Comme mes notes le montrent, j'apprécie tout particulièrement les dernières itérations God of War-esque de Stanta Monica Studio (originaire de Stanta Monica, au cas où vous en doutiez). Alors j'ai pleinement conscience d'avoir affaire avec une duologie faite par des Américains qui pensent et écrivent comme des Américains, soient des enfants qui se prennent très au sérieux. Donc, cette duologie devrait se prendre au premier degré mais en jouant à Ragnarök j'ai entrevu (et j'avais prévu) une sorte de "marvelisation" dans le ton et les dialogues, car il est vrai que l'on pouvait reprocher à l'opus de 2018 de se prendre trop au sérieux dans ses dialogues, notamment ceux entre Kratos et les autres personnage (sauf Atreus). Cependant cela n'est jamais écœurant, certes ça blablatait souvent, mais jamais ça en devenait insupportable (comme Le Donjon de Naheulbeuk : l'Amulette du Destin ou encore Les Gardiens de la Galaxie), de plus, j'ai toujours adoré la dynamique du duo dans les histoires. Ici, ça m'avait touché (je ne dis pas ça parce que mon père est un chauve barbu).
En parlant de touchant, ce Ragnarök a réussi déjà au tout début :
Je pense au passage où l'on rentre avec notre traîneau et que l'on assiste à la mort de Fenrir et qu'Atreus part l'enterrer. Je fais mon sensible mais si vous avez comme moi grandis avec des chiens et vécu la même chose qu'à ce moment-là, ça fait quelque chose.
Et on se lance dans l'aventure juste après...
Dans l'ensemble je suis toujours content des combats qui n'ont pas trop bougés en quatre ans, ils restent dynamiques, satisfaisants et je m'amuse franchement à taper tout ce qui passe. Sah kel plezir d'alterner hache, lame du chaos et patate de forain. Certes la formule n'a pas bougé en quatre ans et c'est dommage, d'ailleurs je trouve également dommage que l'impact des coups donnés se ressent moins que dans le précédent jeu. Alors, on y gagne quelques combos ci et là, mais surtout de nouveaux ennemis et de nouveaux boss dont certains sentent un poil le réchauffé (bien moins que les trois millions de troll de 2018), toutefois, on sent que l'inspiration avait ses limites. En ce qui concerne le bestiaire plus basique, on tourne quand même un peu en rond. Certes moins qu'avant mais il faut savoir que le bestiaire du jeu d'avant est encore là et que SMS (Santa Monica Studio) a greffé quelques bestioles en plus pour ne pas ressentir un écœurement. Je suis en revanche très déçu par l’avalanche de mobs lézard minuscules qu’on affronte plutôt au début du jeu, je crois que c’est une mauvaise idée.
Je note aussi l’idée de devoir changer d’arme et donc d’élément (feu, glace et vent) pour pouvoir percer la carapace de certains ennemis. J’aime aussi le fait que plus d’ennemis puissent esquiver voire parer nos coups.
Autre nouveauté appréciable : jouer boy et pas dad of boy à quelques reprises. La jouabilité change un peu, alors certes on est plus limité car Atreus n’a qu’une arme mais les petits pouvoirs qu’il possède le rend pas trop barbant à jouer. D’ailleurs ce petit cassage de routine est appréciable, surtout si comme moi vous aviez refait l’opus de 2018 une semaine avant celui-là. En plus de ses invocations (ici moins nombreuses… bizarre.) il possède un petit spécial en appuyant sur L1 + R1 et a également une jauge rage qui le fait se métamorphoser en loup. Ce lupus possédant un gameplay aussi basique que Kratos en rage, uniquement coup léger et coup fort. Quoique je suis un peu malhonnête ici car Kratos n’a pas une, mais bien trois formes de rage différentes ici.
En parlant de Loki, je dois dire que même si dans l’ensemble j’ai apprécié jouer ce personnage, malheureusement son deuxième passage devant la caméra est barbant.
En effet le passage forcé à Jötunheim dure entre 1h30 et 2h en montrant trop farouchement une relation bien trop timide et maladroite entre deux adolescents. C’est bien sympa d’aller cueillir des fruits à dos de yak, mais pendant 120 minutes… Stop ! Cela étant, le personnage n’a jamais été insupportable.
La progression reste un peu pareil, on s’enfonce un peu plus dans le light RPG, le système de compétence et de niveau est le même, grosso-modo. En termes de progression plus « active », on avance comme dans le premier, on débloque les outils pour avancer au fur et à mesure que l’on avance. J’ai quand même l’impression qu’on est moins dans un metroid-vania que le précédent, où l’on faisait plus d’aller-retours qu’ici. En fait les seuls outils vraiment manquant sont la flèche sigillaire et Draupnir. On voit les mêmes marques pour monter, descendre, accoster etc.
Dommage pour les menus qui sont toujours aussi pénibles, même après 35 heures de jeu je m'y perds encore plus qu'en 2018. Tout comme je suis déçu par le dégueulis de broutilles récupérables et je suis assez perdu entre relique, enchantement, autre truc dont le nom m'échappe...
Étonnamment, cela tourne sans problème sur PS4 Slim et je n’ai pas eu de bug à part des mobs qui s’affichaient en retard et des chargements de zone imprévus. Oui c’est beau, dans la ligné du jeu de 2018.
J’ai aimé l’histoire proposée, je l’ai trouvé très humaine et ça m’a plu de voir tous les thèmes abordés et leurs traitements (certes légers mais appréciables). On voit Kratos évoluer, changer d’avis et comprendre sa place de père mais aussi de dieu adoptif sur ces terres enneigés (avec le bonjour de l’office du tourisme norvégien). Le parcours de boy est aussi intéressant à suivre, on le voit comme ado qu’on a tous été, il suit ses obsessions du moment et cherche sa place qu’il sait différente de celle de son père, lui-même ayant du mal à l’admettre.
Je trouve que montrer le panthéon nordique sous un jour très humain, faillible, est une idée intéressante. Là où par leur orgueil les Olympiens avaient perdu face à l’ancien Kratos (à l’époque un personnage unidimensionnel) ici les Ases ont tous leurs petits problèmes bien à eux et c’est intéressant de les voir sous cet angle-là.
J’aime beaucoup le parti pris avec Odin, qui comme décrit par Mimir dans l’ancien opus, est un sacré manipulateur ne pensant qu’à lui. Même si notre cher Mimir (le GOAT comme disent les Zoomers) déclare être l’homme le plus intelligent de monde, il fait pâle figure face Odin qui lui a tout anticipé et tout préparé pour être prêt face à n’importe quel problème. Le fait de le montrer comme ce sociopathe paranoïaque tout à fait différent de sa représentation habituelle est une bonne idée. Idem pour Thor qui ici n’est pas un bg surfeur australien peroxydé mais un bien colosse au physique de strongman (cf Hall, Björnsson, Shaw…) et alcoolique notoire. Ce n’est pas héros juste comme chez Marvel mais un père désabusé et surtout un personnage vivant que par les combats. Une sorte de Kratos qui aurait mal tourné.
J'ai pris plaisir à constater que l'implémentation des quêtes secondaires était intradiégétique, on remarque que les personnage se font des remarques et qui plus est chaque petit détour que l'on fait pour récupérer le contenu d'un coffre, allez chercher une broutille, etc, sera commenté par les autres personnages. C'est tout bête, mais je pense ce détail peut donner un exemple à suivre pour les AAA qui passerons après. D'ailleurs, on peut voir que GoW s'est quelques peu Elden Ring-isé, car là où commence un quête secondaire qui a l'air tout à fait banale et s'annonçant barbante, le joueur se retrouvera vite dans une nouvelle zone immense avec beaucoup de chose à faire. Et dire qu'à l'instar de la quête de Ranni dans ER, les joueurs de GoW peuvent passer à côté de ce passage.
God of War 2018 me plaisait par son ambiance plus intimiste, son histoire simple et efficace tout comme l’évolution de deux figures opposées dans une aventure universelle. Je craignais de perdre cette intimité, ce quasi-huis clos narratif avec quelques personnages pour une fresque semi épique qui se perd dans tous les sens. Contre toutes attentes, ce n’est pas le cas. J’aime comment le jeu sait poser des moments de calme (comme son aîné) avec des moments presque attendrissants et ensuite de la grosse bastonnade des familles. Cet équilibre est dur à maintenir et il est vrai que le titre titube un peu.
Comme par exemple le fameux passage à Jötunheim, aller forger Draupnir, aider Freyja et Freyr.
Ce qui m’a manqué c’est de l’ambiguïté. Tout se passe un peu trop sur des rails. J’aurais aimé voir les personnages replonger, nier leur morale et s'engager sur des voies qu’ils ont abandonnées ou que le destin leur met devant eux. Par exemple Kratos qui replonge dans la colère et la vengeance, et Atreus qui devient enfin Loki, dieu de la malice, discorde et des illusions. Ça reste assez sage. Dommage...
Je suis aussi un peu attristé par le remplissage du jeu. Oui il y a beaucoup de chose à faire, mais on voit que SMS avait peur de nous laisser seul, sans but. Dommage, j'aime bien quand les jeu font ça et cela aurait été chouette de voir un AAA américain donner l'exemple pour casser un peu cette routine de jeu à gros budget monde-ouvert spé TDAH qui s'ennuie devant Tik-Tok.
Oui j'aime ce jeu, j'ai passé un bon moment, et ses défauts ne m'ont pas trop agacé.