Accueillons avec joie cette fin, qui marque l'avènement d'un nouveau commencement !
Un mystérieux brouillard s'abat sur le quartier de Shibuya.
Dès que quelqu'un est touché par la brume, il disparaît en ne laissant que ses vêtements sur le sol, seule trace de son existence. Akito, un jeune homme ayant subi un accident et sur le point de rendre son dernier souffle va se faire posséder par KK, l'esprit d'un agent spécialisé dans le paranormal.
Bon gré mal gré, les deux esprits vivants au sein du même corps vont devoir collaborer afin de sauver Tokyo mais également Mari, la sœur d'Akito, qui semble être la cible d'un homme portant un masque d'Hannya et qui semble être l'investigateur derrière tout ceci.
De plus, les Yôkai rôdent...
Seul dans Shibuya
Ghostwire Tokyo est l'un de ces nombreux titres qui surgissent lors d'une conférence où se mêle plusieurs jeux déjà-vus, c'est pourquoi le titre se démarquait facilement à travers une direction artistique réaliste et montrant un Tokyo vide de ses habitants, le tout dans une ambiance horrifique. Bref, le studio derrière les deux premiers The Evil Within était de retour dans un titre des plus intrigant. Un jeu donc sorti au printemps dernier et sur lequel il y a beaucoup à dire !
Ghostwire Tokyo nous plonge donc dans un Tokyo où la population a disparu, la faute à un mystérieux brouillard ayant envahi la ville. Dans cet étrange chaos, le jeune Izuki Akito s'éveille après avoir survécu à un accident de voiture. Mais très vite il découvre qu'un esprit a pris possession de son corps, ce mystérieux esprit se révèle être un ancien détective spécialisé dans le paranormal. Se prénommant KK il va, malgré sa mort prématuré, pousser Akito à résoudre le mystère derrière ces disparitions et le brouillard qui a envahi la ville. Néanmoins cet objectif se compliquera rapidement avec l'arrivée des Yôkai (esprits japonais) dits "les Visiteurs", qui rôdent en ville afin de se délecter des âmes humaines qui hantent désormais la ville. Dès à présent doté de capacités surnaturelles grâce à KK, Akito va tenter de se frayer un chemin dans la ville afin de sauver aussi bien les citadins que sa sœur Mari qui est suivie par un homme étrange, le tout en collaborant avec un esprit cynique et peu engageant.
Vous le comprendrez rapidement mais dès sa première scène, Ghostwire Tokyo semble offrir une histoire prometteuse qui mêle aussi bien le folklore japonais, que le surnaturel, la frayeur et les mystères à gogo... Néanmoins ne tournons pas autour du pot, ce ne sera pas le cas.
En effet, une fois l'introduction terminée, le titre peinera à narrer ce qu'il veut raconter. Non pas que l'univers qu'il instaure est loin d'être intéressant mais la faute reviendra à la trame narrative qui peine à réellement décoller et s'avèrera au final plus que décevante. L'histoire en ligne droite se finira en moins de dix heures et possède beaucoup de côtés ronflants, accumulant clichés sur clichés. Et c'est bien dommage, car si l'intrigue à ses débuts semble intéressante, on découvrira bien vite que malgré un bel enrobage, elle est aussi vide que la ville qu'Akito parcourt. Que ce soit les personnages secondaires qui nous seront présentés mais dont on ne comprendra jamais le véritable rôle, ou bien l'antagoniste qui dès la présentation semblera être hyper intrigant mais ne sera au final qu'un méchant cliché et sans saveurs avec des motivations vues et revues ! Et je ne parlerai pas de la sœur d'Akito qui sera la cible d'Hannya pour qu'il puisse compléter son rituel sauf qu'on ne saura jamais pourquoi elle en particulier et pas une autre. Enfin la dynamique Akito/KK demeurera au final assez basique. Un point assez bien traité par rapport au reste où l'on voit leur relation évoluer petit à petit mais sans réelle surprise. Enfin ne comptez pas sur les objectifs donnés au long du jeu afin d'espérer quelques rebondissements narratifs puisque la plupart du temps, votre tâche principale tournera autour du même objectif, à savoir purifier des temples, ce qui permettra de dissiper peu à peu le brouillard qui vous laissera explorer de nouveaux quartiers et ainsi, vous l'aurez compris, traquer Hannya, le mystérieux investigateur de ce phénomène.
Un concept qui tournera rapidement en rond, devenant hyper redondant car il ne changera pratiquement jamais. Et ne comptez pas sur la fin pour varier un peu puisque le climax sera une simple promenade de santé où quasi aucun ennemi ne se dressera contre vous.
Et je le dis encore une fois, c'est bien dommage que l'intrigue narrée ne soit pas plus intéressante que cela puisque l'univers présenté, lui, est vraiment intéressant ! Akito pourra récolter de nombreux documents qui en révéleront un peu plus sur les motivations d'Hannya mais aussi sur l'univers, notamment par rapport à l'apparition des différents Visiteurs, phénomène que KK avait déjà connu de son vivant. Des documents dévoilant aussi des témoignages de différentes personnes vivant leurs derniers instants sans le savoir durant l'apparition du brouillard, bref un petit plus anecdotique mais qui participe dans l'immersion globale que voulait donner le titre.
Ainsi, faute d'une intrigue vraiment solide, Ghostwire Tokyo pourra compter sur son contenu annexe, notamment tout ce qui compose son open world.
La réunion des esprits et du remplissage
Comme dans tout open world similaire, vous aurez bon nombre de quêtes annexes et sur ce point, le tout demeure intéressant. Les quêtes données par des esprits en peine varieront peu dans leurs mécaniques qui seront souvent similaires. On retrouvera donc dans les faits des objectifs tel que pister un esprit ayant disparu ou encore chasser un Yôkai, mais d'autres s'avèreront plus intéressantes comme enquêter sur un métro ayant provoqué la disparition de plusieurs personnes ou aller dans une chambre d'hôtel hantée. En soi, des quêtes annexes proposant chacune une petite histoire qui aura pour but d'apaiser des esprits, mais surtout, chacune parviendra à instaurer une ambiance oppressante, particulièrement lorsqu'un esprit requiert que vous alliez visiter une habitation. Ce sont ces moments où le jeu parviendra à donner un certain sentiment d'insécurité puisque certains esprits se joueront de vous, provoquant certaines manifestations où le décor changera totalement autour de vous. Bref des moments rares mais où chacun saura vous marquer puisque cela donnera un sentiment d'insécurité constant, une ambiance qui se ressentait déjà lors des trailers mais qui malheureusement s'est perdue au cours du développement.
Avec ELDEN RING ou encore The Legend of Zelda: Breath of the Wild, on a pu découvrir un type d'open world propice à l'exploration et à la découverte. Avec Ghostwire Tokyo, où l'on visite la ville du titre et plus particulièrement le quartier de Shibuya, on pouvait s'attendre à quelques idées du même accabit, mais malheureusement ce ne sera pas le cas. Le titre reprendra ce qu'il y a de pire dans le genre, à savoir un monde ouvert où chaque purification de temple laissera place à l'apparition de multiples points d'intérêts sur la carte, si bien qu'elle en deviendra bien trop vite illisible. C'est pourquoi je vous recommande de cocher la case pouvant ôter les missions annexes, Yôkai et autres objectifs secondaires terminés sinon la carte deviendra juste un bordel où le simple fait de pouvoir se repérer deviendra un exploit !
Ainsi tout comme les open worlds vus et revus ces dernières années, vous aurez bon nombre de missions annexes comme dit plus haut, mais pas que ! Les chasses aux Yôkai vous attendront, permettant de faire un bel hommage au folklore japonais puisqu'on y retrouvera bon nombre de créatures à attraper afin de pouvoir emprunter leurs capacités. Vous aurez donc l'occasion de vous adonner à la chasse au Kappa, ou à trouver le moyen d'attirer les Oni, ou tout simplement de retrouver les Zashiki-warashi, qui selon la légende confère de la chance à ceux qui obtiennent leurs grâces. Mais ce n'est pas tout puisqu'au lieu des traditionnels marchands, ce sont les chats qui ont pris place dans les établis. Ces chats marchants appelés les Nekomata sauront vous faire cadeau d'un paquet d'argent si vous retrouvez une liste d'objets divers pour chacun d'eux. Ainsi ce n'est pas moins de 200 objets qu'il faudra récupérer, tous éparpillés sur la map ! Et si cela ne vous suffit pas, vous pourrez également retrouver tous les tanuki éparpillés dans la ville. Mais le plus gros du jeu reviendra aux âmes des pauvres personnes disparues, éparpillées dans Tokyo et emprisonnées par Hannya afin de nourrir les Visiteurs. Elles ne sont pas moins de 240 000 à attendre d'être sauvées !
Et pour cela, le titre vous demandera de tout explorer, aussi bien les toits des bâtiments - accessibles via les Tengu - que les ruelles ou les profondeurs de Tokyo. Mais certaines âmes auront également moins de chance et seront enfermées dans des cubes, en proie aux Visiteurs puisque vous disposerez d'un temps limité pour les sauver avant qu'elle ne fassent office de repas pour ces êtes de l'outre-monde. Ainsi pour sauver ces pauvres âmes, vous devrez explorer toute la map dans son intégralité et une fois trouvées, les absorber dans les poupées en papier Katashiro. Une fois cela fait, vous trouverez bon nombre de cabines téléphoniques dans la ville, la plupart ayant été trafiquées par Eddie, un ami de KK ayant échappé au brouillard qui pourra les sauver si vous placez les âmes dans ses fameuses machines.
Enfin, il vous restera la purification des portails Torii dont je vous ai déjà parlé plus haut. Ces portails permettront de repousser le brouillard, donnant donc lieux à l'exploration de nouvelles zones et bon nombre des objectifs secondaires. Le principe de ces portails restera là-aussi souvent similaire, à savoir éliminer différents ennemis se mettant en travers de votre route. Ces portails vous donneront accès à de l'équipement en plus, permettant de renforcer vos capacités comme par exemple le Chapelet de Prière de Perception de l'Esprit qui vous permettra de repérer les âmes en détresse des divers habitants à une certaine distance, pratique si vous visez le 100%.
Ainsi vous l'aurez compris mais le titre fait preuve d'un contenu annexe assez conséquent pour palier à la pauvreté de sa campagne principale, et cela se remarque par son remplissage quasi absurde comme l'objectif des 240 000 âmes à récupérer ! Bref du pur enrobage qui encore une fois fait assez tâche et c'est bien dommage au vu de la qualité des différentes quêtes annexes qui pour leur part sont une belle réussite, bien que devenant répétitives à la longue.
Des capacités surnaturelles mais limitées
Au niveau de son gameplay, Akito disposera grâce à KK de diverse capacités surnaturelles. Vous posséderez donc trois attaques : une basée sur le vent capable d'afficher des attaques rapides mais mineures sur les ennemis, une sur le feu capable de faire de lourd dommages et une sur l'eau qui pourra infliger des dégâts de zone. En prime, notre héros possèdera également un arc ainsi que des talismans permettant des avantages non négligeables comme la capacité de créer un champs électrique capable de paralyser vos assaillants, ou encore de créer un buisson, idéal pour vous dissimuler lorsque les Visiteurs vous poursuivent. De plus vous disposerez de l'habituel arbre de compétences vous permettant d'améliorer votre furtivité par rapport aux Visiteurs, ou la puissance de vos capacités surnaturelles, ou encore le nombre de flèches dont Akito pourra disposer dans son carquois. Un système de progression en soi classique avec de l'expérience qui s'acquiert au fil des combats, mais aussi en terminant les quêtes annexes ou tout simplement en sauvant les différentes âmes éparpillées dans Tokyo. Et bien que l'on puisse se sentir un peu plus vulnérable lors des séquences où Akito se retrouvera séparé de KK, le privant ainsi de ces fameux pouvoirs, celles-ci se feront malheureusement bien trop rares.
Bref, le gameplay demeure diversifié mais se retrouve très vite limité puisqu'au final en dehors des modes de difficultés plus élevés, le titre proposera bien peu de challenge et bourriner les différentes attaques suffira à mettre à terre les différents ennemis contre lesquels vous combattrez. On pourra noter les quelques combats de boss qui demeurent impressionnants aux premiers abords mais qui là aussi demanderont peu de réflexion et seront au final assez faciles dans leur approche. Les combats demeureront assez sympathiques malgré tout. Outre le chara design des ennemis plutôt sympathique et mystérieux, ils n'auront de cesse de vous poursuivre une fois qu'ils vous auront vu. Ainsi afin de les abattre une bonne fois pour toutes, vous devrez les affaiblir suffisamment jusqu'à pouvoir retirer leur cœur, une action mettant un terme définitif au combat, toutefois cela ne sera pas toujours mince affaire lorsqu'ils seront plusieurs à se mettre en chasse. De plus, l'action du combat sera particulièrement renforcée par la fameuse Dualsense de la PS5 et ses capacités ici bien exploitées ! Outre les gâchettes adaptatives garantissant les sensations lorsque l'on retire le cœur d'un ennemi, les fameux retours haptiques lors des tirs chargés de vos différentes attaques donnent un côté assez addictif aux combats. Il est donc un des jeux exploitant le mieux la manette et ses différentes possibilités à mon sens !
Hommage aux Yôkai !
Enfin un dernier mot sur la réalisation du titre mêlant un Tokyo oscillant entre la réalité et le surnaturel qui demeure de très bel acabit. La réalisation brille par son réalisme, rendant les différents quartiers plus vrai que nature si bien que le titre demeure dépaysant à bien des égards avec son lot de décors très soignés. Je retiens également la mise en scène de certaines séquences vraiment bien foutue où les esprits jouent avec nos nerfs avec des décors interchangeables ou des changements de dimensions soudaines, des séquences marquantes mais qui sont là aussi encore une fois peu nombreuses.
De plus, la réalisation marque principalement par son chara design , que ce soit par les différents types de Visiteurs qui rôdent en ville tout aussi étranges les uns que les autres, comme ces lycéennes sans tête qui cherchent à vous abattre en faisant des pirouettes, ou encore ces mystérieuses silhouettes enfantines vêtues d'un ciré jaune qui sauront vous faire frissonner, ou encore la fameuse parade (Hyakki yakô) regroupant de nombreux visiteurs qui, si vous êtes imprudent, pourra vous transférer dans sa propre dimension. Certains des ennemis revisiteront aussi les légendes les plus célèbres, notamment celle de Kuchisake-onna, tout comme les Yôkai amicaux qui là aussi feront bon nombre d’apparitions, que ce soit les Oni, Tengu ou encore les Kappa qui pourront vous prêter leurs pouvoirs ! Bref des réinterprétations et hommages à ces différentes créatures du folklore et de la mythologie japonaise faites avec brio.
Le tout sera accompagné d'une composition assez mystique, composée par YANAGI Masatoshi qui proposera de nombreux thèmes s'accordant bien avec l'ambiance surnaturelle du titre, en particulier le thème des Visiteurs. Mais il y aura également des thèmes plus légers comme la musique des différentes supérettes où vous pourrez trouver refuge et faire vos achats.
L'univers prometteur au potentiel gâché
En résumé, Ghostwire Tokyo est un titre qui s'avère bourré de défauts, que ce soit par sa répétitivité au bout de quelques heures de jeu seulement, ou son offre de gameplay au final assez pauvre, ou bien son open world au final très générique avec un remplissage annexe assez conséquent pour dissimuler la pauvreté du scénario principal. Malgré tout, ce qui m'aura fait accrocher au jeu est son ambiance globale (notamment sa mise en scène dans certaines quêtes annexes), tout son hommage à la mythologie japonaise avec les différents Yôkai, et enfin la retranscription des différents quartiers de Tokyo qui gravitent autour de Shibuya.
En conclusion, Ghostwire Tokyo est un titre proposant un univers assez novateur sur le folklore japonais mais qui malgré sa trame intéressante aux premiers abords demeure un titre déjà vu et beaucoup trop répétitif, aussi bien dans ses objectifs principaux que secondaires, avec un scénario bien trop peu exploité pour convaincre. Toutefois malgré ces nombreux défauts, l'ambiance de certaines séquences et de certaines quêtes m'auront réconcilié avec ce titre qui s'avère tout juste sympathique.