Humbre con Corones y faritas !
Prenez Super Metroid sur Super Nintendo - une référence quand même, on part pas de n'importe quoi - et remplacez le système de combat à l'arme contre un gameplay basé sur le lattage de gueule tendance catch, puis plongez le tout dans un grand chaudron rempli de tortillas et de sauce mexicaine, faites jouer un groupe de mariachi autour et mettez votre plus beau sombrero gagné à la dernière tombola de l'école de votre fils. Voilà, vous êtes au plus proche de la recette de Guacamelee !, un jeu qu'on attendait pas mais qui donne de bonnes couleurs à notre PS Vita.
Car avant même d'être un digne et orthodoxe représentant du sous-genre appelé "Metroidvania" (vous y reviendrons plus loin), Guacamelee est avant tout un titre coloré, joyeux et plutôt léger, ce qui nous change de tous ces titre qui se prennent bien trop au sérieux. J'ai lu dans d'autres critiques qu'on reprochait parfois à Guacamelee d'être un titre sexiste. Je pense que c'est une erreur d'appréciation, ce titre étant avant tout emprunt de second voire de troisième degrés. Guacamelee, c'est une caricature de la culture mexicaine, mais aussi et surtout une caricature de tous les lieux communs qu'on aime véhiculer sur le Mexique : les faritas, le désert, le catch mexicain, les mariachis à chaque coin de rue. Le jeu en dresse un portrait assez humoristique et léger, dont il ne faut pas faire l'erreur de considérer là qu'il s'agit d'un portrait fidèle.
Le scénario est présent sans être d'une grande importance, et est d'ailleurs d'un classicisme confondant (mais du coup participant bien à cet esprit de caricature du titre), puisqu'il s'agira pour notre luchador de sauver la fille du président des griffes du chef (ou apparenté) du Royaume des Morts, qui vise ni plus ni moins à faire fusionner son royaume avec celui des vivants, pour devenir de facto le Chef de Tout. Bien entendu, en bon humbre viril que vous êtes, bien entendu secrètement amoureux de la fille du président, vous allez vous lancer au secours de la belle, qui ne manquera pas à diverses occasions de vous lancer quelques piques, à vous, son potentiel sauveur, comme à ses ravisseurs. Pas commode, la demoiselle !
Sur le fond, Guacamelee s'impose tout de suite comme un titre très agréable à jouer. Tout commence par un univers des plus coloré, au design globalement réussi dans tomber dans l'avalanche technique, le tout accompagné par une bande son elle aussi un peu caricaturale par moment, mais qui fait mouche. La maniabilité n'est pas en reste avec un luchador qui réagit globalement bien et promptement à nos commandes. Les combats, sans être d'un niveau stratégique incroyable, sont également très agréables dans leur déroulement et nécessiteront par moment une certaine dose de dextérité et de réflexe, notamment dans l'utilisation intelligente des pouvoirs de notre luchador.
Car oui ! C'est ici qu'il faut le rappeler : Guacamelee reste un Metroidvania, tendance 2D. En gros et pour résumer, vous enchaînerez dans le titre phases d'exploration tendance plate-formes et phases de combat avec ses vrais morceaux de boss dedans. Et la seule façon d'avancer sera de récupérer les différents pouvoirs du luchador, ceux-ci vous permettant notamment de dégager l'accès des zones non explorées. La recette est millénaire, elle a fait ses preuves, elle n'est pas d'une grande originalité, mais bien appliquée, elle fonctionne encore plutôt bien.
Certaines phases de plate-forme, nécessitant une combinaison audacieuse de pouvoirs, nécessiteront un certain sens du timing et un certain sang froid, d'autant plus que le jeu vous permettra assez rapidement de passer d'une simple pression de touche du monde des vivants au monde des morts, ce qui impliquera une réactivité complémentaire dans certaines phases d'exploration ou de combat.
Pour compléter l'enrobage, Guacamelee vous enverra dans la face un très grand nombre d'éléments dits de fan-service qui titilleront la sensibilité du joueur que vous êtes. Qu'il s'agisse des affiches de combat de catch librement inspirée des ludothèques consoles et PC, jusqu'au cimetière présent sur le flanc de la montage mimant les meilleurs moments de Journey, il y en a à chaque coin de rue et pour tout le monde ! Un vrai régal !
En fait, si Guacamelee pêche (car il trébuche quand même un peu), c'est justement parce que, derrière son statut officiel de jeu indie, il donne l'impression d'être un jeu traditionnel, dont on oublie rapidement qu'on l'a payé bien peu cher (voire pas du tout si on est PS+). Et pour le coup, la fin arrive bien rapidement, voire bien brutalement. Comme un cheveu dans le guacamole pour être précis. A titre personnel, c'est cette fin si subite et si creuse qui m'a fait reconsidérer ma notation finale de ce jeu. Non pas que ce soit une déception scénaristique, mais simplement que le jeu nous lâche finalement très rapidement, et que je ne lui trouve que peu de valeurs en termes de rejouabilité.
Certes, il y a la quête complémentaire des fragments de masque de catcheur. Mais se retaper des allez-retour pour juste une scène de plus au générique de fin et alors que - comme dit précédemment - le scénario on s'en fout un peu, c'est un peu juste ...
Guacamelee est donc un bon jeu, très accessible, motivant, très distrayant, mais du coup un peu frustrant sur la fin car finissant en queue de poisson. C'est comme les piments mexicains, ça laisse une impression bizarre dans le bide, mais on a quand même apprécié le goût.