Gitaroo Man Lives!
7.7
Gitaroo Man Lives!

Jeu de Koei (2006PSP)

Non mais "you one" quoi... Les gars, sérieux...

On le sait depuis longtemps -même si ça a tendance à s’améliorer, et ce, notamment grâce au dématérialisé- selon l’endroit où l’on se trouve sur le globe, on n’aura pas tous accès aux mêmes jeux, en terme de genres tout comme d’ailleurs en terme de nombre. Même qu’il paraîtrait que les éditeurs appellent ça "spécificité culturelle". Au grand dam de nombreux joueurs, votre serviteur en tête…


Pour vous faire une idée, prenons la bécane possédant la plus grande ludothèque à ce jour, (hors jeux indés, presque impossibles à quantifier précisément) : la PS2. Sur les quasi 11.000 jeux sortis toutes régions confondues, environ 8.000 furent édités au Japon…contre approximativement 2.500 en Europe ! Ouaip, ça fait une "petite" différence. Avec dans le lot tout un tas de curiosités dont on ne soupçonnerait même pas l’existence, comme Tomak ou Kuma Uta


Chaque région ayant ses genres de prédilection, les éditeurs visent donc très souvent en priorité à satisfaire ce public majoritaire : pour schématiser grossièrement (limite caricaturer), le Japon est friand de RPG, l’Amérique du nord préfère l’action et le sport, et l’Europe aime un peu tout, notamment les jeux d’aventure, de plateforme et de course… Tout cela n’est bien sûr pas immuable, et d’ailleurs les grandes séries populaires de tous genres se vendent à peu près partout, mais théoriquement, plus vous vous éloignez de ce carcan, moins vous avez de chance de trouver votre Saint-Graal…


Le secteur vidéoludique étant un business avant toute autre chose (ce qui n’empêche pas la passion :p), rares sont les éditeurs à sortir de leur frilosité naturelle pour proposer des jeux originaux sur un marché théoriquement "inadapté", les enjeux financiers étant jugés trop importants. Ou alors, ils les éditent au compte-gouttes afin de limiter les risques (ce qui soit dit en passant limite également leurs chances de succès…), comme avec ce Gitaroo Man, sans doute encore "un peu trop" connoté Japon à leur goût, même si des jeux comme Parappa the Rapper ou Dance Dance Revolution ont déjà ouvert la voix au genre en dehors des frontières nippones…


Cette critique porte d’ailleurs sur la version PSP du jeu, intitulée Gitaroo Man Lives!, une version par ailleurs craquée car, malgré tous les efforts consentis à l’époque (en 2002 puis en 2006), je n’ai jamais réussi à mettre la main sur une version européenne légale…


Comme un certain Parappa the Rapper, Gitaroo Man est doté d’un scénario, tout aussi "élaboré". On incarne U-1 (traduit bêtement en "you one" à l’international alors qu’il ne faut pas avoir fait 300 ans de japonais pour piger qu’il s’appelle en fait Yûichi ("ichi" = 1 en jap’), un looser amoureux de la plus jolie fille de l’école, et constamment brimé par ses camarades de classe (#originalité). En rentrant un jour chez lui, il trouve son chien Pûma affalé devant la TV, qui le toise un peu, puis insiste pour lui apprendre à jouer de la guitare (avec une raquette de tennis). Oui, son chien parle. Cherchez pas, c’est japonais.


Alors qu’il termine avec brio la première leçon (qui constitue en fait le tutoriel), un démon apparaît soudainement et le provoque en "duel musical". Pûma apprend alors à Yûichi qu’il est le successeur du mythique héros de la planète Gitaroo, et lui confie une (vraie) guitare pour se défendre. Une fois vaincu, il lui explique que cette guitare est l’un des instruments légendaires "gitaroo", et qu’il lui faut réunir les huit pour faire apparaître Shenron, le dragon sacr…oups, je me suis trompé d’univers. Il doit plutôt les rassembler pour contrer Zowie, le prince d’une planète ennemie, et ses rêves de contrôler l’Univers, rien que ça…


Gitaroo Man est un soft atypique, même au sein des jeux musicaux. Il se présente un peu à la manière d’un VS Fighting, avec la présence de jauges de vie en haut de l’écran et les noms des "combattants" flanqués en dessous, et le but est d’ailleurs le même, à savoir mettre K.O. son opposant, sauf qu’ici on ne se bat ni avec des armes blanches, ni avec ses petits poings, mais à coups de riffs de guitare endiablés. C’est en fait un peu le précurseur des modes "battle" des Guitar Hero et autres Rock Band


Chaque affrontement suit un déroulement bien défini (à quelques exceptions près), composé d’une introduction (la "Charge", qui permet de remplir sa jauge de vie), un développement (alternance entre phases offensives ["Attack"] où l’on blesse son adversaire et phases défensives ["Guard"] où l’on se protège de ses attaques), qu’on pourrait même subdiviser en deux grandes parties, l’ennemi ayant tendance à finir par "la jouer sérieusement" dans la seconde (on peut assimiler ça à un bon gros solo de guitare dans un morceau de hard rock ou de metal)… Puis vient enfin la conclusion ("Final"), non moins épique, où l’on triomphe enfin en achevant son vis-à-vis.


Le gameplay se divise en deux types, selon la phase jouée. Lorsqu’on est sur la défensive, une cible apparaît au centre de l’écran, avec des touches se mouvant vers son centre ; je vous le donne en mille : il faut presser les touches correspondantes au moment où elles atteignent pile poil le milieu… Les autres phases (intro, attaque et conclusion, merci ceux qui suivent) se font par l’intermédiaire d’un autre gameplay, dans lequel seuls le stick et la touche O sont mis à contribution. On doit alors orienter le stick dans la direction de la ligne tracée à l’écran, tout en appuyant / maintenant les séquences de O apparaissant en rythme avec la musique.


À noter enfin qu’à l’instar d’un Dance Dance Revolution, chaque note jouée est évaluée (Great, Good, OK…) et l’on est sanctionné à la fin d’un score (un brin useless…) et d’un rang (A, B…) permettant de débloquer de sympathiques bonus (items, bios…). Pour info, le rang A s’obtient avec au moins 90% de Great / Good (et c’est très loin d’être toujours facile à obtenir…).


Côté graphismes, on peut faire un parallèle avec à peu près tous les jeux du genre depuis la nuit des temps : ce n’est pas spécialement beau mais on s’en balance un peu, puisqu’on est le plus souvent les yeux rivés sur les notes à jouer plutôt que sur le décor… Dans Gitaroo Man, on a limite des graphismes dignes de la PS1 (et encore, le petit écran de la PSP atténue légèrement leur vétusté), une bonne dose d’aliasing, des couleurs criardes et parfois de très mauvais goût et des animations tout juste moyennes…et c’est souvent le bordel à l’écran. En contrepartie, le jeu est fluide en toutes circonstances, et c’est bien là l’essentiel. Il faut juste ne pas être réfractaire à toute cette ambiance de super sentai bien japoni(ai)sante…


Côté musiques, si bien sûr tous les thèmes ne se valent pas, l’ensemble est éclectique, entêtant et entraînant. On retiendra surtout le diabolique Tainted Love face au très narcissique Gregorio Siegfried Wilhelm III, et bien sûr le superbe Legendary Theme (avec un nom comme ça, il vaut mieux ne pas se louper… :p), le meilleur thème du jeu sans contestation possible. Pour ce qui est des doublages anglais, ils sont dans le ton du jeu, volontairement caricaturaux et surjoués, bref, en accord avec les dialogues et les situations décalés du jeu.


Enfin côté contenu, Gitaroo Man propose un mode Story jouable (malheureusement) uniquement en solo, composé de 10 thèmes (sans compte le tuto), un peu limite mais pas non plus scandaleux. Le finir une fois permet de débloquer la difficulté Master, qui porte définitivement bien son nom (déjà que tout le monde ne finira pas le mode normal…). En multi, on peut s’affronter jusqu’à 4 sur la plupart des musiques, qui sont légèrement remaniées (au niveau des séquences de gameplay) pour ne pas trop favoriser l’un des camps. Cette version PSP ajoute également un mode coop’, le second joueur incarnant Kirah (non, pas celui auquel vous pensez ; et puis d’ailleurs, Kirah est une fille :p), dans deux niveaux inédits, dont les thèmes ne sont pas spécialement inspirés à mon goût (avis purement subjectif).


Au final, Gitaroo Man a été pour moi (et est d’ailleurs toujours) un vrai jeu coup de cœur, et sans aucun doute ma meilleure expérience de rhythm game se jouant exclusivement au pad. Si vous aimez les jeux qui mettent à l’épreuve vos réflexes et votre dextérité, et que cet univers typiquement soleil-levantesque ne vous rebute pas (trop), je ne peux que vous inciter à tenter vous-même l’aventure…

Wyzargo
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le 13 déc. 2017

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