Passons sur les imperfections du soft (maniabilité parfois aléatoire, petits bugs, physique capricieuse...), Hotline Miami est un chef d’œuvre de jeu-vidéo, et cela tient au fait qu'il nous met dans un état particulier d'intense concentration que je n'ai jamais retrouvé depuis. Il fait quelque chose de la violence qu'il mobilise, il la transfigure dans une forme de transe morbide et d'inconscience-attentive qui va au delà de la simple fatigue nerveuse ou de la volonté de réussir. Il est nécessaire, littéralement, de faire corps avec le tueur, et la rapidité des phases de combat conditionne une espèce d'animalité tout à fait unique. Si vous voulez ne pas réfléchir, vous avez trouvé votre école puisque ici il vous faudra devenir une sorte de serpent dans un monde qui clignote à toute vitesse.
J'ai conscience du peu de sens que peuvent faire de tels commentaires si l'on n'a pas joué au jeu. Qui ne s'est pas assis sur la chaise électrique de Cactus ne peut pas comprendre la synergie toute particulière qui caractérise HM. La narration, outre quelques dialogues hautement cryptiques, se devine par le level design, parsemé d'indices qui soulignent le dérangement mental de l'anti-héro, lui même très mystérieux. On n'y comprend pas grand chose, sinon qu'il doit vider des bâtiments entiers de leurs occupants, qu'ils soient de la mafia ou de la police. Mais du tout ressort une profonde cohérence, qui tient à l'ambiance épileptique et au jeu lui même. Je n'ai jamais autant aimé être aliéné que par Hotline Miami. Le jeu est court mais laisse un souvenir impérissable. A découvrir de toute urgence (avant le 2).
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