Heal the Bro', Jak, and never come back before...

Si pour de nombreux joueurs, la quintessence du jeu de plateforme 3D serait un jeu à piocher dans la célèbre franchise de la firme kyotoite, le genre trouve pour moi sa référence, son apothéose, dans ce Jak & Daxter (son pendant 2D étant Super Mario Bros. 3). Tristesse absolue, c'est aussi le dernier jeu de Naughty Dog axé sur la plateforme, ses deux suites prenant le chemin de l'action jusqu'à ce que finalement, ils se tournent définitivement vers le TPS avec Uncharted et TLOU…

À ce propos, j'ai souvent entendu certains joueurs dire que "ça serait bien que Naughty Dog refasse un nouveau Jak ou un nouveau Crash". Euh…alors oui mais en fait non : le studio n'a juste plus rien à voir avec ce qu'il était au début des années 2000, la paire de fondateurs n'est plus là, et quand on voit les quelques passages de "plateforme" de leurs jeux récents, je ne pense pas vraiment qu'ils arriveraient à faire ne serait-ce qu'un bon jeu… À la rigueur, on peut imaginer les rennes confiées à un spécialiste de la manœuvre, tel Sanzaru Games… Mais définitivement plus Naughty Dog. Mieux vaut qu'ils se concentrent sur ce qu'ils "savent" faire…

Mais trêve de digression, revenons à ce Jak & Daxter. Fort de son expérience acquise avec la trilogie Crash Bandicoot, Naughty Dog nous livre clefs en main un nouveau héros, certes pas spécialement charismatique (mais bon, je rappelle qu'on dirige un plombier bedonnant chez Nintendo) mais diablement efficace. Prénommé Jak, flanqué d'un sidekick rigolo (Daxter) encore moins utile que ceux de Sonic ou de Banjo, en plus d'être la source du problème (sa transformation en beloutre par de l'éco noire, ce qui amène le duo à parcourir le monde pour en annuler les effets), c'est un véritable couteau-suisse ambulant…

Cette fois-ci, pas de pouvoirs à acquérir au fur et à mesure, la panoplie de mouvements est là dès le début, et est simplement gargantuesque : saut, double-saut, attaque toupie empruntée à Crash, roulade, super-roulade, attaque piquée, crochet des familles pouvant se terminer par un shôryuken… Les solutions sont multiples pour vaincre les différents opposants, et rares sont ceux à abattre d'une façon bien spécifique. Comme si ça ne suffisait pas, le jeu propose quelques énigmes simples et des phases en véhicule pour se diversifier, tandis que la magie vient également mettre son grain de sel, baptisée "éco" et divisée en couleurs : l'éco verte régénère, l'éco bleue augmente temporairement la vitesse, l'éco rouge la force, tandis que l'éco jaune permet de lancer ponctuellement des boules de feu.

Si je devais émettre un mini-regret, ce serait que les différentes sources d'éco ne peuvent se cumuler, ce qui aurait pu donner des puzzles encore plus inventifs, jouant encore plus sur la dextérité et le chrono. Ça aurait aussi sans doute augmenté une difficulté générale un peu light, même quand on cherche à finir le jeu à 100 %, mais néanmoins bien au dessus du jeu nintendien de 96 tant adulé…

Naughty Dog oblige, Jak & Daxter est également une perle niveau technique. L'odyssée se veut éclectique : on traversera tour à tour une jungle, une plage, un cratère, des marécages, des cimes enneigées, et même une cité sous-marine, entrecoupés de quelques villages. Rien de spécialement original me direz-vous, mais ça devient dur d'innover, et puis au moins le tout est cohérent, s'enchaîne naturellement, et sans AUCUN temps de chargement. Comme d'hab', la perfection n'existant pas, s'il fallait nuancer sur quelque chose, je retiendrais deux éléments : le premier, c'est que la plupart des ennemis ont un champ d'action bien défini un poil trop restreint, abandonnant donc une altercation sitôt sa limite atteinte… La seconde, ce sont les rares saccades survenant quand l'ennemi s'agglutine en masse sur ce pauvre Jak, ce qui arrivera une ou deux fois vers la fin du jeu… Mais on pardonne volontiers devant la richesse et l'immensité de l'aire de jeu…

Côté son, ça n'est peut-être qu'une impression, mais il semble évident que le(s) compositeur(s) de ce Jak & Daxter soi(en)t le(s) même(s) qui ont officié sur la trilogie Crash (plus la référence du karting), tant le style est très similaire. Les environnements sont vivants et crédibles, et le tout est renforcé par une VF de très grande qualité, un cran au dessus à mon sens que celle de la saga du marsupial orange en baskets. Et ça fait du bien, une bonne VF, avec des dialogues fort bien écrits, quand on se souvient de ce qu'on a dû subir par le passé (MGS, si tu nous écoutes).

En bref, rien à ajouter si ce n'est qu'il est un peu dommage que la série se soit si vite tournée vers une dominante action dès le deuxième opus. Je ne critique pas Jak 2 et Jak 3, au contraire, ce sont de bons jeux dans leur style (même si question courbe de difficulté on repassera) et l'univers est super intéressant quand on s'y implique totalement…mais la magie, l'onirisme de ce premier jeu n'y est plus, et pour un peu ça me rendrait presque triste tant les jeux de plateforme tendent à se raréfier de nos jours, surtout si on n'aime pas la plomberie… Jouez-y, vous ne le regretterez pas.