Le tisonnier c'est la vie !

« Minuit. Une sirène retentit dans le nuit.
Une mer rouge sang engloutit les terres autour du village d'Hanuda. Attirés par le son de la sirène, les habitants s'engouffrent dans l'eau pour en ressortir peu après sous la forme de Shibitos, des morts-vivants.
Cependant, dix personnes ont survécu à cette affreuse nuit. Au cours des trois jours qui vont suivre, elles vont chacune à leur tour connaître la terreur et ce n'est qu'en confrontant leurs expériences qu'elles pourront trouver une explication à ce cauchemar.
Ces survivants vont acquérir le don de Vision, la possibilité de voir par les yeux d'autrui. Ils devront se fier à leur instinct et lutter pour survivre. Mais il n'y a pas de héros. Il n'y a pas d'espoir.
Il n'y a qu'une sirène qui hurle. »

Sur le papier ça sonnait plutôt bien...
Forbidden Siren est typiquement le genre de jeu que j'ai du mal à noter, le titre se veut original mais ses bonnes idées sont en fait contrebalancées par autant de défauts qui viennent gâcher le plaisir de jeu.

L'ambiance est clairement le point fort du titre, le thème principal n'a rien à envier à une composition de Yamaoka et les râles des Shibitos font froid dans le dos. On regrette cependant que le jeu ne nous laisse pas choisir la langue : le doublage français est absolument exécrable, probablement un des pires que j'ai entendu dans un jeu vidéo. C'est d'autant plus dommage puisque l'action se passe dans un village typiquement japonais... J'ai d'ailleurs eu la curieuse impression que tout le « travail » de localisation tentait de saboter le jeu, si la traduction s'avère correcte vous aurez tout de même le privilège de faire un niveau en espagnol ! Olé !
Graphiquement, le jeu tient la route et nous propose une esthétique qui se démarque de ces concurrents, même si on ne voit pas toujours très clair, les différents environnements sont plutôt réussis. Nous faire vivre l'aventure à travers plusieurs personnages ressemblant à monsieur et madame tout le monde était un pari risqué, mais réussi, ce qui permet encore une fois au jeu de se démarquer en proposant une narration éclatée.

Comme tout bon Survivor qui se respecte, le gameplay est rigide à souhait, Siren se permet même le luxe de se compliquer la vie en découpant certaines actions en plusieurs étapes. Par exemple pour faire avancer une voiture il faut donc :
1) Déverrouiller la portière
2) Rentrer dans la voiture
3) Démarrer
4) Lever le frein à main
5) Appuyer sur l'accélérateur

Ajoutez à cela une difficulté assez élevée et inégale et vous avez de quoi rebuter pas mal de joueurs. Il suffit en effet de deux ou trois balles (oui, les Shibitos sont armés et sont parfois postés en sniper) pour tuer un adulte, quant aux enfants, il suffit qu'un ennemi s'approche d'eux pour avoir droit à un joli gameover. Bien entendu vous êtes désarmés la plupart du temps et les Shibitos, eux, sont immortels. Cette fois-ci, c'est vous la proie et vous aurez réellement l'impression de devoir survivre.
Heureusement on peut se reposer sur la « Vision », au cœur du gameplay, elle va devenir une nécessité absolue afin de repérer les morts-vivants. Inutile d'espérer franchir les niveaux en ligne droite comme un bourrin, il va falloir les connaître sur le bout des doigts pour pouvoir passer sans attirer l'attention. Et croyez-moi vous aller les connaître ! Les développeurs ont eu l'idée étrange d'assigner plusieurs objectifs par niveau, le deuxième ne se débloquant souvent qu'après avoir terminé le chapitre en question. Il n'y a rien de plus rageant que de finir un niveau frustrant à souhait pour voir s'afficher sur l'écran : « Mission 2 : Finir le niveau en moins de 5 min ». Voilà justement le principal défaut du titre, vous devez refaire les niveaux tellement de fois que toute frayeur disparaît, le comble pour un jeu d'horreur.

Finalement, Forbidden Siren laisse un arrière goût étrange, même s'il est bourré de bonnes idées, trop de défauts viennent noircir le tableau. Ce n'est pas un mauvais jeu, il mérite qu'on s'y investisse, mais il aurait pu être tellement plus, les amateurs du genre devraient s'y essayer au moins une fois, les autres passeront leur chemin...