Un jeu en 1994, pour le public de 1994, mais sorti en 2013.
"L'important c'est le voyage, pas la destination" disent certains pour faire passer la pilule lorsqu'une fin de série/film/jeu est moisie.
Ils ne diraient certainement pas la même chose à l'aéroport, car si l'important était de passer plusieurs heures assis dans les airs à regarder des films censurés en SD 4/3 y'en a qui feraient un peu la gueule.
Ce qui nous amène à Gone Home que je vais traiter sans spoiler particulier, où le joueur est comme un touriste dans la maison de la famille Américaine du personnage joué qui revient tout juste d'un séjour estudiantin en Europe.
La famille ayant déménagé entre-temps, la découverte de la nouvelle maison se fait simultanément pour le joueur et le personnage.
Et la maison n'est pas très accueillante. Déjà, il n'y a personne et la sœur a laissé une note sur la porte du genre "ne me cherchez pas".
Bah ok, je voudrais bien, mais ça équivaudrait à fermer le jeu et reprendre mes activités normales, mais j'aurais perdu du pognon car le jeu n'est pas gratuit.
Donc non chère sœur virtuelle, je t'emmerde et je te cherche.
...je te cherche, donc.
En scrutant tel un inspecteur des impôts victime de trouble obsessionnel compulsif chaque pièce, chaque armoire, chaque tiroir et chaque poubelle, à la recherche du moindre indice, code, ou information de background sur le grand-oncle à qui appartenait la maison, la mère garde-forestière, le père écrivain raté et la sœur.
Plus on avance, plus la maison devient troublante et on comprend pourquoi elle est nommée "psycho house" par les voisins.
À cette fin les concepteurs jouent à certains moments sur les codes de l'horreur mais toujours pour se moquer du joueur et lui rappeler "tu t'attendais à quoi hein ?".
On avance ainsi tranquillement, pour ma part pendant un peu moins de deux heures et demie vu que j'ai tout retourné et/ou écouté, suivant grossièrement un chemin prédéterminé par les développeurs, tout ça pour arriver à la fin en se disant "ok... c'est tout ?".
Oui, c'est tout.
Ni le voyage, ni la destination n'auront été particulièrement plaisants.
Oh, c'était intéressant, certes, mais j'aurais très bien pu passer tout ce temps à regarder des vidéos d'animaux sur Internet pour une quantité d'amusement (voire de réflexion) supérieure et un coût infiniment inférieur.
Même si ce jeu est aussi un voyage dans le temps (ah, 1994 et la première saison d'X-Files qui a influencé plusieurs membres de la famille...), et que les nineties étaient une période intéressante pour ce qui est de la transition vers la modernité actuelle, les quelques éléments placés pour faire nostalgier dur les joueurs n'ont pas vraiment eu d'effet sur moi (alors que je suis né dans les années 80).
D'ailleurs le message du jeu aurait été bien plus judicieux en 1994 que près de 20 ans après, où il n'inspirera que "moui, et alors ?" à la majorité des joueurs qui auront déjà accepté de jouer à un jeu où on ne doit tuer personne, où on ne doit pas vraiment réfléchir, et où en gros on se contente d'avancer.
Donc 19€ pour ça ?
Allez, mettons le rapport qualité/prix à 6/10, car techniquement c'est pas trop mal et qu'un mode "commentaire des développeurs" (en anglais évidemment) est disponible pour le jour où vous vous ferez vraiment chier.
À chaque division par deux du prix, vous pourrez ajouter un-demi point.
Donc oui, ça vaudrait 7/10 à 4,75€ et 8/10 à 1,2€.