GRIS
7.5
GRIS

Jeu de Nomada Studio, Berlinist et Devolver Digital (2018PC)

Je ne sais par où commencer car même en faisant le jeu une seconde fois il me laisse sans voix. Ce jeu est juste magnifique autant dans les graphismes réalisés par Conrad Roset que dans la musique réalisée par Berlinist. L’OST nous amène toujours dans une atmosphère très travaillée, et encore heureux car ce jeu ne mise que sur le visuel et le son pour transmettre un message qui est sûrement trop pesant pour être confié. Au niveau de l’objectif du jeu rien est expliqué. Gris était paisiblement en train de chanter cependant tout d’un coup tout s’écroule autour d’elle ce qui l’entraine dans une chute interminable, vous vous relevez miraculeusement, intuitivement vous allez avancer cependant sur le coup vous n’en avez même plus la force. Après plusieurs efforts vous réussissez enfin à avancer normalement et c’est ça l’objectif du jeu, vous aller avancer afin de vous reconstruire à l’aide d’habilités que vous récupérez. Ce jeu est contemplatif, certains ont d’ailleurs du mal à le considérer comme un jeu. Néanmoins je trouve que le fait de contrôler Gris nous permet de nous attacher au personnage, on reste plus de temps avec elle à traverser des niveaux et résoudre des énigmes simplistes, ce point de vue reste très personnel et je comprends que ça puisse être reproché.


Venons-en donc au gameplay, il est très simpliste vous allez avancer et résoudre des petites énigmes simples toujours très ingénieuses qui s’inspirent de beaucoup de jeux précédents. Celles-ci vont vous permettre de récupérer des sortes étoiles afin de récupérer vos capacités. Alors oui le jeu est très simple et c’est l’une des critiques principales faite au jeu, cependant le but de ce jeu n’est pas d’être dur comme l’est Celeste, il est d’être contemplatif et de transmettre un message, les énigmes n’ont pas pour but de bloquer le joueur elles servent seulement à faire vivre le jeu. Est-ce un problème, personnellement je ne trouve pas. Je trouve même ceci positif car pour moi c’est le jeu parfait pour un casual du jeux vidéo, des énigmes simples mais ingénieuses et une direction artistique bluffante ce qui permet de tenir le joueur intéressé au jeu, et ceci sans être dérangeant au joueur lambda qui aime ce style de jeu. J’ai également très apprécié la fluidité des mouvements dans le jeu, essentiellement sous l’eau je me faisais un plaisir d’explorer avec le dash que j’avais récupérer et de tourner en rond par pure fantaisie. Le jeu exploite bien les capacités que l’on gagne au fur et à mesure de l’aventure.


A présent je vais passer dans une partie spoil car je vais tenter de donner une interprétation du jeu.


Tout d’abord comme je l’ai dit plus haut au début du jeu on n’arrive plus à marcher le fond ne présente aucune couleur, il est même ridiculement simpliste dans ses graphismes un trait noir avec un fond blanc (ceci m’a rappelé l’épisode 26 d’Evangelion), et il n’y a même plus de musique. A ce moment-là Gris est clairement dans un état de choc, elle avance lentement la tête basse. Ensuite s’essuyant ses larmes et relevant la tête la musique commence, à force d’avancer un son aigu et apaisant apparaît, je pense qu’il représente l’espoir, l’espoir que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve, qu’elle va retrouver la statue, qui pour moi représente sa mère, et que rien ne se sera passé. Cependant lorsqu’elle la retrouve la musique se coupe, elle était totalement dans le déni. Tout à coup une colère rugit en elle, on peut constater que son habit danse comme une flamme et le blanc aveuglant est mélangé avec un rouge bordeaux. On arrive ensuite dans cette plaine de sable rouge. Ici on est clairement dans la colère qui est représentée par une tempête de sable violente qui chamboule la musique calme et apaisante qui est présente lorsqu’elle ne l’est pas. Gris doit donc affronter sa propre colère qu’elle ne contrôle pas, elle doit modifier sa robe en la rendant brute et lourde afin de traverser cette émotion. Ensuite elle arrive dans un endroit beaucoup plus chaleureux, très verdâtre et découvre même un petit cube qu’elle va nourrir, elle arrive dans l’étape de négociation, la musique à ce moment-là est très apaisante. On a cependant cette multitude d’oiseaux noirs qui font leur première apparition et qui détruisent le passage derrière nous. Un autre détail nous montre que Gris se ment à elle-même, c’est la statue d’une femme debout se cachant le visage juste après la monté dans les cieux grâce à la multitude d’oiseaux rouges dans le ciel, il y a également une deuxième statue qui elle veut descendre de son socle, elle avance à l’aveugle car ses cheveux recouvrent son visage. Cependant tout d’un coup on revient à la réalité la première forme des pensées négatives de Gris apparaît, elle est représentée par un oiseau qui nous rejette en nous poussant violemment, à ce moment-là la musique devient très anxiogène. Pour battre cet oiseau il faut faire sonner une gigantesque cloche, celle-ci pourrait représenter un glas qui est la sonnerie de cloche qui représente la mort ou les obsèques d'une personne. Juste après ce moment on arrive à la tristesse un univers bleu clair avec une pluie incessante. Cette tristesse se transforme vite en dépression lorsque l’on rentre dans les cavernes sombres et que l’on arrive dans la phase aquatique. On est seul, on le sait, Gris se renferme sur elle-même et se perd dans l’immensité de l’océan sombre et terrifiant. Cette phase utilise beaucoup la mécanique de reflet comme si elle n’osait même plus voir ce qui se reflétait d’elle. Après être allée pleurer dans la main de la statue, les pensées négatives de Gris la submerge jusqu’à l’envelopper entièrement, néanmoins elle ne se laisse pas faire et s’en suit un combat de vie ou de mort, on ressent sa difficulté à s’en éloigner et à se battre pour sa survie. Par miracle la tortue qui représente soit la récompense pour sa persévérance, soit un ami qui l’a aidée à sortir de sa dépression arrive et la débarrasse de la murène. Enfin on a un niveau qui représente l’acceptation, le niveau est beaucoup plus coloré, elle récupère même sa capacité la plus importante, la voix, ce qui lui permet de s’exprimer. Elle est à présent reconstruite et reconstruit la statue qui lui dit un dernier au revoir et qui la libère de toute ses craintes et ses mauvaises pensées. Libérée elle peut enfin s’élever dans les cieux.


Le message de ce jeu est donc que si quelque chose de terrible arrive, il y a toujours la possibilité de s’en relever, de s’en remettre si vous continuez à avancer et que vous n’abandonnez pas. Vous n’oublierez pas vos démons mais vous les surpasserez ce qui vous permettra de vivre à nouveau. Il y a toujours des hauts et des bas dans la vie. Lorsque vous sentez que vous êtes dans une mauvaise passe, vous devriez vous poser, regarder le monde autour de vous, vous poser des questions si nécessaire, essayer de relativiser et ne pas vous empêcher de pleurer car ça fait du bien des fois. La vie est faite de destruction et reconstruction comme la statue dans Gris. Acceptez-le, essayez de ne pas vous renfermer sur vous-même et de garder une vie sociale avec vos potes.


En conclusion la direction artistique et la bande son sont incroyables et l’histoire très touchante. Je ne dirai pas que c’est un chef d’œuvre car certains ne trouveront pas leurs attentes dans ce jeu, il reste tout de même un jeu comme on en fait peu, qui est inoubliable. Le jeu vous occupera 4h ce qui évite les répétitions et franchement il n’a pas besoin de plus. J’ai adoré ce jeu et j’espère qu’il vous plaira autant.

ValentinVerdier
9
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le 27 avr. 2020

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ValentinVerdier

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