Un titre monochrome, un univers coloré - Kraterios

L’univers indépendant fait souvent preuve d’innovation, de partis pris artistiques prononcés et parfois même complètement extravagants. Ces spécificités atypiques peuvent plaire ou non, mais ont presque toujours un but, et pas des moindres, celui d’atteindre la personne de l’autre côté de l’écran. Que ce soit d’émouvoir, d’émerveiller, de créer une réflexion ou de lancer un débat, ce sont les éléments qui vont transformer un simple jeu en une œuvre, source d’une expérience qui ne nous fera pas oublier les quelques heures passées dessus. Gris, jeu plateformer contemplatif développé par Nomada Studio n’échappera pas à cette règle.

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Ce jeu très visuel nous fait vivre l’aventure de la jeune fille éponyme Gris, prisonnière de ses souffrances, qui va tenter de se libérer de ses « démons ». L’univers de cette œuvre est vraiment bluffant, tant l’équilibre entre les aspects visuels, scénaristiques et musicaux est maîtrisé. En effet, dans Gris, ce n’est pas une simple trame principale qui nous fait découvrir l’histoire, et en bonus des graphismes et sons sympathiques. Bien au contraire, les trois éléments tout juste cités sont bel et bien le cœur de l’œuvre. Et autant vous dire tout de suite qu’ils battent à l’unisson. Le style visuel est intéressant et diversifié, ce qui nous propose quelques surprises, en plus de la légèreté des traits qui est franchement agréable. Gris tente de retrouver le goût des choses, les couleurs de la vie, et ce principe est présent littéralement dans le jeu, tant la colorimétrie est travaillée. Les couleurs et toutes leurs nuances subliment l’œuvre et sont les messagers directs de ce que vit notre personnage favori. Evidemment, toute la bande son abonde également dans ce sens. Les musiques nous font vibrer durant l’aventure, les sons nous immergent dans cet univers pour le moins envoutant. Un jeu contemplatif se doit d’être immersif après tout. Les décors sont relativement beaux au point de nous permettre un dépaysement. Le fil de l’histoire se déroule, les environnements se diversifient. Du désert, à la forêt, en passant par l’océan et bien d’autres, ces environnements assez classiques de nos jours, sont au rendez-vous. Cependant, chacun apporte avec lui ses détails, ses couleurs, ses caractéristiques afin de nous donner une belle claque, assez forte pour nous émerveiller. Comme beaucoup de jeu du même style, Gris se focalise sur la légèreté pour apporter une fraicheur supplémentaire à son titre. Mais ici, les développeurs vont plus loin vu que Nomada Studio parvient à allier certains opposés. Le côté léger de l’œuvre vient épouser l’intensité des évènements et émotions communiquées, pendant que le côté relaxant ne se détache pas pour autant du dynamisme de certains passages. Pour résumer la partie artistique, Gris est une jolie gemme, parfaitement polie à la main, avec un univers si agréable, qu’on aimerait réellement le visiter ou/et l’avoir créé.

Mais Gris c’est également et surtout un jeu, donc il est temps d’aborder les critères concernés. En soi, on se retrouve à jouer avec un gameplay classique de platformer du genre. Marcher, sauter sont au début nos seules touches. Mais un gameplay si vide aurait fait tâche, même pour un jeu contemplatif. Ainsi, il s’enrichit gentiment tout au long des chapitres. De ce fait, l’expérience du jeu gagne en efficacité et permet de rendre le tout plus agréable. Les mécaniques se diversifient avec l’ajout d’actions possibles, même si cela reste à l’évidence limité. De ce fait, des séquences « puzzles » se dressent à nous. Le but n’est pas de créer une difficulté, mais une petite réflexion, dans la plupart des cas, relativement simple. Ces réflexions apportent toutefois une satisfaction à exploiter les quelques mécaniques de jeu de différentes manières. Le tout reste intuitif et l’aspect classique n’en ai pas moins plaisant. Gris ne fait donc pas sombrer son œuvre du côté du gameplay, qui restera fonctionnel et intuitif. On appréciera d’autant plus les interactions passives avec l’environnement et les diverses créatures qui peuplent cet univers. Pour terminer, les cinématiques sont vraiment impressionnantes et sublimes. Vous prendrez du plaisir à profiter de ces phases animées fluides, expressives, et parsemées de ressentis/d’émotions.

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On vous disait précédemment que Gris était une véritable œuvre, apportant et transmettant une expérience, à celui qui osera tenter l’aventure. Ces mots se vérifient avec la profondeur des partis pris artistiques, qui subliment cet ensemble. Rappelons tout de même que le fond du jeu reste assez sombre, de par la souffrance du personnage qui va tenter de surmonter cette épreuve de la vie. Il ne s’adresse donc pas à tout le monde pour appréhender la totalité de l'ouvrage. Cependant, si vous souhaitez découvrir un univers inédit, vous laissez porter par la progression de Gris, à travers ses ténèbres, l’expérience en vaudra le « coût » (en plus d’en valoir le coup). Après, tout dépend de ce que vous recherchez, mais s’il s’agit d’une durée de jeu, tracez votre route, puisque cette bien belle aventure se finira en une poignée d’heures (4-6h en général et selon votre rythme).