J'ai joué en version PS4 de base sur PS5. Si je comprends que l'on puisse facturer le joueur pour une extension, je ne souhaite par contre pas cautionner la pratique des mises à jour PS5 payantes. D'autant plus qu'ici les gains sont minimes, cette version incluant déjà le 60 FPS. Digression terminée, passons au jeu. Les premières heures m'ont immédiatement fait penser à Tenchu : Stealth Assassins, un classique de la PS1 auquel Ghost of Tsushima emprunte au niveau de l'infiltration, de l'assassinat et de l'arsenal utilisable. Ce qui n'est pas emprunté est bâti de façon brillante.
C'est le cas d'un des gros points forts : l'ambiance. Sucker Punch à réussi à éviter le piège de l'open-world générique qu'on a l'impression d'avoir joué dix fois. Déjà parce que l'époque choisie n'est pas souvent représentée et que tout dans ce jeu respire l'amour du cinéma de samouraï classique. Si je n'ai pas poussé jusqu'à choisir le mode « Kurosawa » en noir et blanc avec du grain (se priver de la magnifique palette de couleurs serait bien dommage), le fait de proposer un doublage intégral en japonais apporte énormément à l'immersion. La direction artistique et la bande son vont également dans ce sens, tant et si bien que l'on n'a aucun mal à se glisser dans la peau du héros. Le travail sur les différents éléments cosmétiques est impressionnant et même si ça n'est pas toujours ma tasse de thé, j'ai pris plaisir à grimer mon personnage avec la multitude de bandeaux, masques et tenues disponibles.
Arrive la deuxième grande force du jeu : son scénario. L'histoire de Jin Sakaï, samouraï forcé pour sauver son île et ses habitants de se détourner de la voie honorable et d'en assumer les répercussions, prend aux tripes. La fin a réussi à me filer des frissons, ce qui n'est pas si courant et en général signe d'une excellente écriture. Les différentes séries de quêtes sont pour la plupart intéressantes et suivies avec plaisir. Seule ombre au tableau : une répétitivité dans la récolte des collectibles et les différentes activités annexes a commencé à se faire ressentir dans la toute dernière partie du jeu, suffisamment tard néanmoins pour que ça n'entache pas l'expérience. Le jeu est dense niveau contenu et suffisamment long pour en avoir pour son argent.
Je ne m'étendrai pas trop sur la technique : Ghost of Tsushima, à l'image d'un The Last of Us Part II, fait partie de ces très beaux jeux qui ont offert un baroud d'honneur à la PS4 en fin de génération. Le fait d'avoir à adopter des postures différentes en fonction de l'arme de l'adversaire apporte une dose de technicité supplémentaire et permet d'éviter le button mashing. Les joueurs à la recherche d'un réel défi devront se tourner vers les modes difficile ou létal, préférablement ce dernier qui est très punitif. Vous et vos adversaires (hormis les boss) mourrez très vite, ce qui évite les combats interminables et irréalistes contre des sacs à HP. Ce mode confère aussi un ressenti « From Software » à certains combats, obligeant à analyser les patterns de ses adversaires et à réagir rapidement.
Ghost of Tsushima est une belle expérience, dans la lignée des bonnes exclusivités solo à scénario qui ont fait la force de la PS4 et j'ai clairement hâte de retrouver Jin et ses compagnons dans une suite, qui semble inévitable au vu des succès critiques et commerciaux de ce premier opus.