Moi, les robots géants, ça a jamais été mon truc. Peut-être Le Géant de Fer, mais ce n’est pas pareil. Alors quand est sorti un énième actionner en monde ouvert avec tous les tocs du genre (map bourrée de collectables, tour à grimper pour voir le terrain, craft inintéressant…), lesdits robots, et produit par la team qui nous a pondu les Killzone (jeux que j’ai tâté de-ci de-là et qui bien que jouables m’ont toujours parus très moches et peu inspirants)… Eh bien ça m’en touchait une sans bouger l’autre : les critiques qui encensent les productions AAA à tour de bras j’ai appris à m’en méfier il y a bien longtemps.
Alors j’ai continué mon petit chemin, et entendais parfois parler de cet Horizon, porte-étendard de la PS4 : « Non vraiment il vaut le coup ! » et autres « C’est différent tu verras ! ». Puis je me suis rappelé que même si je n’aime pas les robots, j’adore les dinosaures (merci Spielberg). Et puis il avait quand même l’air vachement plus sexy que Killzone et sa grisaille permanente. Alors l’idée a commencé à me trotter dans la tête que si une baisse de prix arrivait, pourquoi pas tenter, d’autant plus que je m’étais pas fait un open-world depuis un moment. Et paf, l’édition complète en grosse réduc sur le PSN, alors tentons !
Téléchargement terminé, je rentre dans les options, crac boum paf que je te réduis le HUD, te mets ça en difficile et lance le jeu. Et pouah que c’est joli ! Ca titille la rétine un jeu comme ça, ça flatte ton instinct de consommateur qui t’a dit de prendre une PS4 Pro pour aller avec ton écran 4k. L’aire de jeu est splendide, avec des variations de paysages qui te permettent de passer d’un bout à l’autre de la map sans rencontrer deux fois le même terrain, ponctué par des cycles jour/nuit qui te font parfois t’arrêter à flanc de falaise pour contempler la lumière dorée qui recouvre graduellement le col qui te fait face, là-bas, de l’autre côté de la vallée, et ce jusqu’à ce que le soleil vienne s’accrocher aux cimes des montagnes. Bon, y’a aussi un cycle météo qui marche très bien pour changer d’ambiance au même endroit à la même heure, mais on peut juste déplorer que les transitions soient un poil sèches (« tralala, le soleil me chatouille la nuque, trouloulo-Mais c’est quoi ce blizzard ? »). On peut aussi reprocher aux visages des personnages d’être un peu lisses, avec parfois des expressions bien décalées par rapport à ce qu’il se trame, mais ça m’a pas sorti du trip plus que ça.
Car c’est bien d’un trip dont il s’agit, une ballade féérique dans un univers vivant où monstres de ferraille et lapins de garenne se côtoient et où les gens que l’on croise ont une Histoire. Je dis bien une Histoire et non pas une histoire, car même si un effort à clairement été fait pour rendre toutes les quêtes secondaires plus attirantes qu’à l’accoutumée, ce n’est quand même pas folichon. Non je parle bien de l’Histoire, des bases qui font respirer ces différentes peuplades. En effet le lore est riche dans HZD, c’est dans le background que l’on s’immerge plutôt que dans ce qui nous saute au visage. C’est plus en world building qu’en scénario que HZD tire son épingle du jeu. Un jeu beau c’est bien, un jeu beau où tu comprends la mythologie et la culture derrière ce que tu trouves beau : c’est mieux. Et le même peut être dit de la quête principale : le scénario est simple et prévisible, mais il est bien amené par toutes les sources d’informations annexes et une mise en scène pas dégueu. Les personnages peuvent également être attachants malgré certains traits caricaturaux (C’est toutefois assez rare dans le jeu vidéo pour le noter : les femmes ne sont pas conçues comme des objets de fantasme prépubère dans ce titre). Bref, de la série B qui a de la gueule.
La forme étant traitée, qu’en est-il du fond ? S’émerveiller c’est cool, mais manette en mains ça donne quoi ? Et bien c’est plutôt prenant quand on ne trouve pas des ruses de sioux pour casser la machine. C’est-à-dire que quand on joue avec honneur, on aura du fil à retordre contre les éléments les plus coriaces de ce bestiaire touffu. Car oui, on va y aller de sa roulade, de son piège et de son petit sourire lorsqu’on retourne une arme contre son propriétaire. En effet, outre la maniabilité rapidement assimilée, il faudra faire preuve de stratégie pour venir à bout de ces deux Thunderjaws corrompus, et c’est là qu’on se rend compte qu’on a une panoplie d’armes et de munitions qui s’adaptent à chaque situation donnée. Entre l’approche furtive, l’acquisition de machines alliées ou le rentre-dedans, on n’a que l’embarras du choix. Mais ça, comme je le disais quelques lignes plus haut, c’est quand on se bat avec honneur. L’autre solution consiste à se mettre sur un rocher inatteignable, ou alors de se mettre hors de la « zone de confort » de la machine pour qu’elle rebrousse chemin, et là il suffit de tirer jusqu’à ce que mort s’en suive, avec un pas de côté de temps en temps pour éviter un laser. Et ça c’est dommage... Ah, et puis y’a aussi des combats contre des humains, mais ils sont complètements inintéressants et anodins donc je ne vais pas m’étendre.
Au final j’ai passé une cinquantaine d’heures sur le jeu pour atteindre le 100%, et j’ai seulement commencé à voir poindre l’ennui sur les 4-5 dernières heures. Un truc qui est d’habitude rédhibitoire comme la collecte de figurine et autres bouche-trous est ici rendu agréable de par l’univers qui nous entoure. Pour moi Horizon Zero Dawn, c’est un hybride de tout ce qui se fait en ce moment en termes d’open-world, mais dans le bon sens du terme : on fait une tour à grimper pour dévoiler la map ? Ok, mais elle bouge, et faut défourailler un peu avant de pouvoir caler son saut. On fait des quêtes secondaires ? Ok mais pas de quêtes FedEx, et on essaye de donner de la consistance à la chose. Après il y a toujours des défauts par-ci par-là, mais rien de bien méchant, on en ressort tout de même avec la satisfaction d’un produit frais. HZD c’est un gameplay qui tient la route, sans être révolutionnaire, dans un écrin de toute beauté.
P.S. : Je ne traite pas de The Frozen Wilds ici car je me le garde pour plus tard, je ne veux pas non plus overdoser avec une quinzaine d’heures de contenu supplémentaire.