DEUS VULT !
Annoncé à l'E3 2015, je n'attendais rien de For Honor. Comme d’habitude avec Ubisoft, j'ai appris à rester sur mes gardes et à ne plus faire confiance aux annonces spectaculaires. Une mise en garde...
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le 12 févr. 2017
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Comme d’habitude avec Ubisoft, j'ai appris à rester sur mes gardes et à ne plus faire confiance aux annonces spectaculaires. Une mise en garde légitime afin d'éviter une nouvelle fois le syndrome Watch Dogs et Assassin's Creed: Unity. De loin, le jeu s'apparentait à un système rigide a 3 coups : Gauche, Haut, Droite. Une pâle copie de Chivalry, sauce Ubisoft, ponctuée d'éléments de MOBA déjà vu cent fois.
J'avais tort.
Ce constat, il m'est apparu dans mes premiers instants de jeu, des phases de beta fermées jusqu’à la récente release du jeu. Moment dont j'ai profité pour poncer le multijoueur et finir la campagne solo.
For Honor est un jeu au gameplay singulier et viscéral. A mi-chemin entre jeu de combat, Hack & Slash, MOBA... et j'en passe. A juste titre, For Honor mériterait que l'on crée une nouvelle étiquette rien que pour lui.
Car oui, ce dernier possède bien l'intensité d'un jeu de combat. Chaque duel propose un affrontement intense allant de quelques secondes à plusieurs minutes si les deux joueurs ont le même niveaux. Chaque héros possède son propre panel de coups, ses caractéristiques, ses forces, faiblesses... Certains ont même des sortes de techniques spéciales qui leurs sont propres.
Hack & Slash car les affrontements hors duel à plusieurs peuvent vraiment donner l'impression d'un pugilat en plein air. C'est brouillon, c'est violent, ça se tape dans le dos. Dans ces moments avec lesquels il faut composer, l'honneur semble absent. Et pourtant, cela fait partie de l'expérience.
MOBA car le jeu distille quelques éléments familier dans son mode de jeu nommé dominion. Un mode qui représente la quintessence de For Honor. 4 joueurs contre 4 joueurs se foutent sur la gueule pour prendre des points de contrôle avec des sbires au milieu. Les joueurs peuvent faire appel à des compétences plus ou moins fortes, qui peuvent parfois bouleverser un duel : Heal de zone, attaque mono-cible à distance, attaque de zone, buff/debuff... On y retrouve des bases bien connues, qui apportent une couche supplémentaire au gameplay déjà bien fournis de For Honor.
Côté gameplay, je vous conseille plutôt de le vivre clavier/manette en main tant celui ci est singulier.
Un triangle représentant de quel côté vous tenez votre arme vous permettra d'attaquer et de se protéger de ce même côté. For Honor est un jeu misant avant tout sur votre réactivité et vos capacités de mindgame (deviner les actions de l'adversaire) pour attaquer et se protéger. Le jeu répond vraiment bien, il est tout à fait possible de se protéger d'un coup avec une intervalle de 0,3 secondes par exemple. Vous disposez de coups faibles, assez rapide, et de coups forts, plus lents mais dévastateur. A cela s'ajoute les classiques esquives (dash), roulades, pas de côté, et parades si vous attaquez au dernier moment (et du même côté) lorsque votre adversaire vous attaque. Le jeu dispose également d'un système de brise garde qui vous permet de "stun" un ennemi pendant un court moment afin de réaliser une projection ou une nouvelle série de coups. Attention ce dernier peut cependant réaliser un contre brise garde si il est assez réactif.
Là ou le jeu se distingue des classiques du genre, c'est que chaque héro va avoir un panel de coups plus ou moins fournis qui lui est propre : Enchaînement de coups moyens et faibles allant de 2 à 5 coups, Techniques de brise garde spécifique, attaque d'évasion, système de déviation pour les personnages de type assassins, attaques non interruptibles (comprendre impossible à parer), blocage automatique, système de poison (DoT), garde "réflexe" (qui ne dure qu'un court moment), garde totale (qui vous protège dans toutes les directions), enchaînement infini...
La profondeur du gameplay de For Honor est excellente : Le skill gap entre noob, connaisseurs et progamers est vraiment réelle, tout comme la courbe de progression. A l'instar de jeux reposant sur une dynamique de "héros", il faudra acquérir un certain niveau de "meta-game" afin de comprendre toutes les subtilités du gameplay de chaque héros. Certains héros seront par exemple très bon en harcèlement, d'autres se baseront sur des enchaînement efficaces afin de placer des coups non interruptibles, tandis que d'autres feront tout pour rester à mi-distance et vous empêcher d'avancer.
Alors oui, comme tous jeux de ce type, certains personnages seront légèrement en avant en termes d'équilibrage mais il n'y a jamais de sentiment d'injustice. Si vous êtes mort, c'est que vous n'avez pas été assez réactif. Point barre.
L'honneur, parlons en également. Certains y seront plus ou moins réceptifs :
Personnellement, je suis plutôt le genre d'idéaliste qui va attendre sagement la fin d'un duel afin d'affronter le gagnant. Vous serez d'ailleurs étonné par le nombre de personne qui respecte cet esprit tacite du "Duel" avec un grand D. En particulier en Rixe (2 vs 2) et Match à mort (4 vs 4). Si vous aimez jouer de la sorte un "Please respect the 1 vs 1" dans le chat global en début de combat fait généralement son petit effet.
Néanmoins, et comme tous jeu en ligne, il existe un lot de petite pute de bas étages : Attaque dans le dos lorsque vous vous déplacez, 2 vs 1 et même 3 vs 1. Les plus faibles d’esprits prendront un malin plaisir à vous charcuter sans aucune once d'honneur.
Pour éviter l'abus de ce phénomène, les développeurs ont incorporé un système plutôt intelligent de "Vengeance" via l'intermédiaire d'une barre qui se remplit lorsque vous affrontez plusieurs ennemies en même temps. Une fois activé, votre personnage fera tomber tous les personnages à proximité et bénéficiera d'un gros boost de santé et d'attaque. Un power-up idéal afin de briser les armées d'assassins Jean-Kévin. Bien joué, ce power up permet de retourner la situation de manière inattendue.
Comme d'habitude avec Ubisoft, le cadre historique est assez jouissif. Est ce que le tout est vraiment cohérent historiquement ? Bien sur que non, mais là n'est pas l'ambition. Pas la peine d'avoir fait un Master en Histoire et civilisations anciennes pour s'en rendre compte.
Une vision qui n’empêche pas les armures, chara-design, environnements et musiques d'être de toutes beautés. Nous pouvons voir que le jeu à été fait par des passionnés. Même si certains clichés existent (coucou le casque à corne, coucou le masque d'Oni), les personnages respirent la badassitude et la classe incarnée.
Les animations bénéficient du gage de qualité de Ubisoft. Les personnages attaquent et se déplacent de manière naturelle : C'est ni trop souple, ni trop rigide. Le feeling des coups et des parades est bien là : On tranche, on taille mais pas comme un boeuf, ni comme un super-héro. Les coups sont tantôt lourds, parfois léger, mais sonnent terriblement juste. Pas de doute de ce côté là, la motion capture a fait des merveilles. A titre de comparaison, le feeling se rapproche de ce qui a été fait pour Ryse: Son of Rome. Mention spéciale aux exécutions, toujours jouissives et stylisées.
Du côté de la technique, For Honor bénéficie du Anvil 2.0. Un moteur utilisé depuis Assassin's Creed: Unity avec les déboires que l'on connait. Néanmoins, ce dernier est bien sûr beaucoup mieux optimisé. Le jeu tournera assez proprement sur beaucoup de machines. Les personnes ayant des grosses configurations déploreront cependant le manque d'options graphiques du titre, qui sont facilement atteintes. On se dit au final que c'est dommage, le jeu aurait pu être encore plus beau avec des rayons crépusculaires, des ombres plus convaincantes et des options d'anti-aliasing plus poussées. Néanmoins le jeu est fluide en toutes circonstances, même avec plusieurs PNJ à l'écran. Une belle réussite.
Là ou le jeu m'a surpris, c'est dans sa dimension de personnalisation. Chaque héros peut être plus ou moins personnalisé de la tête aux pieds : Couleurs, tatouages, emblèmes, symbole, motif... Les plus tatillons passeront de longues minutes à personnaliser chacun de ses héros.
L'armure (plastron, gantelets, brassards et heaume) tout comme l'arme (lame, poignée, garde, bouclier) peuvent être modifiées en fonction de l'équipement trouvé à la fin de chaque combat. Ces derniers afflueront sur vos caractéristiques (de manière assez légère cela dit) : attaque / défense, délai de récupération, blocage, fatigue...
Ces dernières restent toutefois, d'après ce que j'ai expérimenté, assez minimes. Vous ne vous retrouverez jamais face à un Jean-Kévin avec son "épée de la mor ki tu". D'autant plus, ces éléments ne sont jamais vraiment purement positifs. Chaque item peut être amélioré sur plusieurs niveaux.
Pour tout vous dire, je choisissais mes éléments d'armures plutôt pour leur look que leurs caractéristiques.
Ici, nous sommes plongés dans une uchronie où les Chevaliers, Vikings et Samouraïs s'affrontent sur un continent qui a mystérieusement fusionné. Dans l'ombre, une antagoniste attise les rivalités entre faction afin de les inciter à se battre entre eux plutôt que de connaitre la paix. Les trois factions se livrent donc une guerre de territoire sans merci. Pour avancer dans ce domaine, le jeu offre une carte tactique où vous pouvez jouer sous les bannières de votre faction préférée. A chaque victoire, chaque joueur peut contribuer à l'effort de guerre afin d'obtenir des territoires. A quoi ça sert me direz vous ? Une faction avantagée aura simplement un bonus d'expérience et de loot à la fin de chaque partie. Ce système de combat de fond apporte certes une couche supplémentaire, mais reste plutôt anecdotique. Le système est pensé pour être saisonnier. A l'issue de chaque saison, le camp victorieux obtiendra des récompenses et bonus spécifiques.
Je n'attendais pas grand chose de la campagne de For Honor car le jeu n'a jamais été vendu pour son mode histoire. La campagne, même si elle ne prétend pas être l'élément central du jeu, à le mérite d'exister et d'être bien mise en scène. Cette dernière est composé de 3 Chapitres : Chevaliers, Vikings et Samouraïs. Chaque arc narratif vous met dans la peau d'un à plusieurs personnages ; une raison suffisante pour vous permettre d'appréhender de manière didactique le gameplay de plusieurs classes et de renouveler la mise en scène entre chaque niveau. De plus, la campagne a notamment le mérite de vous faire jouer sur des cartes différentes du mode multijoueurs. Une bonne chose, qui permet de mieux apprécier l'étendue du travail effectué par l'équipe artistique derrière For Honor.
4 Modes de difficulté sont proposés, du novice au réaliste (pas de checkpoint, adversaire avec énormément de vie, pas de HUD), qui rendra surement fou les hardcores gamers. Chaque niveau propose également son lot d'éléments destructibles et d'éléments observables, parfois très bien cachés. Les amateurs du 100% passeront surement beaucoup de temps afin de tous récolter et de tout observer.
Côté mise en scène, il y a parfois de jolis moments d'éclats (on pensera notamment à la course à cheval Vikings, l’assaut du bastion avec les chevaliers, et la scène de l'éléphant avec les samouraïs) mais l'ensemble reste tout de même assez répétitif. Certains cartes sont rejouées plusieurs fois, jusqu’à l’écœurement (mention spéciale au bourbier samouraïs, rejoué presque 4 fois sur l'ensemble de la campagne). Au final, comptez au moins 7 à 9 heures de jeu tout de même. Une belle réussite mais qui laisse un peu sur notre faim en termes d'intensité, de situations épiques et d'enjeux.
Comme expliqué en intro de cette critique, je n'attendais rien de For Honor.
Le fait est que For Honor est un jeu beaucoup plus ambitieux qu'il n'y parait. A la fois fun, viscéral, complexe et original, le jeu propose une expérience singulière dans le paysage vidéo-ludique actuel. Une réussite de la part d'Ubisoft, qui nous avait trop habitué à tort, à nous pondre des jeux au gameplay certes sympathique, mais relativement (trop) accessible. De par son gameplay assez riche et réactif, le jeu découragera probablement les casuals gamers et les amateurs de simulateur de ballade champêtre. Néanmoins, les fans de compétitions, de challenge et de PVP se presseront surement d'adouber For Honor dans le cercle très fermé des jeux compétitifs.
Pour l'heure, le jeu accuse un net-code parfois aux fraises avec un léger manque de stabilité et de souplesse dans l'ergonomie. Un syndrome qui rappelle les débuts de Rainbow Six: Siege. Mais ce que l'on peut souhaiter à For Honor, c'est que les développeurs s'attachent à leur bébé comme ils l'ont fait pour ce dernier (Rainbow Six: Siege) : Mises à jour avec héros et maps gratuites, nouveaux éléments de personnalisation, correction des bugs (oui ils en existent quelques un, mais le jeu reste parfaitement jouable), peaufinage du gameplay, de l'équilibrage, amélioration du net-code...
Quoi qu'il en soit, l'aventure For Honor ne fait que commencer et cette dernière possède tous les éléments pour faire de ce titre, un très bon jeu sur la durée.
Vous me retrouverez sur les rixes et champs de batailles à pourfendre l'impie et le païen.
DEUS VULT.
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le 12 févr. 2017
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