Graveyard Shift
Graveyard Shift

Jeu de DarkPhobia Games (2023PC)

J’ai découvert le jeu grâce à Willong, let’s player de jeux d’horreur dont je regarde les vidéos depuis maintenant plusieurs années (et qu'au passage je trouve fort drôle et très sympathique).

Je ne suis pas une grande spécialiste des jeux d’horreur en règle générale mais j’ai eu la nette impression que Graveyard Shift de l’éditeur DarkPhobia Games était un jeu « de derrière les fagots » car je n’ai pas réussi à trouver beaucoup d’informations sur son élaboration ou sur sa nationalité et la fiche du jeu n’existait pas sur SC, ce qui fait que j’ai dû la créer pour pouvoir publier ma petite critique.

Graveyard Shift : le pitch

[Tu es insomniaque et ton dernier poste de surveillant au musée d’Histoire Naturelle t’a ennuyé à mourir ? Tu aimes la bruine et les corbeaux ? Ce job est fait pour toi!]

Nous sommes en décembre 1995 et vous vous apprêtez à prendre vos nouvelles fonctions de gardien de cimetière dans ce magnifique lieu qu’est Whispering Winds Graveyard. Il fait froid, il bruine et le brouillard donne aux remparts de pierre du cimetière des allures d’armée des ombres. Pourquoi cette date spécifiquement ? Je n’en sais rien. Le jeu est sorti en 2023, ce qui fait que je ne sais pas pourquoi il a été décidé de nous situer 28 ans en arrière : cela n’apporte rien au déroulement de l’histoire ni au lieu et pour cause : un cimetière ça ne change pas tant que ça au fil du temps.

Pour avoir travaillé un peu en lien avec ce milieu pendant plusieurs années, j’ai trouvé la thématique originale : ça m’a fait penser à tous mes copains croque-morts et autres véritables gardiens de cimetière. Entre nous, j’ai toujours trouvé que ce monde était, de par son lien avec la mort, un grand oublié de la sphère publique et qu’on en parlait trop peu (rappelez-vous des premières vagues de Covid par exemple : vous souvenez-vous avoir applaudi à 20h00 pour remercier les gens qui prenaient en charge les défunts tandis que nous étions tous confinés? Parce que moi pas trop).

Bref, le jeu s’annonce original, s’avançant sur un terrain peu exploité. Ça change de Fifa. Le personnage que nous incarnons n’a pas d’autre identité que celle de Gary, le nouveau gardien de nuit qui va passer quelques heures d’épouvante entre les murs épais de Whispering Winds (et pourquoi pas Wuthering Heights tant qu’on y est ?).

Graphismes

Oui les gars, parlons peu mais parlons bien : causons peinture et petits dessins. Au-delà de la thématique, ce qui m’a immédiatement attiré, ce sont les graphismes que j’ai trouvé vraiment très bien faits, avec ce grand ciel gris réaliste, ces vieilles pierres humides, ces mausolées sinistres, hauts et noirs, faiblement éclairés par de petits lumignons orangés, ces arbres morts tendus vers les nuages, ces croix anglicanes plongées dans le brouillard épais. L’ambiance est au rendez-vous, petits frissons garantis !

Mon meilleur ami qui s’est coltiné deux bonnes heures de configuration ne sera certainement pas aussi enthousiaste que moi sur le rendu du graphisme dans la mesure où il a ronchonné durant toOOoout le jeu sur l’effet de floutage involontaire rendu par un dessin trop pixelisé et sans finesse. Bon, c’est vrai mais personnellement ça ne m’a pas empêché de rentrer dans l’univers du jeu.

Places to be (or not)

A Security Room not so secure

Vous allez me dire : oui on a compris, on est dans un cimetière. Certes mais il y a quelques bâtiments dans l’enceinte à commencer par la Security Room où se trouve l’écran de contrôle qui relie l’ensemble des caméras de surveillance. C’est un peu notre petit refuge même si la pièce est carrément miteuse. Il y a un lit (à la propreté douteuse), un réchaud pour faire cuire son petit cassoulet minute William Saurin, une télé avec un magnétoscope (1995 quoi) et puis une petite radio avec un téléphone (qui ne sert à RIEN vu que les communications ne passent pas). Le gardien que nous sommes fait des allers-retours entre les pierres tombales et son écran de contrôle pour s’assurer que les morts ne font pas la java dès qu’il leur tourne le dos.

Au début on fait de la petite maintenance bidon : une petite fuite d’eau sur un tuyau, mettre un visiteur dehors, (lequel ressemble d’ailleurs furieusement à Boris Karloff dans Frankenstein) et puis les choses se corsent : il faut aller remettre un corps sur son lit mortuaire à la morgue.

The Dissection Hall

Si tu es une âme sensible ou que simplement ce genre d’endroit te donne des sueurs froides, que tu as préféré rater les funérailles de Tatie Hortense plutôt que d’apercevoir au loin le profil déprimant d’une chambre funéraire, alors c’est peut-être l’heure d’aller boire un mojito et de revenir pour le mot de la fin.

The Dissection Hall se compose d’une entrée chichement éclairée par un néon à la lumière blafarde. Sur son mur lépreux se trouve accroché un portrait du Christ avec un crucifix à sa gauche, surplombant un vieux fauteuil roulant oublié dans cette entrée vide, étrangement inoccupé et qui rappelle sans l’ombre d’un mot une présence maladive invisible, annonciatrice des tourments qui attendent le gardien que nous incarnons. Viennent ensuite la salle des cercueils et la morgue où se trouvent déjà trois corps dans l’attente de leurs prochaines funérailles. Les salles sont à l’image de notre loge de gardien, c’est-à-dire insalubres et miséreuses. Des détritus jonchent le sol, le carrelage se décolle des murs, la climatisation de la morgue fait un bruit de tout les diables (sans mauvais jeu de mots), et les sols sont… en parquet (!) . Vous allez me dire que je chipote mais mettre du parquet dans des salles susceptibles de recueillir des fluides humains, ce n’est pas une très bonne idée ou alors vous avez intérêt à sacrément le vitrifier (et encore, je ne suis pas sûre que ça passe au contrôle technique). D’ailleurs, le sol produit un effet de scintillement étrange selon l’angle de vision, comme s’il était inondé, spongieux. Bref, l’habilitation préfectorale c’est pas pour tout de suite.

Autre détail surprenant : au milieu de toute cette laideur, on trouve une copie du portrait de La Jeune Fille à la Perle de Vermeer sur l’un des murs de la morgue. Ce portrait d’une grande douceur contraste avec l’atmosphère glauque du lieu et semble étrangement effrayer notre personnage qui sursaute en le voyant la première fois. Après avoir replacé un mort sur son lit, le portrait se déforme soudainement et un visage monstrueux prend brutalement la place des traits de la jeune femme que nous connaissons. Résultat, j’ai foutu du thé partout sur le canapé.

Le moins qu’on puisse dire globalement c’est que Gary voyage au pays des ombres durant cette unique nuit passée au cimetière de Whispering Winds. Il visitera ainsi un souterrain, une chapelle hantée par un démon maléfique (mais je ne peux pas en dire grand-chose dans la mesure où j’ai passé cette partie la tête enfouie sous un coussin).

Les Personnages

Gary est plutôt seul dans cette histoire puisque le prêtre et le gardien de jour qui l’accueillent se dépêchent de se barrer au bout de deux minutes. Il n’a pas de personnalité notable et l’on ne connaît pas son apparence physique, puisque même devant un miroir, aucun visage ne se dessine. J’ai toutefois noté un discret accent des pays de l’est dans sa manière de parler ce qui fait que j’ai décidé de façon totalement arbitraire que Gary était polonais. Après bien sûr, je ne peux guère vous le cacher : il y a un démon dans les parages et une bonne sœur façon La Nonne qui a tendance à crier quand la lune se lève mais dans l’ensemble finalement, on est globalement tranquille.

En conclusion :

Graveyard Shift est un petit jeu sans prétention, réalisé avec peu de moyen à l’ambiance immersive que j’ai beaucoup aimée. Les fautes d’anglais récurrentes tout au long du jeu m’ont faite sourire (même si effectivement sur le moment, ça casse un peu l’atmosphère).

La fin du jeu a les défauts de pas mal de films d’horreur : le mal triomphe ce qui est toujours regrettable mais hélas relativement courant. Satan n’est-il pas le prince de ce monde ?

Je vous le dis sans volonté de prosélytisme : à quand le triomphe du Bien ?

Après tout, l’espoir est comme le pain : il faut en laisser aux autres …

Sur ces considérations théologico-philosophiques, je vous laisse, j’ai mon cours de Défense contre les forces du Mal qui commence dans 5 minutes.

PS : Je vous mets ici la critique de mon ami sur le même jeu (avec captures d’écran à l’appui, ce qui vous permettra de vous faire une idée plus précise des graphismes et aussi de découvrir son très beau site internet dédié aux JV) :

https://www.videogiciels.fr/?post/2024/06/23/Graveyard-Shift-%28PC%29

Proximah
7
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le 22 juil. 2024

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