Les space opera sur DS ne sont pas nombreux dans la constellation des jeux d'aventure de la portable de Nintendo. Après un Bayonetta qui aura connu un succès d'estime, Platinum Games nous concocte un jeu intergalactique. Le résultat est-il à la hauteur du lieu où les vaisseaux se font la guerre ? Réponse dans le test.
Le scénario d'Infinite Space ne commence pas sous les meilleurs auspices : vous dirigez Yuri, un jeune héros assez frêle qui devient par le plus grand des hasards un commandant de vaisseau afin de sauver l'univers. Rien que ça. Malgré les lois interdisant les voyages dans l'espace qui sévissent sur Ropesk, la planète du héros, le jeune homme y voit là un prétexte à partir un peu plus près des étoiles. C'est accompagné de Nia, une intrépide rebelle de l'espace, que Yuri va vouloir mettre fin au régime casanier qui sévit sur Ropesk tout en sauvant sa sœur Kira des griffes de Demid Panfilov. Ce n'est qu'après ces péripéties que l'aventure commence vraiment, avec la volonté de parcourir l'univers pour y déchiffrer le rôle des Epitaphes, des cubes magiques aux pouvoirs insoupçonnés. Si l'aventure reprend tous les clichés des RPG japonais, le jeu en lui-même possède un déroulement beaucoup plus complexe. Ici, il n'est point question d'arpenter une carte et d'affronter des ennemis avec des armes à une main, ce sont les vaisseaux qui tiennent le haut de l'affiche. Il faut en effet parcourir plusieurs planètes à bord de son vaisseau pour avancer au fil de l'histoire et des combats viennent interrompre votre épopée intergalactique. Aléatoires et facultatifs, ils servent à gagner de l'expérience pour augmenter la résistance de son engin. Les combats se déroulent comme dans n'importe quel RPG qui se respecte. Sur l'écran inférieur, les commandes d'attaque sont accessibles. Au nombre de trois au départ, de nouvelles techniques s'obtiennent au fil de l'aventure. Les commandes de base se résument à une esquive, une attaque moyenne et une attaque forte. L'esquive n'est efficace que si l'adversaire balance une attaque forte, auquel cas une attaque normale fera plus de dégâts que d'habitude. L'attaque moyenne occasionne des dégâts plus ou moins forts selon la résistance de l'ennemi. Enfin, l'attaque forte ne laisse souvent aucune chance à l'adversaire. Chacune de ces attaques consomme de l'énergie sur la jauge de lancement d'attaques.
Fractionnée en trois parties d'autant de couleurs diverses (verte, jaune et rouge), les attaques utilisent autant de portions de la jauge que la puissance supposée de l'attaque. Car, l'attaque n'atteint pas toujours sa cible, et ce sans raison apparente. Puisque l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, il est possible de monter son propre vaisseau de combat. Il est possible d'en améliorer ses performances en sélectionnant les modules et les armes que l'on souhaite placer sur sa future bête de course. Pour cela, il suffit de trouver un plan de vaisseau et la construction peut commencer. Sa personnalisation se fait comme un jeu de construction. Les modules à fixer sur son futur engin spatial sont plus ou moins imposants selon leur efficacité et il faut alors faire coïncider le tout pour que le vaisseau soit le plus performant possible. Pour les joueurs ne voulant pas mettre les mains dans le cambouis, des vaisseaux peuvent directement être achetés en boutique. Une fois le moyen de transport en sa possession, il faut alors choisir parmi son personnel, les membres qui sont assurés de voyager à vos côtés. Et là c'est plus de 150 personnages qui peuvent rejoindre vos rangs, à la manière de Suikoden Tierkreis. Alors, il est vrai que sur ce casting géant, il y en a qui ne servent pas à grand-chose mais la variété de la composition de son équipe permet d'affiner ses tactiques de combat. Infinite Space fait clairement dans l'immensément grand au niveau de ses possibilités mais pas uniquement dans le bon sens du terme.
Le point qui fâche dans Infinite Space provient de sa localisation, intégralement en anglais. Les dialogues paraissent du coup totalement inintéressant pour la plupart des joueurs, ce qui est dommage vu les nombreuses fois où les personnages prennent la parole et que le scénario est plein de rebondissements. Dommage aussi que les affrontements de vaisseaux manque singulièrement de rythme. On se contente de regarder les deux engins volants se tirer dessus à tour de rôle avant d'ordonner une nouvelle mise à feu. Infinite Space est aussi un de ces jeux qui ne pardonne pas le moindre faux pas, la difficulté étant assez aléatoire, il n'est pas rare de voir un Game Over affiché sur l'écran supérieur. Sachant qu'il suffit de perdre une bataille pour recommencer au dernier point de sauvegarde, il faut faire preuve de persévérance pour avancer sans encombre. Il convient toutefois de noter que la modélisation des vaisseaux lors de ces joutes endiablées parvient à rendre le tout agréable à regarder, la réalisation de ces derniers étant particulièrement réussie. Mais cette beauté visuelle n'a d'effet que sur les amateurs de space opera, laissant les autres joueurs de marbre face aux courbes de ces machines volantes. Et c'est bien là que se situe le problème d'Infinite Space. Le titre est beaucoup trop ciblé pour que les personnes qui veulent découvrir le genre soient intéressés, et le public visé doit faire fi de l'absence de la langue de Molière afin d'en profiter comme il se doit. Les contraintes pour apprécier le voyage sont trop nombreuses, en faisant au final un jeu moyen dans son ensemble.
Infinite Space n'est pas un mauvais RPG en soi mais sa trop grande complexité le rend difficilement recommandable, surtout si l'on veut découvrir ce genre de jeu. L'absence de traduction n'arrange pas les choses et en fait encore plus un jeu de niche que ce qu'il n'est déjà. Il faut donc se contenter de la langue de Shakespeare pour embarquer dans une aventure qui manque parfois de rythme, la faute aux combats de vaisseaux qui n'ont pas le gabarit nécessaire pour réveiller les foules. Le titre de PlatinumGames est donc uniquement conseillé aux adeptes des RPG au tour par tour à l'ambiance space opera, les autres joueurs pouvant se rabattre sans sourciller sur Disgaea.