Dept. Heaven - A pirate's life for me ~
C'est avec un léger pincement au cœur que j'écris cette critique, car voilà que je viens d'achever l'entièreté de Departure Heaven, probablement l'une des séries de jeux les plus intéressantes et originales qu'il m'ait été possible d'essayer, ou même les jeux moins réussis offraient ou un plaisir pour les mirettes avec le gros travail artistique derrière les jeux ou un gameplay novateur et ingénieux. Ils disposaient cependant souvent des mêmes défauts : une structure plutôt linéaire avec peu d'exploration et une interface souvent très confuse. Mais Gloria Union n'est pas seulement le dernier opus de la série auquel j'ai pu jouer, mais aussi le troisième et dernier opus de la sous-série des Unions, à mon goût les tactical-RPGs les plus stratégiques et jouissifs qui aient pu être réalisés. Fin de la ligne donc des jeux de mon studio favori, mais au diable mes états d'âme et attaquons-donc la bête, et en premier lieu son histoire.
À l'inverse de ses prédécesseurs, Gloria Union quitte le continent de Fantasinia et nous envoie voguer sur les sept mers en suivant les épopées d'un groupe de pirates qui se retrouve vite avec plus gros que soi à leurs trousses quand ils tombent sur une mi-automate mi-humaine vestige d'un Atlantide perdue sous les mers, et se mettent en quête de la retrouver tandis que les différentes forces en présence cherchent à acquérir le trône de la cité perdue. On a ici beaucoup moins l'influence politique dont disposait les précédents opus, mais on retrouve toujours l'ambiance dramatique des relations entre les multiples personnages. Entres héritages douloureux, liens familiaux, anciennes camaraderies ou rancunes tenaces, chacun se retrouve avec de lourds dilemmes lorsqu'il s'agit de trancher la tête de son prochain. Les interactions entre les différents personnages en deviennent plus intéressantes, mais cela a tendance à renfermer le monde sur lui-même puisque le cercle de relations est clos, ce qui pour un jeu avec des pirates pour protagonistes est dommage. Mais le plus grand drame de ce jeu, c'est son protagoniste. Ishut est votre protagoniste standard et malheureusement beaucoup trop cliché pour être attachant. Entre un design basique et un doublage qui tend à vite taper sur les nerfs, sa personnalité est tout ce qu'il y a de plus banal pour un héros de shonen, ce qui est d'autant plus dommage quand l'histoire dispose d'éléments assez sombres, les deux faisant preuve d'un large contraste. Le reste du casting tient cependant bien la route, à l'exception peut-être de l'automate sus-mentionnée, parfois trop niaise et doublée par 'TUTTURU' de Steins;Gate (et une fois qu'on le remarque, on n'entend plus que ça). Les autres personnages eux sont sympathiques de par leurs réactions, backgrounds et sous-intrigues, et si la plupart des détails restent cachés lors du jeu, on en apprend plus sur eux au cours de l'histoire notamment lors de leurs interactions avec les boss. De même façon que dans Blaze Union, certains chapitres du jeu vous proposent de sélectionner les missions que vous effectuerez, débloquant de nouveaux items ou personnages selon vos choix (à noter que contrairement à Blaze, le risque de manquer des personnages reste moindre), mais aussi modifiant un nouveau facteur du jeu, la réputation. Selon vos performances et les quêtes que vous réaliserez, votre réputation se verra modifiée, et selon sa valeur (négative ou positive),vous pourrez accéder à des quêtes, personnages et objets exclusifs. À noter que votre réputation détermine également la fin à laquelle vous accéderez (une troisième fin est déblocable à travers une longue quête d'échange d'objets tout au long de l'aventure). Certaines quêtes vous obligeront également à prendre une certaine course d'action parmi deux propositions, comme aider un village attaqué par des bandits, ou profiter du chaos pour aller piller un large butin. Cependant, il est regrettable que les fins du jeu ne diffèrent qu'à la dernière mission (qui plus est très similaire quelque soit la fin choisie) et conclusion alors que Blaze Union proposait des chapitres entiers et personnages uniques dans ses différentes routes.
En tant que troisième opus d'une sous-série, la comparaison avec ses prédécesseurs est inévitable, et l'histoire de Gloria Union est malheureusement moins intéressante que celle de ses grands frères. Le personnage principal est faiblard et l'intrigue est moins entraînante. L'histoire reste agréable à suivre, certes, mais pas grandiose. Mais là où Gloria Union avance d'un pas, c'est sur le gameplay.
Les bases sont identiques aux deux autres jeux et je ne les détaillerai pas ici. Encore une fois, c'est top, original et stratégique. Mais ici on a droit à de nouvelles mécaniques très appréciables. Tout d'abord, le jeu se déroule dans l'océan, ce qui fait qu'un grand nombre de batailles ont lieu sur des îles ou le long des côtes. C'est là que rentre en jeu le bateau pirate des héros. S'il ne peut combattre directement, il dispose de plusieurs fonctions et d'un capitaine de navire attribué en début de mission. Il se déplace en mer de la même façon que vos personnages et ses déplacements doivent rentrer en compte dans vos calculs. Il peut tout d'abord transporter plusieurs de vos unités à travers la carte et donc vous économiser plusieurs points de mouvement si vous vous débrouillez bien. Il peut également à chaque tour (sauf la nuit) tirer un boulet de canon où vous le souhaitez tant que la cible est à portée du canon. En fonction du capitaine, plusieurs facteurs seront modifiés, comme la portée et l'aire d'effet du tir. Un bonus peut également être ajouté, comme une altération d'état en supplément des dégâts effectués ou la capacité de pouvoir bouger le navire après avoir fait feu. En plus de cela, si le navire est inclus dans votre union lors de votre tour, celui-ci aura le même effet qu'une catapulte, réduisant les forces adverses avant même le début du combat si vous avez l'initiative. Inutile de préciser que votre navire devient un élément capital pour la victoire, surtout si vous souhaitez avoir une victoire rapide et profiter des bonus correspondants. Un autre élément rajouté est l'importance de la météo. Si le ciel bleu tend à briller le plus souvent, la pluie et le brouillard peuvent désormais pimenter le déroulement du combat. En temps pluvieux, les armes à feu (qui remplacent les arcs des précédents opus) voient leur puissance diminuer drastiquement tandis que le brouillard limite la taille de vos unions et peut provoquer la panique d'une unité attaquée dans de telles conditions, empêchant la contre-charge de ce dernier et donnant un pas d'avance pour l'équipe offensive.
Vient ensuite l'équilibrage des personnages, et étonnamment, le protagoniste est plutôt faible comparé au reste des personnages. Ses statistiques restent à peine à la moyenne pendant la quasi-intégralité du jeu, alors qu'il est seul épéiste pour les deux tiers de l'histoire. Il est possible de recruter Yggdra, héroïne du premier opus, et il est consternant de voir à quel point Ishut paraît mauvais en comparaison (puis c'est un peu la honte de se faire détrôner par un caméo). À côté, il est le seul à pouvoir utiliser de très puissantes compétences que vous obtenez au compte-gouttes en progressant. Si leur puissance ne fait aucun doute, le système de jeu ne vous permet pas d'en faire un usage complet, votre nombre de compétences disponibles par bataille restant limité, vous ne pourrez pas en emporter plus de deux par mission si vous voulez toujours profiter des compétences des autres personnages. La plupart d'entre eux disposent d'ailleurs quasiment tous d'une compétence exclusive désormais. Celles-ci varient grandement d'un personnage à l'autre (Salvation par exemple sacrifie le leader pour le combat en cours pour ressusciter les unités génériques de votre armée) et aident à l'individualité des personnages. Tous ces ajouts sont bienvenue pour la difficulté de cet opus qui a été revue à la hausse depuis Blaze Union, se rapprochant plus de l'original. Le challenge est conséquent mais pas impossible, et parvenir à ses fins est très plaisant. Je regretterai quelques missions qui vous prennent au dépourvu sans moyen d'anticiper la tournure des événements et une compétence adverse récurrente qui signe directement votre défaite lors d'une escarmouche entre deux unités sans conditions.
Petit mot sur la direction artistique et la bande-son. Encore une fois, l'artiste responsable du design des personnages a changé. Ici, deux artistes s'en sont chargés, Hiroshi Konishi (Radiant Historia) et Eiko Tameshige. Le résultat final est... correct. Les personnages secondaires sont sympathiques, mais le héros est beaucoup trop classique. Qui plus est le tout est moins original qu'à l'accoutumée. La bande-son aussi est moins marquante que d'habitude, avec moins d'une dizaine de thèmes marquants alors que la moitié de celle de Blaze Union et la quasi-totalité d'Yggdra Union était mémorable. Elle reste réussie (avec une excellente reprise du thème d'Yggdra), mais oubliable. On sent aussi la baisse de budget à travers l'opening plutôt décevant et l'absence de CGs.
Si Gloria Union ne réussit à améliorer la série sur tous les points, ses mécaniques complémentent parfaitement un système qui a déjà fait ses preuves, la difficulté est très bien dosée, offrant au final une expérience plus que convaincante et une satisfaisante conclusion aux Unions. L'absence de traductions à l'heure actuelle rend l'import plus difficile, mais pour quiconque ayant déjà apprécié les deux titres précédents, Gloria Union reste une option de choix.