Une ambiance sans saveur
Bon bon bon, par où commencer ? J'ai joué à tous les Gears of War et j'apprécie beaucoup l'univers. J'ai joué ce jeu en difficulté Vétéran en co-op à 3, presque toujours avec les objectifs...
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le 21 avr. 2013
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Si les polonais de People Can Fly ont souvent travaillé aux côté d’Epic Game sur la licence Gears of War après avoir été à l’origine de la saga Painkiller, les voici en charge du développement d’un spin-off de la saga pour accompagner la fin de vie de la Xbox 360. Tièdement accueilli par la critique et le public, il est finalement le premier Gears a avoir déçu de manière générale et deviendra l’épisode peut-être le moins populaire de la saga. Pour information, j’ai joué au jeu sur Xbox One mais dans une version très proche de l’original de la Xbox 360.
Si l’on excepte des mouvements un peu plus fluides et un mapping des touches un peu plus dynamique pour sélectionner armes et lancer grenades, le gameplay est quasiment identique fondamentalement à Gears of War 3, c’était attendu et pas très grave à mon sens. Ce système de jeu a fait ses preuves et nous ne passons pas d’une génération à l’autre, nous ne sommes même pas sur un épisode à part entière mais sur un spin-off, ça justifie beaucoup cet état de fait et n’en fait pas un problème à mes yeux. Par contre, on peut tout de même attendre de Judgment qu’il apporte ses propres idées ici et là et puisse briller par son level-design, ses boss ou n’importe quoi d’autre, ce que l’on va mettre à l’épreuve. Tout d’abord, 2 campagnes s’offrent à nous, une principale, donnant son nom au jeu, et une bonus.
Pour la principale, un système de scoring est très présent et plutôt en adéquation avec la philosophie du jeu plus portée sur l’arcade que sur l’aventure j’ai envie de dire. Le jeu invite encore plus à se donner le challenge de vaincre les ennemis de façon spectaculaire car la récompense est aussi bien intrinsèque qu’extrinsèque. Les challenges facultatifs sont une excellente idée dans ce système puisqu’ils apportent encore la possibilité de gérer la difficulté de façon originale en s’imposant un timer, des ennemis supplémentaires, un filtre visuel dérangeant, des armes restreintes, des possibilités de déplacement réduites…
Malheureusement, le découpage en chapitre qui va avec est beaucoup trop sectionné, hachant le rythme avec beaucoup de sessions de jeu bien trop courtes, moins de 5 minutes pour un bon nombre d’entre elles au premier try. De plus, les bots alliés peuvent un peu rentrer en opposition avec le système de scoring, soit en tuant des ennemis de façon sommaire alors qu’on allait les exécuter pour plus de points, soit en faisant très bien le travail à notre place. C’est d’autant plus dommage que tout ceci limite le potentiel du concept qui est tout ce sur quoi l’épisode se repose. En effet, les boss seront plus que rares, le level-design tout à fait générique, la coop très peu exploitée, les phases en véhicules quasi-absentes… alors que le contenu est légèrement moins riche que les autres épisodes.
Il y a tout de même quelques ajouts corrects. Un ennemi inédit est plutôt bien fichu, le rager, faible de base mais devenant très puissant s’il n’est pas tué comme il faut, ça implique un peu de coordination avec les alliés mais du coup ça devient pénible en solo avec les bots. Les tourelles à déployer pour défendre des zones apportent un petit aspect tactique intéressant pour enrichir ces phases. Mais rien de tout ça ne change la donne réellement. La campagne bonus renoue avec un cheminement chapitré plus traditionnel, oubliant le scoring au passage, un choix un peu étrange qui semble renier les apports spécifiques à cet épisode, comme un aveu d’échec.
Par ailleurs, j’ai eu un petit soucis de sauvegarde où mon avancée dans la campagne lors d’une session de jeu n’a pas fonctionné quand bien même le jeu a gardé le souvenir des défis que j’ai pu y réalisé, une frustration maladroite et inutile. Et vers la fin ce fut l’inverse, ma progression dans la campagne avait été sauvegardé mais certaines de mes statistiques comme mon compteur d’exécutions avait été réinitialisé. S’il est si compliqué de programmer une sauvegarde automatique qui marche, pourquoi ne pas simplement proposer en complément un système de sauvegarde manuel ? Enfin bon, peu importe.
Si je me fie aux différentes critiques que j’ai pu lire, le véritable intérêt du jeu se situerait sinon dans le mode multijoueur, avec par exemple un système de classes, mais comme celui-ci est payant comme tout jeu de la Xbox 360 pour lequel il fut exclusif, il ne peut pas constituer un point fort à mon sens. On notera d’ailleurs le mauvais goût de mettre en avant constamment des skins débloquables pour ce multi par micro-transactions, on n’est pas dans un free-to-play ! Bref, malgré quelques bonnes idées et une formule globale qui marche, le bilan ludique de ce Gears n’est pas bien extra-ordinaire, voyons si réalisation et esthétisme relèvent le niveau.
Si le moteur de jeu et les moyens alloués sont toujours là pour assurer un rendu visuel digne du AAA de fin de génération que Judgment se doit d’assumer, tout en étant relativement stable et bien optimisé la plupart du temps et même en écran splitté bien entendu, quelques fausses notes sont à noter. La grosse régression c’est qu’il ne présente que très peu de séquences impressionnantes de mise en scène en jeu comme pouvaient le faire ses aînés. Judgment passe davantage par ses cinématiques en images de synthèse tout à fait correctes mais insuffisantes pour justifier le retrait de la mise en scène en jeu, surtout quand la barre a été placée aussi haut et est encore dans les mémoires.
Cette mise en scène peine aussi à inscrire ses propres idées, allant jusqu’à s’inspirer bien timidement de grandes batailles historiques bien reprises dans les jeux vidéo depuis 10 ans, tel que le débarquement de Normandie. Ce n’est pas le néant non plus, mais toutes les idées pour insuffler une surenchère dans l’action depuis Gears of War 2 paraissent bien loin. À côté de ça, le flou de mouvement lorsqu’on bouge la caméra dérange toujours un peu, on a toujours quelques textures qui se chevauchent maladroitement… mais ça ce n’est pas très grave.
Le sound-effect en revanche, déjà très réussi dans les anciens épisodes, est encore maintenu et même renforcé ici. Les nouveaux jingles appuient assez bien la satisfaction d’avoir rempli certains défis annexes très mise en avant avec ce système de scoring alors que la puissance des coups de feu ressortent très bien selon leur efficacité. On notera tout de même des répliques qui se répètent un peu trop et finissent vite par lasser si on veut être exigeant, la VF n’étant pas grandiose, mais globalement de ce côté-là de la réalisation le jeu fait largement le travail.
Il a surtout su m’impressionner esthétiquement plus d’une fois, comme en témoigne son écran titre avec son grand monument majestueux trônant dans une ville dévorée par les flammes, très classe. On retrouve bien durant la compagne les larges plans contemplatifs sur de grandes constructions humaines avec le filtre post-apocalyptique et pas seulement de la façon la plus classique qui soit. De plus, les missions déclassifiées facultatives peuvent offrir des ambiances visuelles alternatives qui peuvent être assez travaillées, un effort bien appréciable. A ce sujet, je ne trouve pas que le titre soit plus faiblard que les autres titres de la série avant lui qui s’étaient pourtant particulièrement bien démarqués sur la question.
L’OST, toujours signée par Steve Jablonski, se repose beaucoup sur la surexploitation des chœurs et des percussions pour donner de l’intensité aux affrontements, ce n’est pas très original mais plutôt efficace, voire très efficace sur certains passages comme l’affrontement du boss final. Par contre, il n’y a aucun autre registre que l’épique, c’est cohérent avec le ton général du récit mais ça fait une OST à la fois peu surprenante et peu diversifiée. Le travail est donc bien fait mais on ne peut pas non plus le dire exceptionnel, pourtant on a déjà ce que le titre avait de mieux à proposer.
Soyons francs, d’emblée Gears of War Judgment n’a pas grand-chose a raconté. La trame de la campagne principale est très prévisible, presque clichée et le fait d’être une préquelle n’apporte rien ou presque à l’univers de Gears of War. Se concentrer sur des personnages jusqu’ici secondaires plutôt transparents n’a sûrement pas beaucoup aidé. Je connais certains joueurs ayant nié l’existence de cet épisode simplement parce que l’on y contrôle pas Marcus Phénix, ce que je trouve un peu extrême, surtout dans le cadre d’un spin-off, mais il faut bien admettre qu’on y perd au change.
Le ton décontracté des répliques ne va pas très bien avec certaines ambiances visuelles plutôt sombres ou glauques alors que quelques scènes un peu plus dramatiques sont là sans la moindre conviction, ne serait-ce que par le voice acting très plat et insipide sur ces scènes. Il aurait sans doute mieux valu donner dans le 100 % divertissant en améliorant un peu la qualité de certaines blagues, parce que là le mélange des deux ne donne rien de bon. On a quand même l’équipe finale se lançant des bonnes blagues et tapes dans le dos alors que la ville est en proie aux flammes autour d’eux, symbole du problème.
La narration par flashback aurait pu sauver le truc puisqu’elle apporte un peu d’originalité au récit et des explications intradiégétiques de certaines mécaniques de jeu propres à cet épisode. Par exemple, les missions déclassifiées modifient le déroulement d’une séquence de jeu avec une explication narrative à la clef. En effet, on peut très bien imaginer que ce qu’on joue est ce que raconte le personnage et qu’oubliant de raconter le détail amenant la difficulté supplémentaire il est logique de ne pas le retrouver en jeu. Mais l’exercice sera au final très superficiel.
La campagne bonus liée à Gears of War 3 offre un ton plus sérieux et dramatique trop peu développé et trop sorti de nul part pour avoir l’impact recherché et le potentiel de raconter une histoire parallèle à celle du troisième opus n’est absolument pas exploité. Même par rapport aux liens avec Judgment, le personnage bien sympathique de Sofia a une fin à son arc narratif très amère et le côté rebelle de Paduk est trop édulcoré dans ce final pour y apporter ce qu’il faut. Entre sa campagne principale qui ne développe pas assez ses nouveaux personnages et sa campagne bonus qui clôt leur arc narratif si maladroitement, le scénario présente un faible potentiel même pas exploité.
Bien que j’ai passer un bon moment pour être honnête sur ce Gears of War Judgment, grâce à son gameplay en mode force tranquille et sa réalisation de haute volée, je comprend qu’il soit jugé si sévèrement de par le manque d’ambition de son contenu, la platitude de son récit... Peut-être aurait-il fallu plus assumer son statut de spin-off avec un prix de lancement vers les 40 € au prix conseillé pour que la pilule passe mieux mais en l’état c’est un épisode bonus sympathique pris comme tel, dispensable sur bien des aspects.
Créée
le 5 oct. 2020
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