On prend les mêmes et on recommence. C’est un peu ce qu’on peut se dire en entamant cette troisième adaptation vidéoludique des aventures du jeune sorcier britannique. Une fois n’est pas coutume, Electronic Arts coïncide avec la sortie en salle du troisième film pour proposer son jeu vidéo éponyme. Et si les deux précédents opus s’avéraient sympathiques (à défaut d’être mémorables), on pouvait aborder avec une certaine confiance cet Harry Potter 3.
Aussi nous voilà de retour au collègue Poudlard, école de sorcellerie. Mais avant cela, rapide prologue à bord du Poudlard Express pour un avant goût de la principale nouveauté de cet épisode: la possibilité de contrôler Ron et Hermione en plus de Harry.
Notre trio se retrouve ainsi au centre du gameplay, et si le contrôle de chacun est loin de différer dans son ressenti, c’est au niveau des capacités que s’opère la distinction. Si Harry est le seul à pouvoir sauter et grimper à une corde, Ron est la clé pour dénicher les passages secrets du chateau, Hermione quant à elle pouvant se glisser dans des lieux inaccessibles aux deux autres. Ajouter à cela quelques sortilèges exclusifs à chacun, et vous avez votre éventail de compétences. On aurait toutefois apprécié un meilleur croisement des aptitudes de chacun au cours d’une même session de jeu, et en l’état on se retrouve bien souvent à alterner chaque personnage par séquences distinctes (les deux autres se retrouvant en général bloqués en arrière par un quelconque élément jusqu’à ce que l’on puisse venir les déloger). A ce titre, on s’interrogera aussi sur la possibilité de porter à deux ou à trois un objet pour le déplacer sur un interrupteur, là ou un simple Wingardium Leviosa ferait parfaitement l’affaire (on est pas des sorciers nous ?!).
Du reste, l’architecture globale du soft reprend les bases déjà établies dans les deux volets précédents. De l’action/aventure/plateforme comme on en voyait beaucoup au début des années 2000, le tout magnifié par l’univers enchanteur d’Harry Potter. L’école s’avère assez vaste (sans atteindre le simili open world que connaîtra Harry Potter et l’Ordre du Phénix), de sorte que l’on puisse s’y balader assez aisément en poussant notre curiosité à découvrir chaque étage et pièces, couloirs ou passages secrets. L’occasion de récolter au gré de notre exploration des pages du Folio Bruti (sorte de codex permettant de découvrir quelques annotations sur le bestiaire de l’univers de Rowling) et de collectionner la centaine de Cartes des Sorcières & Sorciers Célèbres. On pourra également s’en procurer dans la boutique/toilettes de Fred et Georges, moyennant dragées surprises de Bertie Crochues sonnantes et trébuchantes. Et si le stock d’objets disponibles à l’achat s’avère intéressant au premier regard, on s’apercevra bien vite de sa totale inutilité. Pourquoi donc acheter des boules puantes ou bombabouses lorsque le jeu ne nous présente jamais une occasion de les utiliser (si ce n’est une très courte séquence ou les munitions peuvent d’ailleurs être récupérées sur place). On oubliera ainsi bien vite cette offre des jumeaux, qui rend ainsi quasiment caduc la récolte des bonbons aux diverses couleurs.
Pour ce qui est des sorts en eux même, il sera possible de les récupérer via les livres dédiés, qui pour la plupart seront en récompense des divers cours dispensés par les professeurs. L’occasion de faire quelques donjons réclamant quelques énigmes et combats. Les premières s’avèrent assez simples et reposent toujours sur les même principes (orientation de spectre de lumière entre différents miroirs, flaque d’eau à geler ou mécanismes à réparer); quant aux combats, ceux-ci sont essentiellement brouillons. On passera ainsi son temps à matraquer la touche pour lancer des flipendo à tout va, et l’expelliarmus sensé repousser les sortilèges adverses se révèle bien vite anecdotique. La faute à un challenge faible (voir inexistant) tout au long du titre, n’obligeant pas même le joueur à adapter un semblant de stratégie de combat, même contre les boss. Dommage, le lore de l’univers laissant place à la possibilité d’embrasser différentes façon de combattre, ce qui aurait put être la force du titre. Pourtant, même les Détraqueurs se retrouvent cible de notre sort qu’on jette encore et encore sans même réellement viser jusqu’à la fin. Et ce n’est pas le mini jeu du club de duel qui relèvera l’intérêt de tout cela.
Aux côtés de ces affrontements manquant d’intérêt et ces énigmes vite expédiées, on retrouve quelques courtes séquences d’infiltration. Hélas, le challenge ici est encore moindre. Tout game over semblant avoir été banni du jeu, on ne fera que recommencer en boucle la séance si jamais on est repéré (et encore, pour cela, il faut vraiment le vouloir !). Aussi les trajets sont évidents et très facilement empruntables sans grand risque. Une façon de cesser de balancer des sorts à tout va, mais qui manque encore une fois d’un réel intérêt. Là encore, puiser dans la richesse de l’univers en ayant recours à la cape d’invisibilité par exemple aurait été bien plus inspiré.
Autre point d’ailleurs qui manquait d’approfondissement dans les opus précédents: le vol en balais. Cette fois-ci, plus de soucis puisque le Quidditch a été purement et simplement supprimé du jeu ! A la place, on pourra s’élever à dos d’Hyppogriffe pour certaines missions, faire librement un tour du chateau ou participer à un mini jeu de courses (disponible également en version hiboux). Des features qui ont le mérite d’être là, mais ne vous retiendrons guère une fois encore.
A lire ainsi, le bilan du jeu ne semble pas très glorieux et marqué par l’ennui. Heureusement non, mais il faudra réellement être fan de l’univers d’Harry Potter pour y trouver son compte. C’est encore plus vrai si on s’attarde sur la mise en scène, très pauvre, se composant de quelques courtes cinématiques. Pour la narration, aucune mise en place cette fois-ci et n’espérez pas saisir quoique ce soit si vous n’avez pas vu ou lu le média correspondant. Ce qui n’excuse tout de même pas la reprise de certaines répliques à l’identique sans raison (Hagrid répondant à Malefoy qu’il « Ne meurt pas du tout » après l’attaque de Buck, alors que le jeune serpentard n’a rien dit). Ce qui mine de rien traduit un sérieux manque de considération pour la qualité narrative du jeu. Certains passages quant à eux se révèlent totalement inédit pour prolonger faiblement une durée de vie anémique (moins d’une dizaine d’heure), ce qui nous amène bien vite à la fin. Et la recherche du 100% ne prendra pas bien plus de temps.
Au final Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban se révèle un titre en demi teinte : pas foncièrement mauvais, le titre a au moins le mérite de s’en sortir sans réel soucis majeur. Toutefois, son gameplay ne décolle jamais vraiment, et son rythme se voit sans cesse plombé par des phases manquant d’impact et d’intérêt. Même le charme de l’univers coloré des deux premiers est ici terni. Une durée de vie bien courte, enfin, finit de rendre le tout anecdotique. A ne recommender qu’aux fans les plus aguerris qui souhaitent prolonger l’expérience à tout prix.
LES PLUS:
- La triplette Harry, Ron et Hermione, tentative de gameplay...
- Explorer Poudlard
LES MOINS:
- ... malheureusement sous exploitée
- Trop court
- Combats brouillon, challenge inexistant