De mon Arcadia, j'ai vu et joué à tant de choses dont vous ne suspecteriez même pas l'existence, des feux grégeois sonnant la fin d'un règne, le narcissisme de personnes n'ayant rien inventé ... tout ces moments se perdront dans l'oubli … comme des larmes dans la pluie ... en attendant je peux laisser une empreinte, fragile certes … mais je me dois de la faire !


C'est ainsi que commence les chroniques sur les jeux vidéos du pirate de Sens Critique, marins d'eau douce (promis je ne vous fais pas laver le ponton), forban (pas le groupe) et autres timonier bienvenue sur l'Arcadia !
Et aujourd'hui, je vais m'attaquer à un gros morceau, mais pas n'importe lequel David Cage, qui avec Heavy Rain sortie en 2010 sera reconnu comme un acteur majeur du domaine vidéoludique, et ça ne s'arrêtera pas là pour lui, car en 2014 après Beyond: Two Souls, il obtiendra la légion d'honneur de la main de François Hollande, rien que ça !


Bref, vu qu'il est français, vous le connaissez surement, mais la face cachée du bonhomme est beaucoup moins réjouissante, en effet, pour citer Le Monde, Médiapart et Canard PC: « une culture d’entreprise toxique, une direction aux propos et attitudes déplacés, des employés sous-considérés, des charges de travail écrasantes et des pratiques contractuelles douteuses ».
Il est également accusé de misogynie, homophobie et de racisme (même si ce terme à été viré du dictionnaire car il s'agit d'un jugement arbitraire).


Oui, donc les charges contre lui pullulent; mais magiquement grâce à la sortie de Detroit: Become Human, plus rien ... allez j'arrête, ça doit surement être ennuyant à force mais je tenais juste à vous en informer par pure chasse partie !


Alors Heavy Rain se déroule dans une ville de la côte Est des États-Unis où sévit un tueur en série : ses victimes, de jeunes garçons (entre 8 et 13 ans), sont retrouvées noyées dans de l'eau de pluie cinq jours après leur enlèvement, une orchidée posée sur la poitrine et un origami dans la main.
C'est dans ce climat que nous suivrons en premier lieu Ethan Mars, un architecte et père de deux enfants, que nous découvrirons dans son lit, le jour de l'anniversaire de son fils, après des interactions plutôt dispensables, mais participant à la magie que nous vend Quantic Dream, tout ça avec des QTE pouvant très vite frôler le ridicule si on les ratent ou donne de grand moments de malaise et de solitude (tiens Bigard pourrait en faire en sketch).
Sa femme rentrera avec ses fils pour ensuite préparer l'anniversaire de Jason, encore avec ses même QTE, qui pour la plupart ne peuvent pas être évité ...


Le prochain chapitre, tournera autour des emplettes d'Ethan et sa famille, mais surprise, le petit Jason souhaite un ballon et il décide de partir de lui-même sans prévenir son père qui après l'avoir rattrapé, le meilleur papa du monde lui paiera son ballon (et non vous ne pouvez pas faire autrement ...), et alors qu'il paye le gentil clown vendeur de ballon, Jason est encore parti ...
Ethan rejoindra sa famille pour retrouver sa femme hystérique, remettant sa discipline en question, Ethan tentera de calmer la situation pour repartir à la poursuite du garnement sous des cris incessant d'Ethan pour appeler Jason.
Du haut du premier étage, nous apercevrons enfin Jason près d'un manège, Ethan accourra (ou pas si vous le décidez mais quoi qu'il arrive le chapitre n'avance pas tant que la mission n'est pas accompli et Jason par envie de respecter l'histoire de David Cage ne bougera pas ...) vers son fils qui décidera de traverser la route sans regarder puis se retournera et verra son père et que va-t-il faire ensuite ?


"Kei ?
Oui capitaine ?
Habillage à la Qui veut gagner des millions, s'il te plaît.
Très bien capitaine."


Réponse N° 1 : Il a pour une fois décidé d'écouter son père et attend.
Réponse N° 2: Il va encore détaller pour ennuyer encore plus son père.
Réponse N° 3: Il va quand même traverser et on va voir comme par hasard une voiture foncer à toute vitesse pour nous donner ensuite une séquence tire-larme.
Réponse N° 4: Il va montrer son ballon à Julien Lepers pour comprendre pourquoi il n'y avait pas de ballons dans Question pour un champion.


Vous avez choisi ? Est-ce votre dernier mot ?
Alors pointait votre curseur sur la partie spoil !


Si vous avez choisi la réponse 3, vous avez bien cerné ce gredin de David Cale si pas ce n'est pas grave entre matelots je vous pardonne."


Mais voilà l'un des plus gros défaut des jeux de David Cage car franchement et pour citer Benzaie "si la vie serait Heavy Rain, c'est genre du rentre chez toi, tu défait tes lacets pendant 4 heures puis ta mère t'appelle pour t'annoncer qu'elle va se suicider !".
Et je trouve que ça va bien avec la patte David Cale, te lancer de la poudre au yeux avec des graphismes et une motion capture supérieur à qu'est ce qui se fait en matière de AAA avec du mélo-dramatisme à deux balles qui te prend jamais aux tripes car le build-up est inexistant ou très très maladroit !


Car comme si la mort de son fils ne suffisait pas, son deuxième fils se retrouve être la prochaine victime du tueur aux origamis alors qu'il vient de passer plusieurs mois dans le coma (d'ailleurs la scène de l'accident est dégueulassement orchestré car normalement au vu de l'action seul Ethan aurait dû être touché par l'impact pas Jason ..), sa femme l'a quitté en gardant la maison, il n'a plus de travail, il va toujours chercher son enfant en retard et ce même fils ne s'entend pas avec ses camarades ... vous comprenez maintenant ?


Si vous connaissez le jeu, vous savez également que nous ne suivrons pas que ce père mais également Norman Jayden, Mulder sans Scully avec des lunettes de réalité virtuelle (ARI OU Added Reality Interface) addict à la triptocaine, qui est surement utilisé à but thérapeutique dû à l'utilisation de l'ARI. Le problème avec ce personnage est son indescriptible détermination pour résoudre cette affaire, la narration de Cage passe son temps à nous le montrer comme quelqu'un rempli d'abnégation, mais on ne comprend pas réellement ses motivations à part le côté bienpensant du "C'est un enfant si il meurt, je démissionne !" (je sais pas, il aurait pu faire en sorte que Norman ait perdu sa sœur alors qu'il était très jeune à cause d'un criminel et que ça l'a traumatisé et poussé à devenir agent du FBI pour que personne ne soit dans la même situation en se promettant, qu'il sauverait Shaun Mars sinon tout ce pourquoi il s'est battu jusqu'ici n'aura plus grande valeur à ses yeux, car son objectif n'a pas été atteint ! Ou bien qu'il souffre d'un complexe d'infériorité qui le pousse à jouer le justicier afin de dépasser la personne qui le fait souffrir de ce complexe comme son père par exemple.)
Après il y a l'éternel cliché du gars du FBI qui est trainé dans la boue par les flics locaux, mais qui au final détient la solution grâce à ses lunettes du futur qui ont l'impression de sortir de Minority Report et pas d'un film réaliste !
Madison Page, journaliste et représentation des fantasmes de notre cher David Cale qui nous gratifiera d'une séquence de rêve en petite culotte, qui nous proposera aussi une séquence de douche et de strip-tease, même si ça fait plaisir à mon côté Larson, les interactions sont toujours agrémentées de QTE (vous allez vite en avoir marre de ces QTE) !
Et enfin Scott Shelby, un policier à la retraite qui s'est reconverti détective privé, il a été appelé par les familles des victimes afin de résoudre le crime du tueur aux origamis, bon vieux cliché sur patte du flic de film noir … non, il n'a pas d'autre trait de caractère que ceux du détective privée de film noir …


Très vite, si on réfléchi un peu, on devine dés les premiers chapitres qui est ce fameux tueur aux origamis: Scott Shelby !
Et avec ceci révélé, je voudrais vous parler des 10 commandements de Chandler, qui servent pour n'importe quel auteur de polar, et ces 10 commandements sont:
1) La situation initiale et le dénouement doivent avoir des mobiles plausibles…
2) Il ne doit pas y avoir d’erreurs techniques sur les méthodes de meurtre et d’enquête…
3) Les personnages, le cadre et l’atmosphère doivent être réalistes. Il doit s’agir de gens réels dans un monde réel…
4) À part l’élément de mystère, l’intrigue doit avoir du poids en tant qu’histoire.
5) La simplicité fondamentale de la structure doit être suffisante pour être facilement expliquée quand le moment est venu…
6) La solution du mystère doit échapper à un lecteur raisonnablement intelligent…
7) La solution, quand elle est révélée, doit sembler inévitable…
8) Le roman policier ne doit pas essayer de tout faire à la fois. Si c’est l’histoire d’une énigme fonctionnant à un niveau mental élevé, on ne peut pas en faire aussi une aventure violente ou passionnée…
9) Il faut que d’une façon ou d’une autre le criminel soit puni, pas forcément par un tribunal (…) Sans punition, il y a comme une dissonance irritante.
10) Il faut garder une raisonnable honnêteté à l’égard du lecteur…
Et le jeu respecte plutôt ces commandements à part le 6ème commandement car j'ai facilement su trouver le coupable et le 9ème commandement, qui selon la fin ne peut ne pas être rempli.


Viendront s'ajouter quelques autres personnages récurrents tels que:


Le lieutenant Carter Blake: le cliché du flic anarchiste qui casse des portes sans mandat, qui passe à tabac des psychologues (je sais qu'aux Etats-Unis, la police peut-être particulièrement cruel mais même aux Etats-Unis, si une victime de ses violences le balancerait, son badge lui serait retiré ! Et on ne va pas me dire qu'en au moins 10 ans de carrière personne ne s'est plaint de leur traitement au tribunal !) mais qui veut bien sûr capturer le criminel.


Lauren Winter: Une femme qui a perdu son enfant à cause du tueur aux origamis et qui va se décider d'aider Scott Shelby dans son enquête. Elle par contre, n'est pas trop mal écrite, on dépasse le cliché de la mère hystérique, pour avoir une mère tout simplement détruite intérieurement et qui a perdu tout espoir …


Charles et Gordi Kramer: Le père est le milliardaire de la ville et pour avoir sa personnalité, prenait Mr. Burns et le fils quand à lui, est un petit con cynique cliché qui vu qu'il s'ennuie a essayé d'imiter le tueur aux origamis !


Ou encore Paul Bandey: Le chef de Carter, qui ne se préoccupe que de sa notoriété à la place de tout faire en sorte de sauver Shaun Mars dont il ne voit qu'un moyen de se faire promouvoir, c'est d'ailleurs lui qui encourage Carter a être violent … là encore, c'est cliché … on est au Etats-Unis, donc il y a des flics violents qui ne se préoccupe que de leur notoriété, alors que le gentil personnage que l'on suit est quand à lui, un modèle de patriotisme et de compassion …


Pour conclure avec les personnages et leur traitement: David Cage est beaucoup trop manichéens, avec lui, il y a les gentils parents victimes et tout les autres gentils les aidant pour coincer le méchant tueur aux origamis, il manque d'un personnage qui coupe l'idéalisme des personnages pour voir le monde de manière froide, un peu comme Solf J. Kimblee de Full Metal Alchemist (le manga et Brotherhood).
Du coup on ne s'attache jamais aux personnages, on se fiche d'eux, de l'histoire, on continue en espérant que ça s'améliore et bien qu'il y est des fulgurances, la plupart du temps, les moments qui sont censés être tragique sont superficiels et les moments de tension peuvent être vite burlesques si on le veut bien ...


Etant donné que j'ai été jusqu'ici très dur avec ce jeu, je vais maintenant parler des points positifs: la mise en scène n'est pas trop mal à certains moments comme notamment : les passages où l'écran est coupé en deux afin d'avoir le point de vue de deux parties différentes rajoutant de l'appréhension lors de séquences pré-confrontation ou pour nous montrer les réactions des différents protagonistes.
Graphiquement et esthétiquement, c'est très bon, surtout pour l'époque même si L.A Noire qui est sortie l'année d'après lui met une énorme claque ... sans parler des bugs qui pouvait obstruer le gameplay dans certaines scènes de la version PS3 comme le fameux bug de l'escalier d'Ethan Mars (même si il y en a dans de nombreux autres jeux) !


Jugement final du capitaine de l'Arcadia: Sur la planche David Cage et ton scénario qui s'il n'aurait pas été un jeu mais un film aurait fini comme téléfilm du dimanche soir sur TF1 visionné quasi uniquement par des ménagères qui dans des élans de paranoia passeraient le lendemain matin à dire à leurs enfants de revenir le plus vite possible chez eux ...


Sur ce merci d'avoir lu cette chronique et n'hésitez pas à donner votre avis !

Albator_Larson
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le 14 sept. 2018

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Albator_Larson

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