Bien difficile de noter cet Industria, derrière cette belle DA et ce qui semble être un solide moteur 3D se cache en fait, et sans grande surprise, un jeu qui repose sur des bases bien plus amateurs, bien loin de ce que l'on serait en droit d'attendre au vu des présentations officielles. Il faut d’abord savoir qu’Industria, c'est avant tout des crédits qui ne durent que quelques secondes, et pour cause, derrière ce projet on ne trouve que deux personnes, cinq au pic du développement, et toute cette bande a travaillé dessus durant leurs temps libres. Au final, tout ceci donne un aspect plus proche de la démo projet qu'un réel jeu complet, mais cela serait peut-être tirer des conclusions trop hâtives, car malgré la pléthore de défauts et on reviendra dessus plus tard, Industria fait partie des rares jeux qui m'ont donné l'impression de revivre Cité 17 (Half Life 2) avec ce “flow” si particulier qu'on retrouve dans des walking sim tel que Firewatch, ce même jeu dont le studio derrière a été racheté par Valve, la boucle est bouclée vous me direz, mais je m'égare.
Né dans la douleur, il y a un peu moins de 2 ans le jeu est maintenant dans un état presque mature, lors de ma partie, je n'ai pas eu affaire à des bugs et le monde se parcourt sans gros accrocs hormis des contrôles au clavier qui sont un peu laborieux et dans l’ensemble il reste plus agréable de parcourir le jeu à la manette, car Industria n’est pas un shooter comme on peut en voir partout, mais est bien plus proche du walking sim avec des mécaniques de combats. Ce qui n'a pas changé cependant depuis la première sortie en 1.0, c'est la durée de vie rikiki de l'aventure qui ne s'étale que sur quatre pauvres petites heures. Cela est bien dommage au regard de ce que l'on semblait percevoir en arrivant dans ce monde le soir de la chute du mur de Berlin. L'aventure nous donne le sentiment de prendre tout son temps au départ, mais cela n'est que temporaire et si d'habitude ce n’est pas un point qui me chagrine, je dois bien avouer qu'ici cela m'a légèrement frustré d'en finir si vite, surtout que cela ne donne pas le temps aux développeurs de nous faire découvrir leur monde sur une durée acceptable pour s'imprégner des lieux. Tout l'arsenal et le bestiaire que l'on a à affronter nous sont jetés à la figure trop rapidement et ce peu après la fin de ce qu'on pourrait appeler une introduction. Paradoxalement, si l'aventure est courte, elle semble vite répétitive, à cause de cela.
Ce n’est qu'après cette introduction justement où on basculera du Berlin que l’on connaît à un monde “virtuel” lorgnant du côté du steampunk tout en gardant ce style très froid mais réel, à la manière encore une fois de plus de Cité 17, que le jeu commencera vraiment.
Une fois arrivé à destination dans ces nouveaux lieux, les développeurs nous mettent face, et attention c’est là où ça devient subjectif, à une DA que j’ai personnellement trouvée réussie, même très réussie. Bien entendu celle-ci devient comme tout le reste assez vite répétitive, la taille de l'équipe n’a pas permi de créer tant de variété dans les décors mais Industria a su trouver un style unique très attirant avec quelques moments ou le jeu nous offre des panoramas plutôt très inspirée que je n'ai pas souvenir d'avoir vu ailleur.
C’est tout autant frustrant, car on aurait souhaité voir ce qu'Industria pourrait donner avec un budget et une équipe conséquente et se plonger plus longuement dans cette ville hallucinée et infestée de robots, mais sur ce point je n’en dirai pas plus.
Techniquement parlant par contre ça souffle le chaud et le froid, particulièrement mal optimisé, en particulier dès qu'on active le raytracing, les textures passent du plutôt convenable à bien baveux, mais la très bonne qualité des éclairages et effets volumétrique masquent parfaitement toutes ces imperfections et c’est en partie pour cette raison que sur des captures d'écrans le jeu semble assez jolie, il faut tout simplement ne pas s'amuser à regarder de trop près.
Ce goût du pas finit, on le retrouve aussi sur les couches de game design avec un inventaire qui semble n'être là que pour avoir le tag “jeu à inventaire” sur Steam ou encore beaucoup d'interactions possibles qui ne débouchent sur rien d’autre que manipuler l'objet en question sans but précis, dommage.
Mais malgré la tonne de reproche on se sent comme absorbé par l’histoire qui recèle quelques bonnes idées et le mystère épais qui rôde autour de nous et la réussite d'avoir installé ce “flow” si typique des FPS du milieu des années 2000, et en particulier Half Life 2, donne à Industria un caractère qui m’avait manqué et que je trouve très appréciable. Je suis vraiment curieux de voir ce que ce petit studio d’amateurs pourrait nous servir avec une équipe complète et à plein temps dessus.
Il vaut mieux voir Industria comme une grosse démo et je peux comprendre les premiers reproches à la sortie, quand le jeu était bourré de bugs et vendu à plein tarif, mais aujourd'hui et en promotion, je pourrai conseiller celui-ci en tant qu'expérience singulière, cassée, mais un sujet d'étude intéressant d'où ma note au-dessus de la moyenne, car tout n'est pas à jeter, et j’ai vraiment pris du plaisir à traverser le monde d’Industria.
Je finirai sur un point qui lui par contre ne fait pas du tout amateur, c’est le doublage des acteurs ainsi que le sound design de l’aventure. Par moments, il manque peut-être de bruitages (pas de bruit quand je tourne une manivelle rouillée ?) mais tout ce qui est là est par contre très bon, les armes, l'arrivée des ennemis qui pourra nous faire sursauter par moment, mais plus particulièrement la voix des deux acteurs principaux, impeccables.
Sans oublier la musique qui colle parfaitement à cet univers robotique, steampunk baignant dans une ambiance de guerre froide.
Est-ce que tout cela fait d’Industria un grand jeu ? Certainement pas, mais est ce que cela me donne envie de l’épingler pour chaque faute commise avec une mauvaise note ? Non plus. À votre arrivée, dessus, il est important de se mettre en condition et ne pas attendre de celui-ci d'être un triple A comme laisse penser les quelques captures d'écrans sur le net. C’est un projet pour lancer un studio qui est court mais possède bel et bien un début, une fin, une DA qui rappelle quelques maîtres du genre et une finition qui est aujourd'hui tout à fait acceptable pour un jeu que l'on trouve en promo autour des 10 euros, car il semble que le prix eu était un frein lors des premiers tests donc je précise.
Le scénario torturé et mystérieux lui non plus ne va pas réécrire l'histoire du JV, mais il reste suffisamment intrigant pour nous tenir en haleine tout au long du voyage du moins sur une grande partie, car la fin a tendance à tomber de nulle part et on sent que l’équipe n’avait plus un rond ou le courage d’étendre son projet.
C’est une œuvre torturée, mais attachante, j’ai du mal à la recommander, mais si vous aimez expérimenter et avez du temps, c’est un sujet de test passionnant.