(Test originellement publié le 20 août 2015 sur GameHope.com)
En attendant le prochain God of War teasé par Sony Santa Monica au cours de la PlayStation Experience 2014, Sony nous offre (encore) une remastérisation du magnifique troisième opus sorti sur PS3 en 2010. Au menu des nouveautés et des bonus ajoutés, on notera surtout une résolution in-game boostée en 1080p et du gameplay à 60fps... et c'est tout (ou presque). Est-ce que le chauve tout blanc aurait mieux fait de s'énerver dans son coin sur la PS3 en attendant le prochain opus ?
Ce qui est à noter tout d'abord, c'est que le jeu n'a pas perdu de sa saveur : 5 ans après la sortie de la version originale, il est toujours aussi bon de se replonger dans l'univers God of War, surtout en ce qui concerne le 3ème opus. Après deux premiers épisodes savoureux, cet opus marque le climax de la série : Kratos va tout défoncer et fracasser du dieu ! S'en suit donc une chasse sur le Mont Olympe pour aller attraper ces chenapans et se venger du cruel destin de notre héros.
I will have my vengeance... again!
Quand on lance le jeu sur sa console et qu'on atterrit sur le menu principal, on a un cri d'émoi qui s'échappe : le thème principal du jeu qui en a fait frémir plus d'un et qui sonne le glas sur les dieux rappelle de nombreux souvenirs, dont la certaine fureur qui nous avait envahie à la sortie de la version originale du jeu. Mais assez bavassé. Si l'on ne va pas refaire le test du jeu d'origine, une petite piqûre de rappel est quand même de la partie.
God of War III est bien fidèle à lui-même : les contrôles sont fluides et les vibrations de la manette aident le joueur à se plonger encore plus dans l'action, tandis que la musique soutient bien l'action avec ses chœurs et son instrumentalisation épique. Et pour cause, Kratos est très énervé et va se lancer à la conquête de l'Olympe, annihilant les dieux grecs et prenant d'assaut les quelques titans sur sa route. Par ailleurs, les doublages sont de très bonne qualité, avec en outre quelques guest stars comme Malcolm McDowell qui incarne Dédale ou Kevin Sorbo pour Hercule (qui incarnait aussi Hercule dans la série télé du même nom).
Le jeu dure un peu moins de 10 heures, mais plusieurs d'entre elles sont passées à regarder les graphismes et la mise en scène en ayant la bouche grande ouverte. La tension est au maximum, et on est à la fois curieux de (re)voir la fin et de prendre son temps pour faire durer le plaisir. Et puis prendre son temps a ses avantages aussi puisqu'il y a, comme à l'accoutumée, des upgrades éparpillés dans les niveaux pour améliorer les jauges de vie, de magie ou d'objet, des orbes rouges à récupérer chez les ennemis et dans les coffres pour améliorer les armes, mais aussi quelques objets magiques à utiliser lors d'une partie suivante. Les fans de la série retrouveront aussi une petite dizaine de défis assez coriaces intitulés Défis de l'Olympe, où il faudra réaliser des objectifs précis, tandis qu'un mode de difficulté intitulé Chaos (très difficile) fera plaisir aux plus ardus d'entre eux. Enfin, pour les chasseurs de trophées, il y en a également une bonne trentaine à obtenir avant d'avoir le platine
Mais outre le contenu original du jeu, qu'apporte cette version Remastered ?
Le jeu original... porté tel quel (ou presque)
Quand on vient fraîchement d'acheter son exemplaire chez son revendeur favori, on remarque déjà un début de fainéantise sur ce portage : l'artwork qui sert d'illustration pour la boîte du jeu sur PS4 est exactement le même que sur la version PS3 (à titre de comparaison, la jaquette était quand même différente pour The Last of Us entre les versions PS3 et PS4). Mais c'est en mettant le jeu dans la console qu'on peut se poser des questions sur le travail effectué.
Le jeu tourne bel et bien en 1080p et à 60 fps constants, ce qui est une valeur ajoutée non négligeable (on a pu remarquer seulement deux petites baisses de framerate notables) puisque le jeu original tournait en 720p à 30 fps sur PS3. Cependant, quand on s'attarde sur les détails et qu'on voit que les textures ne sont pas vraiment plus détaillées, ni que les modèles 3D n'ont été améliorés, c'est un peu dommage. De même, pour ce qui est des voix, elles sont aussi compressées que dans la version PS3, alors que la PS4 aurait pu bénéficier d'un son un peu plus cristallin. L'autre petit souci, c'est que les cinématiques pré-enregistrées n'ont pas été refaites pour l'occasion : elles font un peu tache avec le reste du jeu, puisqu'elles sont restées à 30 fps et si on s'approche assez près de l'écran on peut aussi voir qu'elles sont un peu compressées également.
On retrouvera cependant les quelques DLC du jeu original qui sont ici inclus dans le jeu de base, et les trophées qui sont réinitialisés pour cette version, à l'instar des autres portages.
Papa Kratos s'énerve
Bon, là, vous allez dire qu'on chipote, mais les bonus apportés par cette version Remastered ne sont pas très folichons non plus : un mode photo fait son apparition ici, mais est très très limité. La caméra directeur du jeu (non contrôlable par le joueur) ne peut toujours pas être bougée : ce n'est pas un mal en soi puisque c'était dans un souci d'optimisation qu'elle avait été définie ainsi, mais le reste des options laisse à désirer.
Pour les petits photographes en herbe, ils n'auront le choix que du zoom et du cadrage dans l'image, d'ajouter des cadres décoratifs, des filtres de couleur ou de choisir l'intensité et la luminosité des objets lumineux. Pour ce qui est d'une gestion de profondeur de champ (flou d'arrière plan), de la luminosité et du contraste de l'image ou de faire pivoter un peu la caméra, il faudra repasser. La rangée d'options est très limitée par rapport aux autres modes photo proposés dans les autres jeux.
Quelques petits trucs "gadget" ont aussi été ajoutés sur la manette : la barre lumineuse changera de couleur en fonction de l'arme sélectionnée en jeu, tandis que le haut-parleur ne sera actif que lorsque l'on upgradera une arme par le biais du menu. Rien de très folichon pour le coup.
En tous cas, la question qui se pose par rapport à ce portage est : pourquoi n'avoir fait un portage que du 3ème opus ? Il reprend exactement là où le 2 s'était arrêté, va dans sa continuité, et tout joueur qui commence par le 3ème opus sera un peu largué au niveau de l'histoire (bon, peut-être pas tant que ça, l'histoire n'est pas si compliquée). Enfin bref, même si les portages des jeux de la génération précédente visent les joueurs pour qui la PS4 est leur première console Sony, le fait de ne pas inclure les deux précédents opus dans le package me dépasse. Et même si Sony préfère porter que des jeux PS3, pourquoi ne pas l'avoir fait pour God of War : Ascension également ? Et tout ça sans parler du prix (50€ à la sortie) qui, pour un seul jeu pour le portage qu'il offre, est plutôt cher payé.
Conclusion
God of War III : Remastered a certes un très bon matériau d'origine (puisque le jeu original n'a pas beaucoup vieilli depuis 5 ans), mais son portage reste paresseux car les bonus (1080p/60fps/mode photo) ne valent pas vraiment le coup de débourser 50€ si on l'a déjà fait. Si l'on souhaite se replonger dans la série, autant conserver sa bonne vieille PS3 pleine de poussière et rejouer à tous les jeux de la série qui sont, eux, tous présents dessus... ou attendre une réduction suffisante pour vous faire craquer. God of War reste l'une des licences phare de chez PlayStation car elle a toujours été gage de qualité, mais le portage n'a pas été à la hauteur de nos attentes cette fois-ci.