Ghostwire: Tokyo est un de ces titres ayant vaguement retenu mon attention lors de sa sortie mais pour lequel je n'étais pas prêt à payer le prix fort : son arrivée dans le catalogue PS + Extra était donc une bonne occasion de le faire à moindres frais. D'ailleurs ces services à abonnement sont clairement un moyen de jouer plus, mais sont-ils un moyen de jouer plus qualitativement ? Chacun se fera sa propre idée.
La première (seule ?) chose qui marque c'est la qualité de l'ambiance et de la direction artistique. Il faut bien avouer que la mégalopole nippone désertée, nimbée dans des reflets et éclairages fluorescents et quasiment en permanence sous la pluie a beaucoup de cachet. Il en va de même pour le bestiaire, principalement composé d'esprits et autres créatures tirées du folklore japonais. Le dépaysement est là et je n'ai aucun doute que si l'on ajoute à ça les nombreux effets de particules, les flashes lumineux et la gestuelle des mains du héros associée à l'utilisation des pouvoirs, ça doit donner de très belles vidéos Youtube.
Malheureusement ça n'est pas suffisant pour faire un bon jeu. Le gameplay est basique, j'ai même envie de dire pauvre et manette en main, la sensation de répétitivité prend rapidement le dessus. On a trois pouvoirs principaux, un qui même upgradé, est si faible qu'on ne l'utilise que dans des situations très spécifiques (le vent), une AoE à courte portée et une autre à longue portée (eau et feu). On se résume donc à faire toujours la même chose et le fait de pouvoir charger ses projectiles en maintenant le bouton de tir n'est pas suffisant pour varier les sensations. Il y a bien des talismans que l'on peut utiliser, ainsi qu'un arc. Le problème c'est que dans la grande majorité des cas, ils sont tellement moins efficaces que les pouvoirs de base que ça ne vaut même pas la perte de temps qu'impose le switch nécessaire à leur utilisation.
J'ai même tenté de monter le niveau de difficulté en me disant que ça apporterait peut-être un peu de technique aux combats, mais non. C'est juste pénible car plus long, les mobs se voyant gratifiés d'encore plus de vie et ça ne fait donc pas gagner en intérêt. Même les combats de boss sont très simples et n'obligent pas le joueur à utiliser ses pouvoirs de façon particulière ou créative. Le jeu manque cruellement d'idées originales dans son gameplay et c'est bien dommage car étant donné son univers, il y aurait eu moyen de faire des choses sympas. Deux exemples qui viennent de la dernière mise à jour sortie récemment : une école dont on doit trouver la sortie un coup en évitant de regarder un adversaire (une fille fantôme typique des légendes urbaines nippones), puis au contraire ne jamais en lâcher un autre (un mannequin d'anatomie bien flippant). Ce sont les deux seules fois où mon intérêt a été piqué car on sortait de sentiers battus et rebattus. C'est trop peu. Même la progression, qui révèle les quêtes secondaires au fur et à mesure que l'on augmente la zone jouable en purifiant des portails, accentue cette impression de répétitivité.
J'avais écrit il y a un peu plus de deux ans une critique de Spider-Man en râlant sur les trop nombreux collectibles. Pour le coup, les petits gars de chez Insomniac passent pour des amateurs puisque Ghostwire: Tokyo propose (ou impose, si l'on veut faire la platine), plus de dix types de collectibles différents à ramasser. Il y a souvent tellement de marqueurs au même endroit sur la carte que les développeurs ont dû inclure une option pour passer de l'un à l'autre en pressant un bouton afin que ça reste à peu près lisible... Alors certains me diront que les collectibles, c'est facultatif : je suis d'accord, sauf que le jeu est court et que ces chasses aux objets sont clairement là pour augmenter la durée de vie : Tango Gameworks fait un peu l'erreur de leur donner trop d'importance, au lieu de les considérer comme ce qu'ils devraient être : un simple complément/amusement dispensable. Même moi qui apprécie pourtant de chasser les trophées, je ne m'y suis pas essayé après avoir fini le jeu à cause de l'investissement en temps nécessaire, que je préfère passer sur d'autres titres.
Même si Ghostwire: Tokyo devrait pouvoir plaire aux otakus les plus enthousiastes grâce à son ambiance, il risque fort de laisser sur leur faim les joueurs en attente de technique et de variété dans le gameplay et d'idées de game design originales.