Je n'avais jamais joué à un God of War sur PS3, et voilà que celui qui est considéré comme le meilleur arrive dans mes mains. Il faut bien comprendre que je n'en attendais rien de particulier.
Et quelle ne fut pas ma surprise !
L'histoire, je la connaissais déjà. Kratos, Dieu de la Guerre après avoir vaincu Arès, est bien décidé à tuer tous les Dieux de l'Olympe pour enfin accomplir sa vengeance, quitte à libérer les Titans aux dos desquels on commence le jeu. Et l’intérêt du titre se trouve bel et bien là : purifier, raréfier, stériliser, détruire. La volonté de puissance de Kratos transpire dans chaque recoin. Tout est infiniment brutal. Mon seul désir et mon unique but tout au long du soft était de voir jusqu'à quel point sa vengeance irait. Ni le gameplay, ni la plastique du jeu -pourtant fort agréable- ne m'ont détourné de ce devoir. J'ai pris un plaisir incroyable à voir chacun des Dieux tomber sous mes coups et ma seule envie était de savoir qui serait le prochain et de quelle manière il disparaitrait pour laisser place au règne sans partage de Kratos. L'extermination de l'Olympe est une jouissance absolue.
Il faut bien comprendre qu'il a fallut aux développeurs un certains courage : il ne sont pas tombés dans la facilité manichéenne. La plupart des vengeances, au cinéma ou autres, sont le fruits d'un combat du bien contre le mal, où celui qui se venge n'est condamné moralement que par la nature des moyens qu'il emploie, non par son but. Ici, Kratos est clairement vu comme complètement obsédé par la mort, fut-elle déraisonnable et folle, de ceux qu'il a désigné comme ennemis. La difformité de son corps, la dureté de sa voix, n'ont jamais été faites pour transcrire un "modèle de masculinité" (coucou 3615 Usul) mais pour faire apparaitre sa détermination brutale et aveugle.
Et tout au long du jeu, la pile de cadavres divins allant croissant, le monde autour de Kratos se met à mourir. La mort de Poséidon provoque l'engloutissement de la terre par les eaux, celle d'Hadès la fuite des âmes et l'impossibilité des morts à trouver le repos, et celle d'Hélios cache définitivement le soleil au reste de l'humanité. Et on se retrouve là, à la fin du jeu, contemplant le résultat de notre vengeance : l'Homme est mort, les Dieux sont morts et il ne reste plus que Zeus -votre père- et vous, pour un ultime combat. Cette vengeance n'a pas de fin et pas de but, elle doit seulement tout détruire pour que plus jamais rien ne repousse.
Malheureusement, ce tableau sanglant dans lequel on prend plaisir (ne vous cachez pas) à éventrer tout ce qui bouge est gâché par un dernier tiers de jeu complétement narnardesque, où Kratos aurait envie de libérer une jeune fille pour ensuite ne pas assumer son sacrifice. Et la fin m'a profondément déçu : "l'espoir était en fait la clé de tout", bla bla bla ... Le mec est quand même depuis le début le plus gros connard que cette terre ait porté, montrant Dédale pendu et mort qui attendait son fils Icare depuis des années, et disant "Vois où cela mène. L'espoir, c'est pour les faibles". De plus, Aphrodite est la seule a ne pas mourir. On aurait dû défoncer la porte de sa chambre, la violer et la tuer. Car quand on veut représenter la folie meurtrière d'un homme brisé, ce n'est pas pour reculer devant les principes moraux. Santa Monica Studios ont passé un contrat avec le joueur, ils auraient dû le tenir jusqu'au bout.
Non, je pensais que Kratos allait se tenir là, debout, contemplant le monde des Hommes dévasté et celui des Dieux en ruine, et lui, dernière chose encore vivante sur cette terre, se suiciderait, car à la fin il ne doit rester que la chaos.