Hotline Miami, fruit des développeurs indépendants Jonatan Söderström et Dennis Wedin, est un jeu qui se détache sur de nombreux points du paysage vidéo ludique et des gameplay ou pathos rabâchés de jeu en jeu (j’aime les productions Ubisoft mais pas vraiment leur gameplay ou leur manière de nous faire ressentir quelque chose).

Bref, Hotline Miami, qu’est-ce que c’est et pourquoi faut-il y jouer ?

Nous sommes dans les dernières années des 80s et nous incarnons un homme dont le nom ne nous sera jamais dévoilé. Cela importe peu, ça pourrait être n’importe qui, ou presque. Nous nous trouvons à Miami alors à l’époque capitale de la drogue, du luxe et du crime. Cet homme, que la communauté autour du jeu appelle Jacket, exécute des contrats commandités par téléphone. On lui laisse un message sur son répondeur, il arrive sur place non armé, s’anonymise en enfilant un masque d’animal puis, débute son carnage.


== Une ambiance sans pareille ==
Autant en parler tout de suite, oui, les auteurs d’Hotline Miami ont eu comme source d’inspiration le film Drive de Nicolas Winding Refn, ils ne s’en cachent pas et le blouson du film se retrouve ci et là à joncher au sol dans le jeu. L’ambiance de ce dernier se construit autour de trois pivots : des graphismes avec un parti pris certain, une bande son déchaînée et une mise en scène très bien orchestrée.

On retrouve donc des graphismes aux couleurs vives, presque criardes. L’écran d’accueil du jeu caractérise parfaitement ce à quoi s’attendre avec ses couleurs cyan et fuchsia, sa pixellisation et ces effets de distorsion digne des clips des années 80. En effet, lors de la traversée des différents niveaux du jeu et des écrans du menu, nous pourrons apercevoir toutes les associations de couleurs imaginables du cercle chromatique. Le pixel art ne dessert par le jeu, loin de là. Il est finalement tout-à-fait adapté à celui-ci et est même l’un des facteurs clés de succès du jeu. Alors que le jeu est assez gore, cette pixellisation rend ceci presque irréel et l’on s’habitue presque trop vite à voir les jaillissements de sang comme faisant parti du paysage.

Je n’ai pas encore parlé de la musique du jeu : lors de ces 8 heures de vie du jeu découpé en chapitre (histoire principale + extras), on sera accompagné par une bande son électro véritablement sur acidulée (produite par différents artistes indés). Les morceaux choisis collent parfaitement à chaque chapitre et s’adapte idéalement à l’ambiance, à la mise en scène. Oppressante ou légère, elle restera rythmée pour accompagner accompagner ainsi sans fausse note cet univers coloré d’un Miami des années 80 où tout reste en effervescence.

Pour autant, cette bande son sert tout autant le gameplay en fonctionnant en symbiose avec celui-ci. En effet, cette musique donne un rythme endiablé à nos meurtres en série qu’on recommencera parfois une vingtaine de fois à cause d’une erreur nous coûtant immanquablement la vie.

La mise en scène quant à elle permet de nous plonger corps et âme dans la peau de Jacket. Nous acceptons les contrats, nous prenons plaisir à tuer encore et encore, de toutes les manières possibles et ne laissons aucun survivant, finissant les rares ennemis rampant au sol pour s’enfuir devant notre massacre en règle.


== Un gameplay simple et mesuré ==
Hotline Miami nous entraîne dans l’exécution d’une violence sans limite, une violence qu’on répète comme sur un jeu d’arcade, jusqu’à faire un Perfect. Car en effet, dans ce jeu, la moindre erreur vous coûte la vie et l’on doit alors recommencer le niveau depuis le début. Il s’agit donc d’apprécier correctement les rondes des gardes, le type d’arme dont on dispose et d’agir avec rapidité. Et surtout, d’apprendre de ses erreurs. Le jeu est assez dur mais n’est pourtant pas à réserver aux progamers tant c’est la persévérance qui primera pour avancer, sans être frustrante.

C’est dégueulasse à dire mais on peut facilement sortir trempé d’une session d’Hotline Miami tellement la dose d’adrénaline et le (bon) stress se font omniprésents.

Notre nettoyeur, Jacket, se sert de masque d’animaux pour commettre ses méfaits. Cet élément constitue ainsi la pierre angulaire du gameplay du jeu, de son style arcade et du renouveau permanent de celui-ci tout au long des différents chapitres. En effet, au fur et à mesure que l’on évolue dans cet univers quasi psychédélique, nous faisons l’acquisition de nouveaux masques d’animaux. A chaque masque, une compétence spéciale nous sera concédée. Si l’on commence avec un masque de Coq ne nous donnant aucune capacité spéciale, le masque du lapin nous permettra par exemple de nous déplacer beaucoup plus vite, nous permettant ainsi de réaliser davantage de tueries dans un laps de temps réduit et d’ainsi réaliser un meilleur score.

Car en effet, si personnellement je ne suis pas friand de ce genre de mécanique de jeu, chaque mort donnée permet d’alimenter notre score pour le chapitre en cours. Bien sûr, le score varie également en fonction du nombre de combos effectués, du nombre d’armes différentes utilisées et du temps que l’on aura mis à faire gicler tout ce sang.


== Une histoire qui traverse le quatrième mur ==
S’il est assez facile de décrire le jeu par son ambiance et son gameplay sans affecter ce que l’on ressentira en jeu, il est plus difficile de parler de son histoire sans spoiler. Ce que je peux en dire c’est que le jeu regorge de petits éléments dissimulés à droite et à gauche, parfois sans signification apparente ou sans action nécessaire pour les apprécier. Ces éléments et ce pixel art sont au service de la mise en scène du jeu et de l’évolution de son histoire. Ne passez pas à côté de ceux-ci en ne voyant que le côté arcade du jeu et ses graphismes en marge des productions habituelles.

Différentes personnages interpellent Jacket mais aussi nous, joueurs. Hotline Miami déconstruit le thème de la violence et nous demande notre avis. Qui sommes nous ? Pourquoi sommes nous là ? C’est en suivant ces échanges que l’on prend petit à petit conscience de la nouvelle dimension que prend ce jeu. L’histoire dans laquelle on nous fait évoluer s’apprécie particulièrement bien si l’on se confronte à son propos. Si elle est assez concise du fait du format, c’est ce qui lui donne sa force et sa manière de nous toucher.

Après avoir fini le jeu, allez donc faire un tour sur l’un des wiki dédiés pour découvrir ce que vous avez raté, comprendre quelques points flous et réinterpréter certaines scènes et pourquoi pas, vous laissez vous embarquer pour un nouveau run !


== Conclusion ==
Le concept est simple, la musique entrainante, le gameplay à la fois stratégique et percutant. Hotline Miami est bien un jeu complet dont les apparentes limites graphiques et techniques lui donnent en fait sa cohérence en s’associant harmonieusement avec son scénario et notre position de joueur. Ce jeu nous divertit et nous fait nous poser la question de ce divertissement. C’est en cela qu’il se démarque et qu’il fait revivre le jeu d’action.

Dépêchez-vous d’y jouer ! La suite d’Hotline Miami, Hotline Miami 2 : Wrong Number sort pour la fin de l’année.
Djidiouf
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Créée

le 14 sept. 2014

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Djidiouf

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