Furi
7.5
Furi

Jeu de The Game Bakers (2016PlayStation 4)

Ces dernières années, l'exigence au service du gameplay semble être revenue d'entre les morts, après des années de disette à marteller une ou deux touches de façon presque aléatoire pour défoncer tout sprite ayant l'audace d'approcher un peu trop près de Kratos, Ezzio ou Batman. On peut remercier pour cela From Software et la série des souls, qui ont donné plus de visibilité à une nouvelle vague de jeux ayant pour credo l'idée qu'une épreuve exigeante apporte une énorme satisfaction lorsqu'elle est surmontée. Cette idée du jeu vidéo, les développeurs français du studio The Game Bakers l'ont faite leur, lorsqu'en 2016 ils proposent Furi.


Dans ce jeu, on incarne un personnage dont on ignore tout, si ce n'est qu'il est prisonnier et voué à être torturé pour l'éternité par son geôlier. Enfin... jusqu'à ce qu'un allié mystérieux ne l'aide à rompre ses liens. Ce dernier lui apprend que lui aussi est prisonnier et que, pour quitter cette prison, il va falloir battre le gardien de chaque niveau qui la compose et le tuer. Le reste du scénario sera distillé au fur et à mesure de la progression du joueur, venant récompenser ses prouesses. Il faut d'ailleurs noter, sans rien spoiler, que la fin du jeu est à la mesure des efforts demandés pour l'atteindre: une vraie fin, conséquente, réussie et riche en informations. Mais, il ne faut pas brûler les étapes: quelques instants après sa libération, le héro, qui a l'air aussi taciturne qu'il est taiseux, se retrouve sabre à la main et pistolet à la ceinture, face à son geôlier, prêt à en découdre.


C'est là que le joueur entre en scène, manette à la main. Il est rapidement mis au courant des rudiments du gameplay: enchaînement de coups rapides, coup chargé, tirs rapides, tir chargé, esquive et parade. C'est simple à assimiler, long à maîtriser réellement, et le protagoniste répond au doigt et à l’œil. En face, chaque nouveau gardien va devoir être étudié, car chacun possède sa façon de se battre ou une nouvelle idée de gameplay et il faut bien observer le pattern des ennemis pour ne pas se faire punir plus que de raison. On alterne entre phases de combat rapproché très nerveux et phase de shoot them up façon danmaku où les projectiles pleuvent. C'est très exigeant et les échecs, toujours imputables au joueur, sont nombreux contre certains adversaires. Mais le jeu parvient à trouver cette alchimie qui fait qu'on a toujours envie de relancer la partie après un échec et qu'on finit par comprendre, progresser et franchir l'obstacle. Ce qui semblait insurmontable se fait ensuite les yeux bandés (ou presque, il ne faut rien exagérer).


Esthétiquement, le jeu est une vrai réussite. Le character design est vraiment convaincant: l'apparence du personnage principal tient à la fois du samourai et du desperado, tout en mettant en avant le caractère sci-fi de l'univers. Une vrai prouesse. Les PNJ ne sont pas en reste: leur apparence est très inspirée de l'art graphique japonais (manga, anime et jeux vidéos), et certains d'entre eux n'auraient pas détonné dans une équipe de vilains de MGS. Les différents niveaux de la prison proposent une ambiance variée: on traverse entre autre un désert, une prairie florissante, une zone enneigée, des espaces complètement futuristes... avec à chaque fois une ambiance pesante de fin du monde. La mise en scène est vraiment sidérante: le rythme, le cadrage, et la bande musicale électro font des merveilles, l'immersion est totale. Chaque voyage entre deux gardiens est l'occasion de contempler les décors et de savourer les monologues de l'acolyte mystérieux ou de son prochain adversaire, ce qui permet de découvrir une histoire et un univers plus profonds qu'on aurait pu croire au premier abord. A ce titre, la version japonaise sous titrée est excellente et colle parfaitement à l'ambiance.


Que dire pour conclure, si ce n'est que Furi porte bien son nom, tant la réussite est totale et parvient à soulever une exaltation et un enthousiasme violent après une victoire bien méritée face à l'un des gardiens qui barrent la route du joueur. L'aventure est immersive, épique (littéralement, sans galvaudage) et gratifiante. A essayer absolument.

Créée

le 26 nov. 2016

Critique lue 391 fois

2 j'aime

borobean

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