Frostpunk
7.5
Frostpunk

Jeu de 11 bit studios (2018PC)

Critique du jeu dans sa version Game of the Year Edition


Développé par 11 bit studios, responsable de la saga Anomaly, mais surtout de This War of Mine, duquel Frostpunk reprend son sérieux, le fait de traiter premier degré de sujets pesants ainsi que son côté dépressif ; le jeu dont il est question ici a cependant l'avantage, face à un This War of Mine, d'être en plus de ça un très bon jeu vidéo, de ne pas seulement se reposer sur ses thématiques.


En effet, le gameplay de Frostpunk, sans être parfait, est maîtrisé. Atypique dans sa gestion des bâtiments en « arc de cercle » autour d'un générateur dont l'activation est nécessaire afin de faire profiter de sa chaleur à ces mêmes bâtiments érigés autour de lui. Le city builder exigeant, de surcroit, de gérer le mécontentement et le désespoir de notre communauté, mais surtout, de survivre au froid, fléau de ce monde alternatif dans lequel l'éruption du Krakatoa, en 1886, aurait masqué le soleil.

En tant que city builder, Frostpunk n'est certainement pas le jeu le plus complet du genre. La gestion des ressources n'est pas aussi poussée qu'un Banished, les développeurs n'ayant pas hésité à passer outre bon nombre d'étapes dans la chaîne de production d'une ressource. Aussi, il lui manque quelques fonctions d'automatisation dont l'absence se fait d'autant plus ressentir en mode infini.


Mais forcément, c'est au niveau de sa manière de nous présenter ses choix, d'amener systématiquement le joueur au pied du mur, que le titre gagne en intérêt. Pour le coup, même si certains se révèlent meilleurs que d'autres, j'ai beaucoup apprécié traverser chacun des six scénarios que contient le titre. Reste à bien rappeler que j'ai joué à Frostpunk… l'intégralité de ses extensions incluses. À l'origine, le jeu ne possédant pas de mode infini et ne comportant que trois scénarios. En plus de ça, il est à noter que les scénarios 2 et 3 (inclus dans le jeu d'origine donc), sans être mauvais, sont sans nuls doutes les plus faibles des 6. Bref, tout ça pour dire qu'il me semble obligatoire de jouer à Frostpunk avec la totalité de son contenu additionnel afin de vraiment pouvoir profiter du jeu.

En outre, et quitte à continuer à pinailler un petit peu, le titre a beau conduire le joueur face à deux choix lorsque nous sommes arrivés au second tiers de ses scénarios, l'ordre ou la foi, reste que tout cela revient sensiblement au même et que les développeurs se complaisent un peu trop dans une logique défaitiste. Certes, il est possible de terminer l'aventure sans avancer dans les branches des deux voies susmentionnées, de ne promulguer que des lois considérées comme bonne moralement par la population, ce que tout joueur finira par faire tôt ou tard, que ce soit pour le challenge ou pour vérifier si cela impact réellement la fin (spoiler : pas tant que ça). Mais malgré tout, force est de constater qu'il manque une sorte de troisième voie, vraiment plus optimiste. Finalement, une fois cette partie « pur » terminée, une fois qu'on aura terminé un scénario sans signer aucune loi compromettante, on reviendra sur les scénarios de base en se comportant comme le dernier des cadres de chez Total : en faisant les choix qui nous seront le plus profitables sur le long-terme, qu'importe ce que subit l'humain derrière.


Malgré tout ça, j'ai beaucoup apprécié Frostpunk. Encore une fois, il me semble important de rappeler que j'ai joué au titre dans sa version complète, et qu'il s'agit de la version que je critique ici (sans quoi la note finale aurait surement eu droit à un point en moins). Et encore une fois, j'ai été captivé par ma première traversée des six scénarios. En l'occurrence, ceux qui ont été ajoutés après coup, via les DLC donc, arrivent à amener le jeu à un autre niveau, tout en développant intelligemment le lore.

La Chute de Nidhiver est le plus classique des trois, mais permet d'en apprendre plus sur cette ville qui est tant mentionnée dans le premier scénario.

Le Dernier Automne est sans nul doute mon scénario préféré, mais aussi le contenu avec le gameplay le plus atypique. Cette histoire étant un préquel centré autour de la construction d'un générateur. Aussi, autant je suis rarement choqué quand je joue à un jeu vidéo, autant le coup de pouvoir créer un camp de concentration afin de terminer le générateur dans les temps, franchement, ça m'a fait quelque chose.

Enfin, Au bord du Gouffre apporte une mécanique d'entraide intéressante entre notre ville et celles voisines. Probablement le contenu le plus optimiste du lot, en tous cas celui qui est le plus porté sur l'avenir. Dommage qu'il souffre de nombreuses coquilles au niveau de la traduction (fun fact : le tout dernier scénario de This War of Mine était lui aussi mal traduit… hâte de voir si ça va être constant ?).


Enfin, reste à évoquer la direction artistique du titre, son ambiance hors du commun (la première fois qu'on assiste à la tempête !), sa tension. La BO de Piotr Musiał (le compositeur attitré du studio qu'on a aussi pu entendre en jouant à l'extension Blood & Wine de The Witcher 3), très bien exploitée. Rien à reprocher au titre à ce niveau-là donc.


Bref, une véritable réussite qu'est ce Frostpunk. Après plusieurs épisodes d'Anomaly avec un gameplay solide, mais pas grand-chose d'autre à côté, puis un This War of Mine pour lequel c'était tout l'inverse, v'là que Frostpunk arrive enfin à nous montrer qu'11 bit est capable de concilier les deux. De nous livrer un jeu tout autant addictif que déprimant.

L'étape du très bon jeu a été franchi, reste à atteindre l'excellence. Je ne me suis pas intéressé à la suite jusqu'à présent, mais j'ose espérer que Frostpunk 2 y arrivera (je joue déjà à mes jeux avec 6 ans de retard, manquerait plus que je me montre assidu auprès de l'actualité). Qu'il ira plus loin que les choix binaires proposés jusqu'alors, qu'il apportera davantage de nuances (à l'instar d'un Tropico qui nous impose de devoir trouver un compromis avec les religieux, écolos, militaires, etc.), mettant plus de poids encore sur nos décisions politiques. Le coup des londoniens (des déserteurs) n'était pas une mauvaise idée, mais assez mal exploité : nous présentant une masse uniforme qui perd en poids en fonction de la répression que nous exerçons sur notre population. Il y a décidément de la matière, de quoi aller plus loin, d'insister encore plus sur la complexité de l'être humain.

En tous cas, j'ai hâte de voir ce que le studio nous livrera par la suite, avec Frostpunk 2, mais aussi avec The Alters.

Créée

le 23 juil. 2024

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MacCAM

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