Testé quelques minutes chez mon frère, Forgive me Father (2022) fut à ce moment-là une agréable surprise. En rentrant chez moi, je n’ai pu résister à l’appel de Cthulhu et me suis procuré ce titre pour une bouchée de pain. Jeu de tir à la première personne dans le style des Doom-Like des années 90, le titre de Byte Barrel arbore une patte artistique à l’ancienne mélangeant des environnements en 3D avec des éléments en 2D : monstres, armes, objets du décor, etc. L’ensemble donne un aspect unique au jeu s’approchant des bandes dessinées ou des romans graphiques.
En parlant de roman, inutile de préciser que Forgive me Father s’inspire très fortement de l’univers Lovecraftien, il suffit pour s’en convaincre d’y jouer ou de regarder sa direction artistique dotée de ses nombreux tentacules si caractéristiques. Au départ, il est possible d’incarner deux personnages au choix, une journaliste et un homme d’église. Pour ma part, j’ai entièrement parcouru cette aventure avec l’homme d’église. Ces deux personnages se différencient par leur histoire mais surtout par leurs capacités.
Dans Forgive me Father, vous allez devoir parcourir différents niveaux en tuant bien évidemment tout sur votre passage grâce à un arsenal varié qui s’étoffera au fil de votre progression. Comme tous les FPS des années 90, les niveaux sont truffés de secrets, de passages annexes et d’armes cachées à découvrir. Si au départ, il est relativement simple de compléter les niveaux à 100%, vers la fin, vous passerez la plupart du temps à côté si vous ne faites pas l’effort de scanner les environnements de A à Z. Un système de points d’expérience viendra récompenser les plus habiles et les plus persévérants d’entre vous. Ces points alimentent un arbre de talent unique pour chaque personnage. Le père de l’église est doté de capacités qui lui permettent de remonter sa vie grâce à sa croix, d’un pouvoir permettant de « stun » les ennemis dans une zone face à vous, d’un pouvoir empêchant de mourir pendant quelques secondes si vous êtes dans la merde, etc. La notion de folie fait partie intégrante de l’aventure, les développeurs ont joué la carte lovecraftienne au maximum. Il sera donc possible de basculer du côté obscur de Cthulhu en augmentant ses armes avec des capacités de l’autre monde, je n’en dis pas plus mais globalement soit vous restez humain soit vous pouvez modifier vos différentes armes via des compétences sortant du champ de l’humanité. C’est sympathique et original pour le coup mais ne change absolument pas le scénario. Toujours dans l’arbre de talents, vous retrouverez les classiques « augmentation des munitions que vous pouvez porter », « augmentation de votre barre de vie », bref les trucs habituels.
Clavier et souris en main, Forgive me Father est vraiment jouissif, bourrin et précis. Vous devez éliminer les nombreuses menaces qui entravent votre chemin. On appréciera la diversité du bestiaire et la finesse des illustrations 2D pour l’ensemble des monstres. Le gameplay très bourrin consistant à tout défourailler est très agréable, mais il est possible de la jouer fine en prenant des armes comme le pistolet pour viser la tête directement et maximiser les dégâts. Le gameplay et la direction artistique s’affirment comme les points forts du titre de Byte Barrel. Côté scénario, c’est une énième resucée du Cauchemar d’Innsmouth : vous vous réveillez en pleine nuit dans une auberge humide paumée au milieu d’un village bizarre où les habitants vous regardent avec leurs yeux vitreux de poisson pas frais… et le carnage commence jusqu’au à la monstruosité finale mettant fin au cauchemar.
En ce qui me concerne, le seul reproche que je ferais au titre est sa longueur. Je trouve que le concept et l’univers visuel développés ici sont excellents mais qu’il n’était pas obligatoire de les étendre à ce point. Le jeu prend environ 8h à finir et se répète inlassablement dans le dernier tiers, dommage. Allez, j’ajouterai aussi le scénario passable et déjà vu maintes et maintes fois.
En conclusion, j’ai passé un excellent moment sur Forgive me Father. Il est dans la veine des FPS bourrins, à l’ancienne, à la direction artistique travaillée et au level design truffé de secrets (Prodeus fait dernièrement lui ressemble beaucoup). Bref, l’ADN des jeux d’avant. Simple à la prise en main, direct sur son propos et court dans sa réalisation (7-8h pour en voir le bout), il fait partie de ces titres rafraîchissants qui ne demandent pas 80h pour passer à autre chose. L’univers Lovecraft ici est finalement bien exploité (visuellement je parle) mais sert surtout de prétexte à doter les personnages d’armes étranges et à se faire plaisir sur la direction artistique des monstres. Si vous aimez la licence Doom ou les jeux comme Prodeus, foncez !