Féru de la Seconde Guerre Mondiale et biberonné aux premiers Medal of Honor puis aux premiers Call of Duty, je me suis plusieurs fois essayé au multijoueur (notamment avec Battlefield 1942 qui avait quelques atouts), en espérant y trouver le même élan épique propre à la période et à ses batailles iconiques. Faut d'y trouver mon compte, le gameplay étant alors très individualiste, comme le sont encore l'essentiel des FPS multi où chacun joue sa partition dans le but d'augmenter son nombre de frags, j'ai longtemps rongé mon frein sur les STR avant de récemment redonner sa chance aux Battlefield sur le 4, dans l'espoir de combattre de manière coordonnée au sein d'une escouade coopérant elle-même avec les autres escouades
Mais si la sérier s'efforce bien de donner aux joueurs les moyens de tous se coordonner dans un même but, la réalité est toute autre puisque chacun joue de son côté dans ce qui aboutit à une joyeuse mêlée qui ne retranscrit en rien le déroulement séquencé d'une bataille.
Hell Let Loose est différent. Il réussit là où Battlefield échoue. Car vous faites partie de quelque chose de plus grand que vous, d'un mouvement d'ensemble qui, s'il n'est pas coordonné, vous fera perdre, quand bien même vous enchaineriez les frags et autres exploits. Ici le succès est collectif ou il n'est pas. Vous ne réussirez, et soit dit en passant ne prendrez du plaisir, qu'en jouant en groupe, avec votre escouade, qui elle-même devra articuler son action en fonction des autres escouades idéalement pilotées par un commandant.
Hell Let Loose réussit ainsi à créer une ligne de front dynamique grâce à son système d'avant-postes et de garnisons, qu'il conviendra de faire progresser de manière coordonnée pour maintenir la pression et faire reculer l'ennemi afin de conquérir les différents points de contrôle de la carte.
D'ailleurs l'ambiance n'est pas étrangère à ce sentiment de n'être qu'une toute petite partie d'un tout bien plus grand, tant vous n'êtes pas grand chose dans ce champs de bataille féroce, balayé par les tirs de suppression des mitrailleuses, l'artillerie et les chars, ou encore les bombardements aériens pilotés de loin par les commandants de chaque camp. D'autant que la reconstitution minutieuse de nombreux champs de bataille est bluffante d'immersion, et offre une multitude de configurations de combat qui nécessiteront chacune de s'appuyer sur les atouts des différentes classes ou sur l'intervention idoine du commandant pour vous sauver la mise. Mention spéciale aux combats dans le bocage normand où l'on se fait une belle idée de l'enfer des haies, ainsi qu'aux cartes forestières où le sentiment de vulnérabilité est extrême quand il s'agit de progresser sous le feu d'origine inconnue, tout en espérant échapper aux bombardements incessants. Mais quel plaisir de voir se mettre en marche l'ensemble d'un camp mobilisant de manière coordonnée ses ressources pour bousculer le camp ennemi et emporter la mise.
Alors malheureusement oui votre plaisir sera tributaire de la bonne volonté et du bon état d'esprit des autres joueurs. Mais fort heureusement, la communauté est globalement de bonne composition, souvent prête à accueillir et guider les débutants, et également largement encline à jouer le jeu. Et évidemment à communiquer, ce qui est indispensable au bon déroulement d'une partie. Ce qui est d'autant plus appréciable que le jeu est exigeant, et qu'il faudra de nombreuses heures pour maîtriser chacun des nombreux rôles disponibles, avant d'avoir enfin le sentiment gratifiant de comprendre quelque chose et d'être acteur du gigantesque chaos en cours. A ce propos la progression de niveau dépend largement moins de vos kills que de votre contribution à l'action commune, ce qui est appréciable et récompensera fort justement les plus investis. Ceux-ci pourront alors envisager d'opter pour les classes de chef d'escouade voire commandant qui nécessiteront un peu de bouteille tant il est difficile de gérer à la fois les nombreuses communications, le suivi des évènements et la prise de décision sur la carte, et le combat en soi.
Bref des heures de jeu en perspective pour qui se donne la peine de passer le cap des premières parties de ce jeu exigeant mais ô combien excitant, qui offre une sacrée immersion dans l'enfer des champs de bataille de la Seconde Guerre Mondiale : mission réussie donc pour un jeu qui étant multi n'a pas le luxe de passer par des missions scriptées pour nous faire vivre cela. Le petit chien est sur la pente fatale.