A journey ends, while another begins
343 Industries nous met dans le bain dès l'écran du menu : une voix céleste entonne un chant triste, presque une prière que l'on sent douloureuse, sur un fond visuel où les étoiles se mèlent aux débris du Forward Unto Dawn, feu le vaisseau amiral de la flotte de l'UNSC. Le studio nous prouve par la même son désir de s'inscrire dans la continuité des travaux de Bungie, et non dans la rupture. Premier soulagement pour le fan.
C'est donc quatre ans après les événements de Halo 3 que Masterchief reprend du service, sur Requiem la planète Forerunner. Ces fameux forerunner dont on nous parle durant toute la série mais dont on ne voit jamais ne serait-ce que l'ombre de leur queue. Cette fois-ci, John et Cortana seront aux prises avec le Didacte, un forerunner peu commode qui a pour plan d'asservir l'humanité. Si le scénario lève le voile sur certaines énigmes qui minaient la saga jusqu'alors, on tombe parfois dans le faussement complexe et le cerveau s'embrouille un peu. Au moins, 343 Industries aura fait l'effort d'essayer de construire un récit un peu plus ambitieux qu'à l'accoutumée. On sent d'ailleurs que c'est un pan tout entier de l'histoire de l'univers Halo qui s'ouvre avec ce Halo 4. Cette ambition va fortement se ressentir dans le rythme, la narration et les personnages. Le duo Cortana-Chief fonctionne en effet on ne peut mieux dans cet opus, et nos deux lurons feront légèrement tomber le masque, histoire que l'on puisse un tant soit peu s'attacher à eux. Les dialogues s'en trouvent par conséquent favorablement impactés et servent bien la narration ainsi que la mise en scène ; à laquelle on ne peut guère faire de reproches d'ailleurs.
Mais la campagne solo serait bien peu de choses sans le souffle épique que l'on reconnait à la saga Halo. Neil Davidge, le compositeur sur cet opus, a parfaitement su capter l'atmosphère des précédents titres et les réinsérer dans ses compositions. L'homme apporte néanmoins un vent de fraicheur (bienvenu il faut le dire) sur cette itération puisqu'il possède un style orchestral assez différent de celui de Martin O'Donnell. L'ambiance n'en demeure pas moins similaire aux précédents Halo, à savoir à mi-chemin entre le guerrier et le mystique. Parlons-en d'ailleurs de l'ambiance.
Halo 4 nous fait visiter une toute nouvelle planète, mais pas que. Si l'on fera ami-ami avec Requiem et sa faune dans sa jungle et ses vastes plateaux arides, on appréciera également faire un tour dans l'espace à bord d'un vaisseau qui en jette, et avec lequel on profitera même d'une phase bien agréable de shoot-them-up. Ce qu'il faut surtout retenir en réalité, c'est que Halo 4 - en plus de se hisser en haut du panier techniquement sur Xbox 360 - se paye le luxe de nous offrir des panoramas tout simplement hallucinants. Si vous croyiez avoir tout vu dans Halo 3 ou Halo Reach niveau prise de vue insaisissable, attendez de jouer à Halo 4. Requiem est fascinante de beauté, particulièrement lorsque vous controlez un Pélican à ving kilomètres du sol et que vous tapez un petit haut-bas-gauche-droite pour contempler l'immensité de la planète. C'est herculéen.
Herculéen, le joueur ne le sera pas dans ce Halo 4. La jauge de santé a clairement été revue à la baisse, les munitions sont moins nombreuses ou tout du moins la capacité de transport des munitions a été ammoindrie, et l'IA s'est largement améliorée. Fini le bourrinage en mode normal, ce Halo là est bien moins laxiste que les précédents et vous obligera à bouger vos fesses de Spartan en permanence. Rien d'insurmontable toutefois. Les kévins auront simplement plus de mal à voir le bout du jeu, bien qu'il soit tout aussi dirigiste que les anciens opus. Quant aux armes, 343 Industries s'est fait plaisir en en ajoutant une bonne dizaine de nouvelles, en plus de reprendre une large partie des armes de Halo 3. Et je vous garantis que le studio s'est creusé la tête pour ce nouvel arsenal puisqu'il y a des armes plutôt originales, notamment un railgun ou un fusil qui lance une sorte d'entrave enflammée qui explose en formant d'autres explosions du même type. Par conséquent, lorsque le soft vous propose de vous réapprovisionner en armes, vous n'avez que l'embarras du choix et on se trouve souvent pantois, ne sachant quoi choisir.
Mais ces moments sont plutôt rares dans Halo 4, puisque l'action s'enchaine de façon assez frénétique, vous balançant des vagues d'ennemis particulièrement conséquentes et nombreuses. On est toujours, pour une raison ou pour une autre, dans une sorte de rush continuel qui instille une pression permanente chez le joueur, faisant grimper l'adrénaline en fléche. Ajoutez à cela les excès de testostérone sécrétés par notre ami Masterchief et on profite pendant 5 ou 6 heures d'un bon défouloir viril qui explose de partout, conformément à la tradition.
Du reste Halo 4 a de la replay value, pour sûr, puisqu'en plus du traditionnel mode Forge et Cinéma, 343 Industrie a rajouté un mode intitulé Spartan Ops. Celui-ci continue l'aventure mais sous forme de missions hebdomadaires qui nécessitent un abonnement Xbox Live Gold. Une cinquantaine de missions sont d'ores et déjà prévues. Bien sûr c'est sans compter le mode online, qui je le présume sera tenir occupé n'importe quel fana de compétition.
Sur le Online :
Le bilan est ici plus en demi-teinte. Certes on retrouve la nervosité traditionnelle des Halo, mais les parties sont profondément déséquilibrées par le système de niveaux, dont on se serait volontiers passé. Du reste on note l'originalité du mode Dominon qui consiste grosso modo à une prise de position avec possibilité inédite de fortification. Le mode régicide fait également son entrée et, comme son nom semble l'indiquer, le but pour engranger le plus de points possible sera de tuer le leader. Un mode plus tactique qu'il n'y parait d'ailleurs. Rassurez-vous toutefois, si votre ambition est seulement de passer un bon moment en ligne, Halo 4 remplit correctement sa part du job.