique.)
En sortant de l’aventure, on se prend à se demander pourquoi campo Santo est parti dans cette direction, surtout après avoir fait autant d’effort (un peu trop ?) pour installer le mystère. On a l’impression que FireWatch passe à côté de l’opportunité de raconter plus, de raconter quelque chose de haletant de bout en bout, ou qu’il n’en a pas eu les moyens.
ET si cette fin eut été l’intention de l’auteur en premier lieu ? Et si le sujet du jeu était justement de montrer nos tendances à préférer croire aux théories les plus délirantes et inquiétante plutôt que d’accepter que nous vivions dans un monde terre-à-terre ou les gens qu’on aime ont Alzheimer. Firewatch prend à revers ce que nous sommes habitués à voir dans les jeux vidéo en termes de fiction, pour nous compter une histoire simple, un morceau de la vie de Henry.
Cette volonté fait immédiatement écho a Gone home, mais là ou Gone home réussissait avec brio et simplicité, FireWatch force tellement le coté théorie du complot (en la rendant quasiment palpable au moment du camp scientifique) qu’il peine à rendre l’explication complétement satisfaisante. Le cerveau humain est suffisamment doué pour élaborer des théories folles à partir de peu d’éléments pour ne pas avoir à nous en montrer autant.
Mais je dois dire que la brutalité du retour à la réalité mêlée à cette fin cataclysmique rend cette dernière traversée du parc très intense, on espère alors encore se raccrocher à Delila, mais celle-ci fera faux bon bouleversé par les remords liés à la mort du jeune garçon. À la fin, il ne reste que Henry et la maladie de sa femme, il ne reste que nous-même face à la réalité.