Tout le monde en parle, certains en bien, beaucoup en mal. The War Z est un clone du mod DayZ pour ArmA 2. Le principe est rigoureusement identique : vous spawnez dans une grande carte que vous visitez en espérant trouver du matériel, tout en évitant de vous faire éviscérer par une horde de zombies ou tuer par un autre joueur.

Le projet est très ambitieux et les développeurs ont promis plusieurs cartes gigantesques, des serveurs privés, un système de quêtes, la possibilité de fortifier les bâtiments et bien d’autres merveilles. En parallèle de ça, la brève sortie du jeu sur Steam (il n’a été en vente que deux semaines) a suscité de vives protestations. Les réactions de certains joueurs frisent l’hystérie, certains n’hésitant pas à se rouler par terre en pleurnichant comme des fillettes pour qu’on leur rembourse leurs 12€.

Comme ce type de jeu ne m’intéresse pas particulièrement, c’est sans apriori, mais avec beaucoup de curiosité que je me suis payé le précieux sésame à 12€ me permettant moi aussi d’avoir une opinion sur le jeu dont tout le monde parle, The War Z :


Entre alpha, bêta et version finale

Le jeu est actuellement au stade de fondation release. Autrement dit, ses fondations sont posées, mais ça ne veut pas dire qu’il soit terminé. En achetant The War Z aujourd’hui, vous aurez droit à un logiciel plutôt stable. De ce que j’ai pu en voir, les menus en français sont buggués, mais à part ça je n’ai pas eu un seul plantage, le server browser est rapide, l’interface est claire et efficace, bref c’est largement au niveau de ce à quoi on peut s’attendre en achetant un jeu à ce prix.

De la même façon, les bases du gameplay sont également établies. Les armes ont un comportement à mi-chemin entre réalisme et arcade : on tire généralement en semi auto et on tue les adversaires en trois ou quatre balles. Il n’y a pas de balistique, donc inutile de compenser la gravité ou le temps de trajet des projectiles. On meurt donc rapidement, sauf si on se fait engager à très longue distance. Dans ce cas, on peut espérer se planquer, se soigner ou même se déconnecter.

Le comportement des zombies est plutôt réussi. S’il est possible de les éviter en avançant prudemment ou de les éliminer facilement quand ils vous arrivent dessus un par an, la situation peut vite dégénérer. Si vous commencez à courir, que vous en attirez une dizaine et que vous vous faites acculer, vous avez de bonnes chances d’y rester. C’est encore pire si vous êtes pris à partie par d’autres joueurs. Les zombies sont donc inoffensifs, sauf si vous faites preuve de négligence ou qu’un imprévu vous tombe dessus, ce qui est finalement assez fidèle à l’imaginaire collectif qu’on s’en fait.

Voilà pour les fondations, mais le chantier est encore vaste. Par exemple, pour l’instant, le poids de votre inventaire n’a aucune influence et l’encombrement est géré de façon très bizarre : vous pouvez empiler cinquante fusils d’assaut identiques sur une seule case de votre inventaire, tandis que vingt objets différents occuperont toutes ses cases. Il y a également plusieurs étrangetés dans la carte, par exemple des plantes qui traversent les planchers de certains bâtiments, des pentes très abruptes qu’on peut grimper ou dévaler en faisant des petits sauts, des passages bloqués par des murs invisibles, etc. La finition du level design laisse à désirer et il n’est pas dit que ce soit corrigé par la suite. Il y a aussi certains objets qui n’ont pas encore de position au repos. C'est-à-dire que si vous lâchez votre casque et votre sac à dos, ils flotteront en l’air, immobiles, comme si un être invisible les portait. On ne doute pas que ce genre de détails soit patché par la suite, mais ça montre bien que si les fondations sont posées et que le jeu est parfaitement jouable, il est encore loin d’être achevé.


Du randonneur qui débute au vétéran qui fait du PvP

Lorsque vous découvrez le jeu, vous apparaissez avec un inventaire très limité comprenant une lampe torche faisant également office d’arme de corps à corps, quelques vivres et c’est tout. Votre première tâche consiste à explorer la carte qui est parsemée d’une quarantaine de zones d’intérêts : fermes, base militaire, villages, chantiers, station météo, aéroport, etc. La carte ne mesure que 4x4Km de côté (au lieu des 10x10km annoncés), mais les déplacements sont assez lents et vous devrez passer quelques dizaines d’heures avant d’en faire le tour. Ceci dit, il y a peu de lieux uniques et la plupart des bâtiments se ressemblent. De plus, les textures sont assez pauvres et les intérieurs sont très vides, donc vous vous lasserez rapidement du plaisir de la randonnée.

Au début, vous aurez besoin de rassembler de l’équipement. Le but du jeu consiste alors à vous promener durant une à deux heures jusqu’à remplir votre sac à dos, puis à rejoindre l’une des trois safe zones pour mettre à l’abri vos objets en surplus. Ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air, car avec seulement quarante zones à visiter et cinquante joueurs par serveurs, vous risquez rapidement de vous trouver nez à nez avec vos semblables qui n’hésiteront pas un instant à vous tirer dessus (je reviendrai là-dessus plus tard). Pour éviter de vous faire plomber, vous aurez donc intérêt à privilégier les serveurs avec moins de quinze joueurs. Mais même ainsi, vous avez de bonnes chances de vous faire tuer au terme d’une ballade d’une heure, de perdre tout votre inventaire et de quitter le jeu en rageant.

Étant donné que vous perdez tout votre équipement à chaque mort, à l’exception de ce que vous avez mis à l’abri dans votre inventaire global en vous rendant à une safe zone, vous aurez donc tendance à jouer très prudemment en évitant les autres joueurs comme la peste. Puis, au bout d’un certain temps, vous vous lasserez sans doute de marcher durant des heures au risque de vous faire tuer par un gars planqué à 100m derrière un sapin. C’est alors que vous serez tenté de faire du server hoping : trouvez une zone intéressante, ramassez tout ce que vous trouvez, déconnectez-vous, rendez-vous sur un autre serveur, et comme votre dernière position est sauvegardée, vous pouvez à nouveau looter la même zone. Si la technique se révèle plutôt efficace (notez que les développeurs cherchent un moyen d’empêcher les joueurs de l’exploiter), vous aurez tout de même plus l’impression de travailler que de jouer.

Si, après une dizaine d’heures, vous ne vous êtes pas lassé et que vous avez réussi à vous constituer un inventaire comprenant plusieurs armes, les seules choses intéressantes restant à faire, ce sont des chasses à l’homme. C’est pour cette raison que quasiment tous les joueurs se tirent dessus à vue : au bout d’un moment, l’exploration et la survie perdent tout intérêt et il ne subsiste que l’aspect PvP qui est assez stressant. En effet, pour faire du PvP, vous serez obligé de vous équiper correctement au risque de tout perdre. Mais si vous avez de la chance, que vous abattez le bon joueur, vous tomberez sur du loot de folie. Bien évidemment, vous vous lasserez également du PvP au bout d’un moment, surtout qu’il comporte plusieurs défauts, par exemple la possibilité pour vos proies de se planquer puis de se déconnecter au terme d’un compte à rebours de 10 secondes durant lesquelles elles ne peuvent rien faire.

Il y a également le problème des tricheurs : bien que j’en ai croisé qu’un seul, c’est toujours frustrants de se faire dégommer sans rien pouvoir faire et de perdre le butin qu’on a mis 1h à amasser. D’autant plus que la gestion des sons dans le jeu est encore très buggués, et on a parfois l’impression de se faire tuer à coup de marteau par un tricheur invisible, alors qu’en réalité on s’est fait sniper par un type planqué à 200m. Les combats entre joueurs sont parfois intéressants, mais ils sont très souvent frustrants, comme l’intégralité du jeu d’ailleurs, mais c’est un peu la base de ce type de gameplay où la mort est très pénalisante. C'est d'ailleurs pour cette raison que The War Z n’est pas un pay to win : qui serait assez fou pour dépenser de l’argent dans une pièce d’équipement qu’on perd dès qu’on meurt ? Surtout que vous pouvez récupérer tous les objets intéressants sans jamais débourser un centime et qu’il suffit de se balader deux ou trois heures (sans mourir) pour obtenir un fusil s’assaut, une arme de corps à corps, un casque, bref tout ce qui est nécessaire à la survie et bien plus.


Ce qui ne fonctionne pas

Les serveurs 50 joueurs, sur la carte actuelle, sont beaucoup trop peuplés. À part pour faire du PvP, ils n’ont aucun intérêt. Si vous réussissez à tuer quelques joueurs et que vous voulez mettre votre butin à l’abri, vous aurez tout intérêt à vous déconnecter. En effet, sachant qu’il n’y a que trois safe zones sur la carte, vos chances d’y parvenir indemne sont infimes quand il y a trop de joueurs. Quant aux serveurs 100 joueurs, il s’agit d’une aberration que les développeurs se sont sentis obligés de mettre en place lorsque la page Steam promettait un jeu supportant jusqu’à 100 joueurs.

La survie, tout comme dans DayZ, passe vite au second plan. Le risque de mourir d’inanition ou de déshydratation est quasiment nul. Celui de se faire bouffer par un zombie est faible. Il ne reste que le PvP qui est tout de même vite lassant. Surtout que le server hoping permet non seulement de se déconnecter si on trouve un endroit où on peut rester à l’abri 10 secondes, mais également de se déplacer via un autre serveur pour prendre des ennemis à revers. Le problème est difficile à résoudre, car si la position des joueurs n’est pas conservée lorsqu’ils se reconnectent, ils peuvent en profiter en se reconnectant plusieurs fois jusqu’à arriver là où ils souhaitent. Et si on les empêche de se reconnecter trop rapidement, ils auront du mal à se retrouver entre potes sur le même serveur, et ne pourront pas en changer s’ils tombent sur un tricheur.

Enfin, si vous ne jouez pas en multi avec vos amis, vous risquez le game over : après avoir perdu vos treize premiers personnages, vous réapparaissez à poil. Si jamais vous n’avez pas constitué un inventaire comprenant au moins une arme, vous êtes bloqué, car il est presque impossible de visiter les zones intéressantes sans un moyen de se défendre contre les zombies. À plusieurs, c’est moins gênant, car il vous suffira de suivre un ami bien équipé pour ramasser la première arme que vous trouverez, mais si vous jouez seul, votre 14e incarnation pourrait bien être celle qui vous incitera à vous inscrire sur le forum pour y insulter les développeurs. Ce défaut ne devrait pas être très difficile à corriger, puisqu’il suffit de donner aux joueurs une arme de corps à corps à chacune de leurs incarnations, mais je ne sais pas si les développeurs comptent y remédier.



Verdict

The War Z peut très rapidement se montrer frustrant. Il suffit de jouer sur un serveur trop peuplé, de croiser un tricheur, de jouer seul, d’épuiser ses treize premiers personnages sans avoir mis du matériel de côté ou simplement de ne pas supporter un jeu où on se balade durant des heures pour amasser laborieusement du butin, au risque de tout se faire piquer par un joueur caché dans sapin.

Mais il faut néanmoins admettre que le jeu n’est pas le « navet » que certains décrivent. Si les développeurs tiennent leurs promesses, ce sera même un bon titre, mais en l’état, pour 12 euros, ça reste un petit FPS sympathique, d’autant plus si vous jouez en groupe. Ce n’est pas le jeu multi sur lequel vous passerez 200h durant les trois prochains mois, mais pour quelques sessions de 2h, le temps d’une balade entre deux safe zones, ça fait l’affaire, et ce n’est pas pour rien s’il y a autant de joueurs sur les serveurs.

Je ne suis pas fan du tout de ce type de jeux, je ne rejouerai probablement jamais à The War Z, mais je ne regrette pas les quelques heures que j’y ai passées. Après, vous pourrez toujours vous scandaliser sur la façon dont les développeurs ont copié DayZ, sur leur arrogance envers les joueurs qui râlent, leur façon de recycler les éléments de leurs anciens titres ou sur l’amateurisme dans lequel baigne leur société. Mais c’est un autre débat, et j’ai préféré en faire abstraction pour juger ici des qualités intrinsèques de The War Z qui, après tout, n’est qu’un petit jeu à 12 euros.
drloser
5
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le 30 déc. 2012

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drloser

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