Assez atypique, ce "dating sims où tu dois draguer des pigeons" part de sa proposition comique initiale (il ne faut pas oublier qu'il s'agissait à la base d'un gag du premier avril) afin de développer un univers bien plus intéressant qu'on ne le pensait.
Explication en 3 points :
1 – Il va jusqu'au bout du gag.
Hatoful Boyfriend aurait pu se contenter d'être un jeu de drague conventionnel où les sprites des différents personnages ont été remplacées par des images d'oiseaux. Après tout, l'idée de départ était de permettre de faire un jeu à petit budget en utilisant des images libres de droit. De plus, les volatiles étant inexpressif par nature, aucun besoin d'avoir plusieurs images pour passer le changement de sentiments. (Ajoutez à cela que le jeu était en full mode "libre de droit" avec des OST de Kevin McLeod et des arrières plans pompés sur Google Image.)
Le jeu aurai pu se contenter de ça mais offre tout un délire sur un monde où les oiseaux vivent comme des humains, font des activités du collège, s'offrent des graines pour la St Cerealin, etc... Le gag du début s'étoffe pendant que l'on se demande ce que font bien les humains dans ce monde.
Le jeu sait être bien débile quand il le veut, ainsi les routes avec Oko San (le seul à être représenté comme un pigeon avec des vêtements sur les artworks humains) ou Anghel deviennent assez géniaux dans leur créativité. La fin de certaines routes sont aussi assez comiques dans leur côté parodique.
2 – Il connait bien le joueur.
Il sait très bien comment fonctionnent les dating sims : si on a acheté le jeu, ça n'est pas pour s'attarder sur une seule et unique route. On va vouloir draguer TOUS les pigeons. D'autant plus que le jeu est suffisamment comique pour qu'on ai pas vraiment d'attachement réel pour ces personnages. Au contraire, pas mal de gens ont avoués prendre plaisir à draguer le Docteur Shuu, le pire personnage du jeu tant il est méchant et malsain. (Et le jeu nous le rend bien avec une fin en mode "tu t'attendais à ce que ça se finisse bien?")
Finir la première route ne prendra qu'une heure environ, et les autres une demi-heure (merci la fonction "avance rapide".) Le jeu vous incite à les multiplier, en étant assez clair sur la façon dont on va draguer les autres protagonistes, tant ils sont des clichés : entre le copain d'enfance qui représente le choix "de base", le sportif un peu teubé, le représentant de la classe noble et pédant, il est difficile de se tromper sur ses choix. Très vite on voit les embranchement et on s'amuse de notre rencontre entre tel ou tel personnage.
3 – Il devient sombre au bon moment.
Passé un certain nombre de fins (6 il me semble) vous commencez à en savoir plus sur l'univers d' Hatoful Boyfriend : le mode de vie des oiseaux, leur cohabitation avec les humains, les raisons pour lesquelles vous êtes là, etc...
Et c'est là que vous débloquer le mode "Bad Boy's Love" AKA "Hurtful Boyfriend." Un mode très linéaire qui dévie carrément vers l'enquête policière et le complot obscur. A noter que cette partie est très longue (au moins 3 ou 4 heures de lecture) ce qui m'a piégé toute une nuit car je pensais que ça allait finir d'ici le prochain chapitre. (Andouille.) Mais s'il change complètement le jeu, ce qu'il en fait est vraiment couillu, d'autant plus qu'il utilise tous les personnages vues dans la première partie du jeu et leur offre un vrai background. Sur la fin, le truc s'étire un peu en longueur et on voit arriver certaines révélations à des kilomètres, mais ça fait le café.
Le pari de faire devenir creepy et offrir des passages tristes sur un jeu qui s'offrait à la base comme une gigantesque blague est tout à fait réussi. Certes, ça n'est pas le premier à faire cela (Higurashi No Naku Koroni) ni le dernier (Doki Doki Littérature Club) mais il le fait bien et c'est chouette.
PS : Faire le jeu à deux en imitant différentes voix pour les différents personnages fut un très bon exercice de théâtre. Bon, après, j'avais la voix pété, mais c'était drôle.
Jeu fini en 12 heures et à 100% (Minimum.)