Temps de jeu : 90 heures
Mon sixième Warriors
Mon quatrième Hyrule Warriors
Test rédigé pour Le Red Blog [#2]

Succès tonitruant de Nintendo, The Legend of Zelda: Breath of the Wild n’aura pas laissé les joueurs indifférents. Fort de sa vingtaine de millions de ventes dans le monde, il n’en fallait pas plus au petit artisan pour surfer sur le succès indéniable et unique du dernier épisode de la franchise. Le plus facile, c’est encore de proposer un Musô, main dans la main de Koei Tecmo Games, et plus particulièrement de la team Omega Force. Contrairement au premier Hyrule Warriors, lequel piochait dans tout l’historique de la saga, L’Ère du Fléau se concentre uniquement autour de l’univers dépeint dans Breath of the Wild. Mieux encore, il se propose comme une préquelle dudit jeu, tout en étant officiellement canon. Et, à la manière d’un Fire Emblem Warriors, le titre entend intégrer des aspects inhérents de Breath of the Wild, comme de l’exploration ou l’utilisation de pouvoirs liés à la tablette Sheika. Disponible sur Nintendo Switch depuis le 20 novembre 2020 au prix de 59,99 €, on vous dit tout sur cet énième Musô !

Astor d’Hyrule, cherche pas, t’as tord

Entrons dans le vif du sujet et abordons directement tout le pan scénaristique d’Hyrule Warriors: L’Ère du Fleau, que nous ne spoilerons pas pour des raisons évidentes : non, ce jeu n’est pas vraiment une préquelle de Breath of the Wild, mais bien plus un « What if… ? ». Comprenez par là que tout ou presque se déroule dans une dimension parallèle, en dehors de sa scène d’introduction ; le Royaume d’Hyrule est dévasté et face à cette situation de crise, un petit gardien appartenant à Zelda emprunte un portail pour remonter le temps. On vous la fait courte, mais à partir de là, on s’imagine aisément que les évènements qui s’en suivent ne retraceront peut-être pas la timeline officielle. Hyrule tombera-t-elle forcément sous les assauts des Gardiens, eux-mêmes possédés par Ganon ? Zelda échouera-t-elle à révéler ses pouvoirs au bon moment ? Link dormira t-il pendant cent ans à l’issue d’une guerre totalement perdue ? Rien n’est plus sûr, et tout cela dès les premières cinématiques. C’est forcément dommage et même un peu trompeur, niveau communication autour du jeu.

Il n’empêche que la mise en scène et la qualité des cinématiques réconfortera à minima les amoureux de la franchise ou de Breath of the Wild. Parfois intimistes et touchantes (la jeunesse de Zelda), elles se révèleront également épiques et pleines de tension (la levée des armées contre le retour annoncé de Ganon), selon les péripéties narrées. Ce sera l’occasion d’en découvrir plus sur certains personnages secondaires iconiques, à l’instar des quatre Prodiges ou d’Impa, indéniablement plus jeune (forcément, avec cent ans de moins au compteur…). Le tout enrobé d’une direction artistique similaire au jeu de base, l’impression de retourner en Hyrule version Breath of the Wild est bien tangible. La bande-son, là aussi tirée en partie du titre originel, se présente comme LA réussite de tout le versant artistique du titre. Si certains thèmes alors déjà marquants font ici un retour triomphal, comme celui de Mipha ou celui des Moldarquors, les nouvelles pistes se montrent tout autant à la hauteur, en attestent le thème de Link ou celui d’Astor, un antagoniste inédit.

Un Warriors qui explore ses options

La structure d’Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau se divise en deux parties, à savoir la quête principale et les missions annexes. Les secondes permettent aux joueurs de récolter des ressources diverses, généralement peu communes, lesquelles serviront à améliorer les capacités des personnages jouables (nouveaux combos, jauges de vie et de pouvoir étendues, etc.). Assez nombreuses, elles sont tout autant optionnelles qu’addictives à remplir pour une potentielle complétion du 100 %, malgré une certaine répétitivité ; il faut généralement battre des boss et des vagues d’ennemies pour les mener à bien. Contrairement aux autres Warriors, celui-ci a la bonne idée de ne pas distribuer toutes les récompenses d’une mission sous condition d’avoir une note parfaite. En effet, la finir suffit amplement à tout récupérer. De même, les quêtes annexes et l’histoire principale se trouvent désormais sur le même menu, et non plus séparées, ce qui obligeait à faire un retour sur l’écran-titre. On y gagne en fluidité et en ergonomie, ce dont les prédécesseurs de L’Ère du Fléau manquaient parfois cruellement.

Les quêtes d’histoire quant à elles, sont un peu plus variées. Il faudra parfois fuir un ennemi, ou encore escorter une IA alliée jusqu’à un certain point. Surtout, elles profitent d’une emphase sur l’exploration, tant est qu’il y en est sur un Musô. En plus de trésors dispersés ici et là (mais visibles sur la carte), c’est surtout le retour des Korogus qui feront plaisir – ou non – les fans de Breath of the Wild. Comme dans le jeu de base, certains se cacheront dans des caisses en bois, d’autres prendront la forme d’une fleur jaune, tandis que quelques uns apparaitront après avoir éclaté un ou plusieurs ballons flottant dans les airs. Tous donneront une Noix Korogu en guise de récompense, qui permettront d’améliorer le nombre de slots d’armes maximum. Rassurez-vous, il n’y a ici que cent trente-quatre Korogu à retrouver ; un détecteur est également déblocable à un certain point du jeu, de quoi faciliter la chasse aux noix !

Combattants Prodigieux

En jeu, lors d’une mission, le joueur contrôlera plusieurs personnages. S’il est possible de donner des ordres à ceux qu’on ne contrôle pas activement, il faudra tout de même alterner entre tous pour ne pas rater trésors et Korogus, mais aussi éviter de perdre la bataille. En effet, les IA alliées sont assez inutiles et agissent comme des plots, contrairement à celles de Fire Emblem Warriors. C’est finalement assez logique, le second étant bien plus porté sur l’aspect tactique que le premier, mais on s’avoue tout de même parfois frustré de voir nos forces acculées par le moindre ennemi un peu coriace. Le gros point positif de ce Hyrule Warriors: L’Ère du Fléau réside surtout dans l’unicité de son roster jouable. Chaque personnage possède des combos qui leur sont propres, tout en ayant accès à un coup spécial leur appartenant. Link peut se servir de lances ou d’épées à une et deux mains, changeant drastiquement les coups et combos qu’ils possèdent. Zelda elle, peut se défendre avec la tablette Sheika ou un arc, tandis que Impa devra poser plusieurs marques sur ses ennemis pour effectuer des coups plus puissants. Revali peut se battre depuis les airs, Mipha elle, sera capable de soigner ses alliés lors d’un Coup Fatal, etc.

D’autres personnages, plus exotiques, seront également jouables, comme le Roi d’Hyrule ou Noïa. Tous possèdent leur petit truc qui fera qu’on les préfère au reste. Les combos, des techniques variées et diverses selon le nombre d’input effectués, sont constitués de coups faibles et forts. Les coups faibles peuvent s’enchainer plusieurs fois et même conclure un combo, tandis que les coups forts sont généralement les coups finaux, ne pouvant être enchainés par nulle autre frappe. Dans les faits, il est totalement possible d’effectuer une esquive pour annuler une partie de l’animation du coup fort pour, de nouveau, effectuer un autre combo. Frapper et éliminer des adversaires permet de charger sa barre de Coup Fatal, lequel inflige d’énormes dégâts aux cibles prises dans son rayon d’action. C’est l’occasion d’assister à une chorégraphie généralement impressionnante dans l’unique but de mettre à terre un vis-à-vis puissant.

Point Faible : trop fort

Et si cela ne suffit pas, il reste encore la jauge de Point Faible, qu’on pourra détruire en assenant de coups l’ennemi, pour peu qu’elle apparaisse à l’écran. Pour cela, il suffit d’attendre que la cible ait porté un coup fort dans le vent ou, mieux encore, esquiver une de ses attaques au moment parfait. Si tel est le cas, une phase au ralenti se déclenche alors, permettant à Link et consort de donner une myriade de coups pour détruire partiellement ou totalement le Point Faible adverse. Une fois la jauge éclatée, un dernier coup ultime peut être porté, à la manière d’un Coup Fatal. Il existe d’autres façons de faire apparaître la jauge de Point Faible, comme l’utilisation de la magie ou des pouvoirs de la tablette Sheika. La magie elle, peut-être récupérée dans des caisses ou sur des ennemis élémentaires (feu, foudre et glace). Utiliser la magie à bon escient, comme la magie du feu sur un ennemi de glace et vice-versa, ou la magie de la foudre des sur des ennemis dans un marais ou un lac, fera apparaître plus longuement la jauge de Point Faible.

De même, se servir des pouvoirs de la tablette Sheika lorsqu’il le faut confèrera à son porteur une ouverture non négligeable. Au nombre de quatre, ces pouvoirs sont similaires à ceux de Breath of the Wild, malgré un effet différent une fois en combat. Les Bombes permettent d’interrompre un coup chargé ennemi, tandis que Polaris permet de retourner les armes adverses contre eux en utilisant une sorte d’aimant. Cinétis est capable d’arrêter le temps et donc une attaque longue de son vis-à-vis. Enfin, Cryonis gèlera les ennemis lors de leur charge, mais aussi tous ceux présent dans une surface immergée. À chaque fois, la cible adverse affichera un logo dédié à un des quatre pouvoirs pour indiquer au joueur quelle technique utiliser et ainsi contre-attaquer. Cette volonté de mêler des éléments de gameplay du jeu original au game design d’un Musô traditionnel est évidemment bienvenu, offrant au titre une identité propre et un gameplay plus varié dans son ensemble.

L’Heure des Fléaux

À ce titre, on peut également noter la place importante de la cuisine, elle aussi un élément important de Breath of the Wild. Avec sa multitude de recettes qu’il faudra en partie débloquer, les joueurs confèreront des boosts de gains en expérience, en rubis, en force ou en défense à ses personnages. Une forge permettant d’améliorer ses armes et un terrain d’entraînement dédié au leveling de ses unités sont également disponibles, moyennant bon nombre de rubis. Il sera possible de revendre ses ressources si l’on venait à manquer de fonds monétaires pour pimper ses héros fétiches. La prise en main, facile et agréable, n’est toutefois pas dénuée de défauts, en attestent des sauts muraux se déclenchant contre notre gré ou une caméra parfois aux fraises (notamment dans les lieux exigus). Rien de bien méchant, contrairement au framerate et au poping qui laissent à désiré, surtout dans les grandes plaines.

Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau apporte en outre des phases où le joueur contrôle les Créatures Divines. Toutes puissantes, elles peuvent éliminer des centaines d’ennemis en quelques secondes et avec une simple touche. Pour autant, on doit bien avouer qu’il s’agit là des phases les moins amusantes à parcourir. C’est court, sans aucun challenge et surtout, c’est répétitif. Heureusement, en plus d’être assez peu nombreuses, elles deviennent également optionnelles lorsqu’on recommence des chapitres qui leur sont dédiés. On pourra également pester sur la présence d’un Season Pass, certes anecdotique tant il n’apporte pas grand chose d’intéressant, mais c’est bel et bien tout l’aspect narratif du titre qui peine le plus. Annoncé comme un préquel, ce sentiment de « What if… ? » laisse un arrière-goût amer, malgré une histoire plaisante à suivre et plusieurs séquences mémorables, notamment grâce à sa chouette mise en scène. Reprenant les doubleurs originaux, la VF et la VO se révèlent une fois de plus excellentes.

Conclusion

Après soixante-dix heures de jeu pour compléter à 100 % le titre (quatre-vingt dix avec les DLC), on peut vous assurer que cet Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau est bel est bien le meilleur Musô spin-off auquel votre humble rédacteur ait pu jouer. Plus varié, plus fun, plus respectueux du matériau de base, rien ou presque ici n’est à jeter question game design. C’est davantage du côté de la technique parfois à la ramasse ou de son profil de « préquelle, mais pas trop » que le public pourra ressentir de la déception. On conseillera tout de même plus le titre aux fans inconditionnels de Musô qu’à ceux du jeu de base, puisqu’il reste un Warriors pur jus dans ses mécaniques primaires et régressives, malgré sa volonté d’ouvrir le titre à un plus large public. Tout n’y est pas parfait, ni inoubliable, il est vrai, mais ce shot d’aventure et de fan service a le mérite de sevrer temporairement le manque de Breath of the Wild dont souffrent nombre d’afficionados de la série.

Créée

le 30 oct. 2022

Critique lue 15 fois

Kalimari

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