Tout est dans le titre.
J'étais passé outre les quelques défauts du précédent Ghost Recon, lesquels étaient contrebalancés par certaines qualités bien réelles.
Mais deux ans et demi après Wildlands, et surtout un an après Assassin's Creed Odyssey, difficile d'être aussi tolérant envers ce Breakpoint.
En réalité, le problème est assez vite résumé : les ajouts de cet opus 1.5 sont superficiels ou mal branlés ("survie", système de classes, leveling, loot, etc.), tandis que de nouveaux soucis apparaissent (map vide, progression linéaire, etc.) et s'ajoutent à ceux déjà présents dans Wildlands, lesquels ont même empirés (conduite aberrante, IA inexistante, etc.).
Ma plus grande déception concerne sans doute la narration et l'intégration des dialogues à choix multiples.
Pour commencer, exit le minimalisme froid de Wildlands qui contribuait pourtant à nous immerger dans un monde à la plastique magnifique mais malade et violent, ravagé par les narcotrafiquants. L'idée d'une île utopique finalement tombée aux mains d'un état militaire détournant la technologie et l’intelligence artificielle afin de servir ses propres intérêts est intéressante (on est effectivement en droit de s'inquiéter si les drones militaires IRL s'avèrent être dotés de la même IA que les PNJ de ce jeu) ; mais le tout est plombé par une galerie de personnages qui ne réussissent jamais à nous impliquer dans l'intrigue. Tous plus caricaturaux et inintéressants les uns que les autres, ces derniers font pâle figure face à un Colonel D. Walker qui semble interagir avec des robots, la faute à un casting déséquilibré qui n'égale jamais la prestation de Jon Bernthal (qui n'est finalement rien d'autre qu'un argument marketing tant il se révèle peu présent).
Quant à Nomad, n'espérez pas lui donner un quelconque relief par le biais de choix à travers les dialogues : ces derniers ne sont là que pour faire joli... On ne peut alors qu'être frustré face au potentiel inexploité du jeu, qui aurait pu jouer dans la catégorie d'un Assassin's Creed Odyssey qui, bien qu'il ne soit pas exempt de défauts en la matière, avait au moins le mérite d'offrir de vrais choix avec un minimum d'impacts. Au lieu de ça, vous aurez à faire à un Nomad à la personnalité prédéfinie et rigide, présenté comme un vulgaire boyscout (écueil qu'avait pourtant évité Wildlands) venu ici pour sauver la population prisonnière des vilains dissidents, j'ai nommé les Wolves !
Je ne m'étalerai pas sur les micro-transactions, qui, à mon avis, témoignent moins d'une fascination pour le système économique d'EA de la part d'Ubi (chose peu probable) que de la mainmise grandissante de Bolloré sur l'éditeur français.
Malgré tout, je dois admettre que je m'amuse bien, fait bizarre que je ne m'explique pas vraiment... Le jeu aura au moins le mérite de me faire patienter jusqu'à la sortie de The Outer Worlds, qui aura sans doute bien plus de mérite qu'un AAA comme Breakpoint qui se repose sur ses lauriers et témoigne d'un retour en arrière pour un Ubisoft réitérant ses erreurs passées. Partant de ce constat là, on est finalement en droit de se demander si les différents studios (Paris, Montréal, etc.) communiquent entre eux. Manifestement, non...
Il est grand temps que Sam Fisher revienne...