Pardonne-nous, ô Saint Doom. La génération Z a commis le péché
mortel avec ton Fils : Doomguy, qui, que Son Nom soit sanctifié,
apparaît au côté de Marie dans un accoutrement licorne. Par les Saints
d’id Software, approuve ce jeu en guise d’offrande et accorde-nous ta
clémence. Enfin, en pénitence nous acceptons de modder encore ton
Saint Nom pendant deux décennies.
Byte Barrel... Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais si on annonce PlayWay là deux réactions sont possibles : 1) « Ah oui l’éditeur d’Europe de l’Est qui sort des simulateurs nawak. », 2) « Désolé, je suis joueur console je ne connais pas PlayWay ». Effectivement, Byte Barrel a sympathisé avec l’éditeur PlayWay pour un jeu, anticipé en 2019 et encore aujourd’hui en phase de test, MythBusters : The Game. Le truc, c’est qu’on va parler de Forgive me Father, développé par Byte Barrel et édité par 1C Company, qui est disponible. Pourquoi donc traiter de MythBusters : The Game et PlayWay questionnez-vous ? La réponse est simple, les rares jeux qu’ont réussi à financer PlayWay sont géniaux, et qu’il fallait une bonne raison d’enchaîner sur 1C.
1C Company est une autre boite d’Europe de l’Est spécialisée dans l’édition et a pour vocation de satisfaire les EHPAD. Son objectif ? Faire plaisir au Grand-Age en accordant les finances à des genres niches. Vous souhaitez faire un Doom-like en 2022 ? 1C Company. Un jeu de stratégie focalisant sur la micro ? 1C Company. Un autre axe politique ? 1C Company. Une simulation planifiée sur une durée d’exploitation de plus de dix ans ? 1C Company. Bref vous me voyez venir, Forgive me Father n’est pas un jeu à vocation de satisfaire le grand public.
Non, le jeu de Byte Barrel est un rétro FPS sanguinolent à la direction artistique léchée. Il ne s’adresse pas à ceux qui ont aimé DOOM, mais ceux qui aiment Doom. On parcourt des niveaux linéaires dans lesquels des hordes de monstres écervelés ont un unique but : tuez le joueur. Pas question ici d’une IA révolutionnaire, on en aurait que faire, mais d’éviter des boules colorées tout en déversant nos pruneaux. Alors on esquive et on tire sur tout ce qui bouge et c’est drôle, plus qu’à l’accoutumée, car il nuance de ses ancêtres grâce à une folie meurtrière qui se gagne à chaque balle logée chez les vilains. Outre le fait que visuellement on perd la vision des couleurs (sauf le sang, bien-sûr), on reçoit la possibilité d’utiliser des objets pour... tuer encore plus vite. Forgive me Father revête donc un aspect stratégique dans ses nettoyages, surtout que couplé à un arbre de compétences non linéaire ont obtient l’occasion d’adapter le gameplay à son envie.
Oui, on s’éclate sur Forgive me, particulièrement quand les boss font apparitions. On ne mène plus la danse, on se fait chahuter par ces derniers. Par contre c’est à l’ancienne, c’est parfois rude, voire trop difficile, obligeant presque à piper l’expérience pour s’en sortir. Parfois c’est des problèmes de level design ou que trop d’adversaires font irruption, d’autres moments c’est la sauvegarde (qui au passage est manuelle à des points clefs) qui est trop éloignée.
Cependant malgré ces tumultes, Byte Barrel tient bon la barre pour amener son sujet à bon port : la folie. L'histoire gravite autour d'une disparition mystérieuse comté par un narrateur et supplée par le protagoniste. Ainsi, un double point de vue s'installe et se confronte tout au long de l'épopée. C'est principalement sur la fin que cela se resent, des perspectives irréelles, des vides pleins, des retours sans allés.. On sombre, petit à petit dans l'univers lovecraftien qu'utilise Forgive me Father.
Pour autant, les huit heures qu'il m’a fallu pour terminer le jeu sont passées rondement et le plaisir de jouer est resté intact du début à la fin. On regrettera juste un level design parfois confus, alambiqué pour pas grand-chose et une difficulté en dents de scie. Surtout, c'est la façon dont le jeu amène à la folie qui risque d'en surprendre plus d'un.