Forza Motorsport par Romain Glbt

Cette nouvelle itération d'un Forza Motorsport perd son numéro et semble indiquer un jeu-service propice au Gamepass. Ou CQFD, en étant moins dupe, par défaut un prétexte à légitimiser des imperfections, son faible contenu et sa mauvaise finition à sa sortie. On a l'habitude. Heureusement, rien n'est tout blanc ou noir mais la majorité des critiques qu'on peut lire, positives comme négatives, ont raison. C'est le profil de chaque joueur qui définira la qualité de son expérience sur Forza.

Pour ma part, avoir à peine touché à Forza 7 et jamais à la série avant m'épargne une comparaison qui pourrait poser des questions sur l'évolution de la série malgré 7 années séparant les derniers épisodes : une vingtaine de circuits c'est faible malgré 48 tracés différents, surtout quand on en connait déjà la majorité.

Plus étrangement, je détestais l'interface de Forza 7, peut-être par simple ignorance : trop de répétitions d'options/réglages à chaque écran, incompréhension du système d'achats/locations des véhicules, mode Carrière soporifique, etc. J'ai une phobie des interfaces de merde et celui-ci me dégoutait avant même d'être au volant. Or, sur ce Forza Motorsport, à l'apparence pourtant relativement identique, ça me satisfait. Allez comprendre. J'ai rejoué à Forza 7 après et l'interface de ce nouveau FM m'est clairement plus compréhensible et apaisante. Néanmoins, sans que cela me dérange, je n'explique pas les petits chargements dans un jeu nouvelle génération. On évite pas non plus quelques bugs/freezes obligeant à relancer le jeu. Heureusement ceux-ci n'interviennent que dans les menus donc l'incidence m'est nulle.

Et sinon, puisque je prends du plaisir à parcourir les séries (compétitions de 5-6 courses) du mode Carrière, aussi classique soit-il, je suis heureux avec ce Forza. J'apprécie que chaque série nous fasse découvrir des types de véhicules différents, chacune avec un style de conduite qui lui est propre et un système d'amélioration linéaire et automatisable (2h par véhicule), toutes avec une excellente sensation de vitesse. La conduite est immédiatement plaisante au volant. Aucun moment n'est perdu. Des qualités qui vont de pair avec le format de compétition et l'IA.

Tout d'abord réticent à l'absence de qualifications et au placement libre sur la grille qui récompense le fait de partir bas sur la grille (+ de points / monnaies virtuelles), c'est finalement un bon choix ludique même si avoir un choix sur le format resterait l'idéal. Sur l'exemple d'une grille inversée, on est donc perpétuellement dans une course avec toute la grille à remonter, et c'est l'éclate. Selon la situation et la difficulté, la définition de victoire devient propre à chacun. D'ailleurs, c'est pourquoi le jeu ne freine jamais votre progression d'une série à l'autre.

Si ce format est finalement satisfaisant, c'est aussi grâce à la qualité la plus unique de Forza Motorsport dans un jeu de course : l'IA. Celle-ci apprend du comportement des joueurs pour adopter des conduites humaines. Et ça marche ! On n'a jamais l'impression d'évoluer face à une IA sur rail. Elle n'hésite pas à être agressive, généralement dans la bonne limite des règles, elle part à la faute, rate des virages, etc. On a le sentiment de pouvoir leur mettre la pression. C'est souvent jouissif. Evidemment, nul n'est parfait et vous aurez l'occasion de pester contre l'IA. Comme il nous arrive de pester contre le comportement d'un Sainz ou Perez dans un GP de F1, ou contre des sanctions bien insuffisantes. Mais c'est dérisoire face aux bénéfices qu'elle nous apporte.

Un sentiment de satisfaction qui va de pair avec la principale qualité technique de Forza : les effets visuels. C'est en vue capot que le jeu se met le plus en évidence et notamment pour ses effets de pluie ou de nuit. Mais j'aime également tous les effets de terre qui nous font deviner la mauvaise trajectoire prise par un pilote nous devançant, etc. C'est très beau. A noter également l'usage automatique de livrées (grâce à la communauté) sur les véhicules de l'IA qui participent tant bien que mal à un sentiment de réalisme, à défaut de compétitions/licences officielles.

En revanche les vues en intérieur témoignent du manque de soin apportés aux véhicules. Ils pourraient largement mieux faire, quitte à nous dispenser de 500 véhicules (c'est bien trop). Pour le reste, le jeu fait largement le taff' à condition d'aimer le "tape-à-l'oeil" car Forza ne cherche pas une authenticité visuelle pure et dure. Ce critère et ressenti "graphique" va vraiment dépendre de la caméra du joueur, etc. Je le redis, c'est vraiment en vue capot que je trouve le jeu top. Mais les autres caméras n'apportent pas la même qualité. Je regrette également la gestion du carburant : à chaque course, devoir le mettre à niveau du nombre de tours tandis que l'IA ne fait rien. Autant ne rien proposer.

L'autre grande force de la licence est le jeu en ligne. Après trois courses, le jeu va noter notre niveau de sécurité routière, puis actualiser si nécessaire notre niveau. Cette pression, bien qu'elle ne soit pas tangible, ainsi que celle des sanctions/pénalités qui tombent pendant la course, laissent à penser que les joueurs font l'effort de se comporter correctement. En tout cas, c'est l'impression que j'ai eu pour moi-même (le sentiment de honte qui m'habiterait à ne pas avoir un S ou à avoir des pénalités) et pour les autres. On peut dire que cela freine les ardeurs des joueurs. On a donc des courses disputées de manières passionnées et réglementaires, saupoudrés d'une infime part de stratégie (sur le choix des pneus). De quoi redonner goût au jeu en ligne, loin d'un "open lobby" devenu synonyme de course bordélique.

Et tout aussi bien : enfin du jeu en ligne sans temps perdu à attendre des joueurs dans des salons. Miracle. Vous avez plusieurs évènements au choix avec un horaire de début de course, vous prenez celui que vous voulez et vous partez en essais libres + qualifications sur le temps disponible avant la course. Second miracle, les courses se disputent sur des véhicules à niveaux égaux. Que ça fait du bien.

On pourra toujours revenir sur des défauts du jeu pour noircir un peu le tableau, mais souvent sur des critères qui n'impactent aucunement mon expérience personnelle. Ainsi, oui le mode Replay est si naze qu'il en devient inutilisable (gestion de retour en arrière / avance dérisoire, aucun repère sur le déroulé de la course, etc). Et le mode Spectateur n'existe pas. Pour ceux qui participent éventuellement à des Ligues ou Championnats communautaires, c'est chiant. Comment l'expliquer alors que ça existait (en mieux) sur FM7 ?

Bref, ce Forza Motorsport sort avec des défauts qu'il est objectivement bien difficile d'ignorer. Même Mode Carrière, pas plus de courses et quasi aucune originale, aucun effort sur les arrêts aux stands, moins d'options ou dysfonctionnelles, quelques bugs, downgrade graphique entre les trailers et le jeu, etc. On comprend ainsi le fan déçu, d'autant plus celui qui aurait déjà retourné FM7 et dont la comparaison souffrirait respectivement aux 7 années passées entre les 2 épisodes, bien que cela ne dise pas que FM soit en développement depuis 7 ans.

D'autres dont moi y trouveront malgré tout la référence du simcade (compromis de la simulation de course et du jeu de course accessible) sur circuit, bien que la concurrence ne soit pas folle (GT, F1). Et pour le coup, je préfère sans équivoque le parti pris de Turn10 ("tape-à-l'oeil", immédiatement plaisant et efficace) à celui de Gran Turismo (davantage destiné à l'Histoire et aux passionnés de l'automobile). D'autant que les critiques relèvent une conduite au volant plus poussée et agréable sur FM. Et si je ne peux pas les comparer, je valide l'expérience de conduite. Mais c'est vrai que FM n'a pas d'identité forte (interface et modes de jeu impersonnels). Alors heureusement que sa conduite, l'IA et son jeu en ligne en sont ses qualités principales, finalement les qualités principales qu'on attend d'un jeu de course.

On restera néanmoins vigilant à l'évolution du jeu dans le temps car les Pass VIP, etc pour rajouter des véhicules aux 500 véhicules déjà présents, on en a rien à foutre. Donnez-nous des nouvelles séries à thème (y'a de quoi faire) avec quelques circuits supplémentaires.