Huntdown
7.6
Huntdown

Jeu de Easy Trigger Games et Coffee Stain (2020PC)

Premier titre d'un développeur externe, à savoir Easy Trigger Games, édité par Coffee Stain Publishing, Huntdown est un run and gun avec des faux airs de Contra ; le jeu ressemblant bien plus, selon moi, à un Not A Hero… mais en bien.

Ça n'échappera à personne qui tombera sur les artworks ou autres images du jeu : Huntdown est un hommage évident aux années 80. On y trouvera donc une tonne de références aux films de cette période, balancées plus ou moins gratuitement. Quoi que le studio ait fait le choix de réserver ses références les plus explicites (Blade Runner, New York 1997, etc.) pour ses zones secrètes, laissant le reste pour ses dialogues (les fameuses punchlines d'Anna Conda), ses boss (qui, à l'instar d'un Cuphead, ont une place toute aussi importante que les niveaux les précédant) et ses environnements.

Sur ce dernier point, il est à noter que le jeu possède une certaine variété, nous présentant quatre lieux contenant tous cinq niveaux, chacun de ces lieux étant contrôlés par un gang, et avec un boss final pour l'intégralité de ces mêmes niveaux. On passe des punks qui squattent la banlieue aux hooligans fans de hockey qui contrôlent le métro, on poursuit sur du motard romain et la zone industrielle qui va avec, et le tout s'achève avec des sortes de yakuzas 2.0 qui contrôlent le centre-ville (faîtes juste attention si vous avez déjà pleuré devant Assassin's Creed Shadows, car il y a des samouraïs noirs !). Bien sûr, bien qu'il y ait quelques redites, chaque gang possède ses propres pions et armes. Ce que je trouve encore plus fort, c'est en ce qui concerne l'animation et le nombre de détails visibles à l'écran : ç'a dû demander un temps de dingue ! Certains niveaux sont bourrés de détails, jusque dans leurs arrière-plans (les niveaux de la troisième zone ! Mamma mia !), et je ne me suis toujours pas remis de la transformation d'Unholy Goalie, le boss de fin de la deuxième zone, lors de sa seconde phase. La direction artistique du jeu est folle ! Je n'ai pas d'autres mots.

Niveau ambiance, il me parait important de noter que les musiques contribuent énormément au plaisir qu'on prend à traverser les niveaux. Encore une fois, on retrouve un côté années 80, avec un côté synthwave très prononcé, mais sans oublier l'hommage évident aux consoles 16 bits. Ce que je trouve impressionnant ici, c'est que la musique a été composée par Tommy Gustafsson, cofondateur du studio avec l'option multitâche (comprenez par là que le type qui s'est occupé de diriger le développement a aussi bossé sur la DA, les graphismes, l'animation, mais aussi le scénario), et que la composition qu'il a livrée pour Huntdown semble être la seule BO ou autre album qu'il n'a jamais composé… en tous cas, je n'ai trouvé aucun autre de ses projets sur internet. Bref, pour un premier travail, tout du moins « officiel », c'est très impressionnant, ça tient la dragée haute à la plupart des autres productions indés. Enfin, pour terminer niveau ambiance, il me parait important de préciser que le jeu est doublé. Chacun des trois personnages que nous pouvons contrôler possédant son lot de punchlines, et chaque introduction à un nouveau lieu nous étant briefées par la mère-loup, une vieille femme absolument digne de confiance.


Niveau gameplay, si j'ai dit en préambule de cette critique que le jeu m'a davantage fait penser à Not A Hero (mais en bien, je tiens à le rappeler) qu'à Contra, c'est, car, malgré le côté très explosif du titre, les situations demandent d'adopter une certaine stratégie, en devant se mettre à couvert régulièrement, ou en changeant d'armes très régulièrement avec ce qu'on peut trouver au sol. Le titre étant varié, on aura l'embarras du choix à ce niveau-là : rayon laser, différentes mitrailleuses et fusils à pompe, sabres et autres armes au corps-à-corps, les trucs qui font BOUM… bref, il y a forte à parier que l'on finisse le jeu sans avoir découvert l'intégralité des armes (d'autant plus si on prend compte les quelques armes secrètes). En plus de ça, il va falloir composer avec les gadgets : plusieurs types de grenades, C4, shurikens, tourelles automatiques, ainsi qu'avec le gadget lié au personnage que nous incarnons. Oui parce que si le titre nous propose d'incarner trois personnages qui se contrôlent tous de la même façon, il y a quelques variations à noter cependant : au niveau des répliques, du caractère des personnages, pour commencer, mais aussi au niveau du pistolet et surtout du gadget de base. Anna Conda possède un pistolet à rafale ainsi qu'un tomahawk plutôt difficile à maîtriser ; John Sawyer une sorte de magnum ainsi qu'un boomerang ; enfin, Mow Man (mon préféré) possède un pistolet semi-automatique à cadence rapide et a la capacité de balancer trois couteaux en face de lui. Bref, autant il n'y a pas de grandes différences au niveau du pistolet par défaut (ils font tous les mêmes dégâts en fin de compte), autant, il y a de fortes chances que ce soit le gadget qui vous fasse préférer un perso plutôt qu'un autre (au pire, il est possible de changer à chaque nouveau niveau).

À noter que le jeu est jouable en coop locale. A priori, ce sont les mêmes niveaux, mais j'ai trouvé le jeu plus difficile en coopération. Faut dire aussi que c'est toujours moi qui fais tout quand je joue avec mon pote… et en plus, je dois tout le temps le soigner, me demandant une dose d'effort supplémentaire (serait-ce donc ça la charge mentale ?).


Je pourrais tout de même reprocher deux choses à Huntdown.

Premièrement, ça me semble le plus simple à comprendre, mais pas non plus le plus gros défaut du jeu (et encore, même pas certains que ç'en soi un) : Huntdown n'est pas un jeu 16 bits. Comprenez par là qu'il fait de nombreux appels du pied aux fans des années 80, mais qu'en aucun cas le titre aurait pu tourner sur du matériel d'époque. En fait, même pas sûr que ça puisse tourner sur PS1. Déjà parce qu'il y a des voix (donc hop, on exclut la SNES et la MegaDrive), mais aussi, car niveau animations et détails, quand même, on arrive à être un cran au-dessus des jeux Neo-Geo (excusez du peu)… surtout si on prend en compte la fluidité. Même la musique qui fait très années 80, en plus de faire écho aux consoles 16 bits, n'aurait en aucun cas pu être diffusé par le système sonore de la Super Nintendo (inutile de vous expliquer pourquoi j'exclus d'office la MegaDrive).

Second défaut, plus problématique, la gestion des dégâts globalement un poil aléatoire. En fonction du mode de difficulté dans lequel on joue, on peut être amené à perdre 2, voir 3 points de vie d'un coup, sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. Là, je pointe du doigt deux problèmes : premièrement, les frames d'invincibilité, parfois trop courtes, ce qui fait qu'on enchaîne les coups sans trop comprendre ce qui nous arrive ; secondement, dans la confusion, on peut prendre dans la gueule une attaque qui fait énormément de dégâts et non une attaque qui en fait peu, à la frame près, et inversement. Rajoutant de la confusion. C'est dommage parce que mis à part ça, le jeu gère superbement bien sa difficulté.

Bon après, franchement, je ne vais pas vous le cacher, j'aimerais avoir ce genre de défauts sur tous les jeux auxquels je joue tant ce n'est absolument pas excessif. Surtout qu'au pire, concernant la gestion des dégâts, il est toujours possible de jouer en mode « Badass », mode de difficulté dans lequel on meurt en un coup… de quoi régler le problème de la gestion de dégâts une bonne fois pour toutes.


Depuis qu'Huntdown a été publié, on ne sait pas sur quoi bosse Easy Trigger Games. La dernière news sur leur site date de mai 2022 à l'heure où j'écris ces lignes, mais par-dessus tout… tenez-vous bien… Embracer a racheté le studio en 2021 ! Soyons rassurant, le studio ne paraît pas avoir été impacté par les récents choix de l'éditeur (en tous cas pas officiellement), mais difficile de se montrer confiant quand on s'intéresse aux nombreux changements opérés par le groupe, mais surtout, aux nombreux développeurs qui ont perdu leurs emplois au cours de ces dernières années.

Non parce que je veux bien avouer que c'est toujours difficile de quantifier le nombre de personnes qui ont bossé sur un jeu, savoir qui a été de « passage », qui a bossé à plein temps sur la production ou non… mais en ce qui concerne Huntdown, le titre semble essentiellement être le fruit du travail de quatre personnes uniquement ! Quatre👏putains👏de👏personnes !👏


Bon, on va se montrer optimiste et se dire qu'on aura droit à une future pépite de la part des développeurs d'ici à quelques années. Dans le pire des cas, on pourra toujours relancer Huntdown puis déprimer un bon coup en disant que c'était quand même vachement bien. De toute façon, j'ai un crédo : en m'attendant systématiquement au pire, je ne peux qu'être positivement surpris quand pointe l'avenir.

MacCAM
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le 24 juin 2024

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