GRIS
7.5
GRIS

Jeu de Nomada Studio, Berlinist et Devolver Digital (2018PC)

50 nuances de... dépression - Critique JV #16

Oui, le monde a les yeux tournés vers un remake d'un certain jeu commençant par Resident et terminant par Evil 2 et nombreuses sont les critiques sur le sujet mais aujourd'hui on va se permettre de mettre un peu de couleur dans ce monde de brutes et de violences car bien loin de l'apocalypse zombie et d'un titanesque monsieur X on va se plonger ici dans le monde ô combien merveilleux de GRIS premier né de Nomada Studio et comme dirait un grand homme inconnu "Ct'un bo bébé".


Suivant la vague malgré tout assez peu fournie des jeux artistiques prévalant la beauté des décors et des interactions GRIS s'impose aux côtés d'autres titres comme Flow, Flower ou Journey du studio Thatgamescompany ou encore dans un autre registre de Ico ou Shadow Of The Colossus de la team Ico. Tout ces jeux ont pour objectif de faire passer au joueur un moment merveilleux chargé d'émotions et de surprises sur la base de récits souvent simples mais percutants (personne n'aura oublié je pense ce moment mémorable de Journey en fin de jeu ou les développeurs sont parvenus à surprendre grandement le joueur en le faisant passer dans une toute autre dimension en terme d'approche : SPOILER ALERT : Le jeu passait d'un seul coup en jeu multijoueur alors même que rien n'en faisait mention et ce de manière totalement inattendue alors que le joueur se déplaçait tranquillement comme à son habitude jusque la) et force est de constater que la formule marche plutôt bien car lesdits jeux sont devenus des classiques de l'ère moderne au fil des années il n'est donc pas étonnant de voir de nouveaux titres venir s’immiscer dans ce genre assez intimiste du jeu vidéo, malheureusement pas toujours pour le meilleur qu'on se le dise mais de temps à autres certains parviennent à surprendre et à percuter le joueur au même niveau sans ennuyer grâce à de bonnes idées et une formule bien comprise et c'est le cas de GRIS que l'on va analyser aujourd'hui dans cette critique alors installez vous et préparez vous au voyage dans le monde d'une dépression un peu spéciale bien loin des couleurs ternes qu'on pourrait lui assimiler.


Voyage onirique au cœur de la tristesse :


Qu'on se le dise GRIS n'a pas de réel scénario bien scénarisé à la manière d'un Metal Gear Solid, d'un Yakuza ou d'un Danganronpa non ici et de la même manière que les jeux cités précédemment le jeu passe bien plus par des symboliques que par le moindre texte laissant la place au joueur d'inventer son propre scénario et d'interpréter lui même ce qu'il voit à l'écran. Ce que l'on peut de base expliquer c'est que GRIS nous plonge dans le voyage magique et symbolique d'une adolescente en proie à une dépression dont les causes restent obscures mais qui peu à peu vont se révélées à travers les événements qui se dérouleront dans le jeu. Ainsi c'est une traversée d'un monde fantastique que l'on va effectuer avec cette inconnue affrontant parfois les symboles de cette dépression prête à tout pour nous faire sombrer à nouveau dans la douleur et le chagrin.


Malgré tout ces "combats" n'en seront pas réellement car ici point de pouvoir magique pour tuer d'innocentes bêbêtes, non, GRIS ne va pas chercher dans le registre de l'action et se contente simplement de la plateforme et d'idée de gameplay pour que ces combats de boss se résolvent de manière intelligente et réfléchie ainsi lorsqu'un oiseau géant vous envoie des courants d'airs chargés de cœurs d'orgues et d'autres instruments lourds il vous faudra simplement vous transformer en bloc compacte et vous encastrer dans le sol pour ne pas être éjecté à votre point de départ bêtement.


D'ailleurs le jeu n'est pas punitif une seule seconde, ici aucun game over, on ne peut pas mourir dans le monde de GRIS, ce choix n'est pas simplement un choix de facilité mais vient simplement appuyer le sujet principal du jeu qui n'est autre que la dépression qui touche son héroïne car en effet les boss du jeu ne cherchent pas à vous tuer une seule seconde mais plutôt à vous empêcher de sortir des profondeurs de la dépression en vous repoussant par tout les moyens dedans, une très bonne idée des développeurs qui offre ainsi un level design symbolique dans leur jeu.


Heureusement le jeu ne consistera pas simplement à devoir affronter ces boss, reflets même de l'état mental de l’héroïne car bien entendu l'exploration des différents lieux sera primordiale dans l'avancée du jeu et de la psychologie du personnage, il ne sera d'ailleurs pas rare de rencontrer des personnages qui au contraire des boss du jeux vont nous venir en aide et nous accompagner parfois pendant un pan de l'aventure. Bien entendu lesdits personnages sont extrêmement mignons et viennent symboliser l'aide que notre personnage reçoit sûrement dans le monde réel.
Mais toutes ces interactions ne sont que la face cachée de cette oeuvre sublime et touchante car le gros de celui-ci se situe avant tout dans son gameplay et principalement sa bande son et ses environnements.


Explosion de sensations contradictoires :


GRIS avant d'être une histoire est une expérience qui se joue, impossible de parler du jeu et d'en faire un résumé complet si on ne l'a pas soit même joué tant le jeu peut-être interprété différemment selon les hypothèses que l'on tire des différents éléments du jeu. Cette multiplicité des interprétations s'explique selon le ressenti du joueur durant l'aventure et ces diverses interprétations sont insufflées par les différents éléments ce qui passe entre autre par la bande son, le level design, les personnages et événements du jeu.


Tout d'abord les environnements du jeu symbolise différents aspect de la dépression ainsi en début de partie on traversera un désert qui ne manquera pas de nous faire penser à la métaphore de la "traversée du désert" pour nous faire comprendre la symbolique associée. Les différents environnements seront d'ailleurs ponctués de diverses énigmes qui elles aussi pourront nous faire comprendre des choses. Celles-ci sont souvent très ingénieuses et intuitives, pas la peine de chercher la solution pendant des heures car le tout est tellement bien construit qu'il est aisé de voir ce que l'on attend de nous sur tel ou tel casse tête. Pour cela on aura à disposition différents pouvoir qui nous aideront à les résoudre.


Le jeu offre aussi des séquences de plateformes amusantes et qui reposent sur le timing essentiellement pour atteindre des zones en hauteurs ou des parties cachées d'un endroit, on se baladera aussi très souvent simplement dans les décors merveilleux qui ponctue le jeu et qui à eux seuls justifie l'achat de cette petite pépite car en effets les décors sont de toute beauté et le jeu procure une impression de douceur et de légèreté à chaque nouvelle zone nous envoûtant et nous émerveillant par sa nature vivante ou ses cieux étoilés que l'on atteint vers la fin du jeu et qui nous hypnotisent. Une fois rentré dans le monde de GRIS on a du mal à en sortir, une aubaine d'ailleurs que celui-ci se boucle en 3-4 heures à peine car c'est une expérience qui se vit de manière unique pour nous laisser un souvenir durable et la fin du jeu émouvante et puissante termine de faire de l'expérience de ce GRIS une expérience inoubliable à destination de toutes les personnes qui pourraient souffrir de dépression. Le jeu est une véritable bouffée d’oxygène remplie de bonnes intentions ce qui fait du bien dans un univers vidéoludique qui de plus en plus passe par des jeux assez violents et sinon très ennuyeux et sans réelle direction artistique incapable de faire ressentir ce que GRIS parvient à faire ressentir durant ses 3 heures. D'ailleurs il est important de ne pas oublier la bande son qui fait partie intégrante de cette expérience et qui elle aussi parvient à faire ressentir des choses fortes tout du long !


Comme j'ai pu l'évoquer précédemment les combats de boss font forte impression grâce à cet bande son merveilleuse qui accompagne le titre du début à la fin. Tantôt enchanteresses, tantôt puissantes, mélancolique ou puissantes la bande son du titre est assez diversifiée et vient appuyer les différents moments du jeu à merveille, un vrai plaisir pour les oreilles en conséquence, je vous recommande d'ailleurs de jouer au soft avec un casque vissé sur les oreilles pour apprécier pleinement l'expérience auditive de celui-ci qui nous fait voyager jusqu'à son final qui nous touchera en plein cœur et viendra libérer notre héroïne de tout ses tourments.


Conclusion :


Ce fut une critique assez courte en soit pour ce GRIS mais comme j'ai pu le dire précédemment Nomada Studio accouche d'un titre qui se vit plutôt qu'il ne se raconte le tout passant principalement par les émotions et les éléments de gameplay que par des mots. Le pari est pleinement réussi car on se retrouve face non pas à un clone potentiel de Flower ou autre jeu arty mais bel et bien à une itération qui parvient à s'en imprégner pour créer quelque chose d'original et de parfaitement bien réalisé du point de vue du level design comme de ses mécaniques. On oubliera pas ce GRIS pour 2018 qui parvient à nous changer les idées face à toutes les superproductions que l'on peut retrouver sur le marché international, celui-ci se présentant sans prétention avec juste de bonnes intentions pour faire passer un moment magique et même qui sait aider certaines personnes à vaincre elles aussi leur dépression car n'oublions pas que le ,jeu vidéo au delà d'être un divertissement est aussi parfois la pour faire passer des messages forts qui pourront changer le joueur sur sa vision des choses et ça Nomada Studio l'a bien compris ! En espérant que ledit studio continue un tel travail dans les années à venir, mais d'ici la une chose est sûre 2018 ne sera pas une année toute.. Grise.

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le 25 févr. 2019

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Nico Vetti

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